Auteur > Haruki Murakami
Editeur > France Loisirs
Genre > conte philosophique
Date de parution > 2003 au Japon, 2006 en France
Titre original > Umibe no Kafuka
Nombre de pages > 835
Traduction > du japonais par Corinne Atlan
(source :Evene)
Né à Kyoto en 1949, Haruki Murakami étudie la tragédie grecque à Tokyo. Puis il dirige un club de jazz, avant d'enseigner à Princeton durant quatre années. Son premier livre - non traduit - Ecoute le chant du vent, en 1979, lui vaut le prix Gunzo. Expatrié en Grèce, en Italie puis aux Etats-Unis, il rédige Chroniques de l'oiseau à ressort en 2001 et Au sud de la frontière, à l'ouest du soleil en 2002. Suite au séisme de Kobe et à l'attentat de Tokyo en 1995, il décide de revenir s'installer au Japon. Il y écrit un recueil de nouvelles Après le tremblement de terre, puis Les Amants du Spoutnik en 2003. Son roman initiatique Kafka sur le rivage, sorti en 2006, l'inscrit définitivement parmi les grands de la littérature internationale. L’oeuvre d’Haruki Murakami oscille entre la pensée bouddhiste qui voit des répercussions à nos actions sur une échelle plus large et la chronique sociale dans un cadre fantastique.
Kafka Tamura, quinze ans, fuit sa maison de Tokyo pour échapper à la terrible prophétie que son père a prononcée contre lui. Nakata, vieil homme simple d'esprit, décide lui aussi de prendre la route, obéissant à un appel impérieux, attiré par une force qui le dépasse. Lancés dans une vaste odyssée, nos deux héros vont croiser en chemin des hommes et des chats, une mère maquerelle fantomatique et une prostituée férue de Hegel, des soldats perdus et un inquiétant colonel, des poissons tombant du ciel, et bien d'autres choses encore... avant de voir leur destin converger inexorablement, et de découvrir leur propre vérité.
"- Et pour l'argent, ça s'est arrangé ? demande le garçon nommé Corbeau."
Si je devais résumer mon avis en quelques mots, je dirais que la lecture de ce livre a été une expérience exaltante, déroutante et bouleversante... Et pourtant, rien ne m'avait encouragée à le lire. J'avais acquis ce livre par défaut, juste parce que la date limite d'achat à France Loisirs était arrivé à échéance et que je partais le lendemain sur les routes des vacances ! L'illustration de la couverture avait attiré mon regard, et hop, pressée de retourner à mes valises, j'étais passée à la caisse. Quand je pense que j'ai failli passer à côté de ce petit bijou de drôlerie, de fantaisie et de poésie ! Le livre mélange conte philosophique et récit initiatique avec des personnages follement attachants (et parfois surprenants!). J'ai été littéralement envoûtée par cette fable des temps modernes, tant et si bien qu'en refermant ce livre, les personnages ont continué à m'habiter durant de nombreux mois... Ce livre recèle un univers d'une richesse tellement incroyable que l'on ne peut s'empêcher de ressentir un sentiment de vide et de manque longtemps après avoir tourné la dernière page...
Appréciation :
Chapitre 6
" - Bonjour, dit le vieil homme.
Le chat leva à peine la tête et lui rendit son salut à voix basse, d’un ton las. C’était un vieux gros matou noir.
- Belle journée non ?
- Hmmm, dit le chat.
- Pas un nuage !
- Pour l’instant…
- Le beau temps ne va pas durer ?
- Ca va se gâter dans la soirée, à mon avis, répondit le chat noir en étirant lentement une patte et en plissant les yeux en direction du vieil homme.
Il regardait le chat en souriant.
Ce dernier hésita un instant, sans raison apparente, puis se résigna à prendre la parole.
- Hum, alors comme ça… vous savez parler, vous ?
- Oui, dit le vieil homme, un peu honteux.
Puis, pour montrer son respect, il ôta son bonnet de montagne en coton tout élimé.
- Je ne parle pas à tous les chats que je croise, reprit-il, seulement quand les circonstances s’y prêtent, comme maintenant.
- Hum, fit l’animal, résumant ainsi succinctement ses impressions.
- Ca ne vous dérange pas si je m’assieds un moment ? Nakata est un peu fatigué de marcher.
Le matou noir se redressa lentement, ses longues moustaches frémissantes, et bâilla à s’en décrocher la mâchoire.
- Ca ne me dérange pas . Ou plutôt, ça ne me regarde pas. Vous pouvez bien vous asseoir où ça vous chante. Personne ne vous dira rien. (…) Alors comme ça, vous vous appelez Nakata ?
- Tout à fait, tout à fait. Et vous-même ?
- J’ai oublié mon nom. Ce n’est pas que je n’en aie jamais eu, mais à un moment donné il a perdu son utilité, et du coup je l’ai oublié.
- C’est vrai. On oublie vite ce dont on n’a pas besoin. C’est pareil pour Nakata, dit l’homme en se grattant la tête. Vous n’avez donc pas de maître ?
- J’en ai eu un il y a longtemps, mais plus maintenant. Quelques familles du voisinage me donnent à manger, mais je n’appartiens à aucune en particulier.
Nakata hocha la tête, garda le silence un moment puis demanda :
- Est-ce que je peux vous appeler Otsuka, alors ?
- Otsuka ? fit le chat en regardant l’homme d’un air surpris. C’est quoi, cette histoire ?… Pourquoi Otsuka ?
- Oh, ça n’a pas de sens particulier. C’est juste un nom qui vient de me venir à l’esprit. (…)
- Hmm. Je ne comprends pas très bien. Les chats n’ont pas besoin de ça. Nous, on se contente de l’odeur, de la forme, de ce qui est là, quoi. Avec ça, il n’y a pas de problème.
- Oui, je comprends bien, mais pour les humains, ce n’est pas pareil. Il nous faut des dates, des noms, pour nous rappeler un tas de choses.
Le chat souffla l’air par le nez.
- C’est pas pratique."
Ce roman rentre dans le cadre du Challenge Mythologies du Monde organisé par Myrtille.
Challenge organisé par Helran - 1ère comptant pour le Japon...