Auteur > Pierre Pevel
Editeur > Bragelonne
Genre > Fantasy
Date de parution > 2013
Format > ePub
Poids du fichier > 849 Ko (510 pages)
Pierre Pevel, né en 1968, est l’un des fleurons de la Fantasy française. Il a obtenu le Grand Prix de l’Imaginaire en 2002, le prix Imaginales 2005 et le David Gemmell Morningstar Award en 2010, pour le tome 1 de la trilogie Les Lames du Cardinal, traduite dans une dizaine de langues, y compris en Grande-Bretagne et aux États-Unis.
Le Haut-Royaume connaît son heure la plus sombre. Le roi est affaibli et la rébellion gronde aux frontières du territoire. En dernier recours, le souverain libère Lorn, qui croupit depuis trois ans dans les geôles infernales de Dalroth. L’ancien prisonnier est nommé chevalier du Trône d’Onyx, chargé de protéger l’autorité royale. Héros valeureux et juste, Lorn est une figure d’espoir pour le peuple, décidé à le suivre jusqu’au bout. Mais Lorn est résolu à mener à bien une tout autre mission, plus personnelle et au goût de sang : retrouver ceux qui l’ont maintenu en captivité… et leur faire payer le prix de la trahison.
"Une lune cendre s’était levée sur la capitale des duchés de Sarme et Vallence."
Cela fait de longs mois que j'entends parler de Pierre Pevel, auteur français de fantasy, mais jusqu'ici je n'avais encore rien lu de lui malgré les avis élogieux trouvés sur la blogosphère. Et c'est une lecture commune organisée par ma partenaire de Destockage de PAL en duo, Cassie, qui m'a poussée à franchir le pas. Je la remercie d'ailleurs d'avoir choisi ce livre car ce fut une délicieuse découverte et je l'ai dévoré avec beaucoup de gourmandise.
Le prologue nous présente Lorn Askariàn, chevalier appartenant à la Garde royale et promis à un prestigieux avenir. Malgré ses origines de petite noblesse, il est fiancé à Alissia de Laurens, la soeur d'Elenzio dont le père n'est rien moins que le parrain d'Alderán, le deuxième fils du Haut-Roi. Il a grandi en compagnie d'Elenzio (Enzio) et Alderán (Alan) qui sont devenus de véritables amis. D'ailleurs, le prologue sert à montrer les liens profonds qui les unissent quand Lorn sauve d'une mort dégradante le prince.
” Dalroth, en l’extirpant de ses profondeurs imprégnées par l’Obscure, avait accouché de lui.
(page 478)
Trois ans plus tard, la situation du jeune chevalier est devenue désespérée. Accusé à tort de trahison, il a été enfermé, après un procès à huit-clos, dans l'inexpugnable forteresse de Dalroth qu'un mal étrange ronge sous la forme de l'Obscure, en brisant la volonté des prisonniers et en altérant leur santé mentale.
Gracié tout aussi mystérieusement qu'il a été condamné (en tout cas, à ce stade du récit), Lorn est arraché à sa prison par le prince Alan puis conduit à la Citadelle, forteresse reculée où se terre le Haut-Roi. Celui-ci, affaibli par la maladie, lui confie la mission de reformer la Garde d'Onyx, créée et dissolue par Erklant Ier, le premier roi de la dynastie, et lui confère le titre prestigieux de Premier Chevalier du Royaume, qui est le représentant direct du Roi, et a préséance sur tous, y compris la reine et ses conseillers...
Or, Lorn, que son séjour à Dalroth a profondément métamorphosé, aussi bien physiquement que moralement, est victime de crises violentes provoquées par l'Obscure, ainsi que d'une traque incessante dont on ne sait si elle vise à l'éliminer, à le neutraliser ou à le convertir à la cause du commanditaire...
” Un homme n’est jamais que la somme de ses peurs et de son courage, chevalier.
(page 204)
Au début, l'intrigue semble assez simple : un homme, injustement accusé, est réhabilité après 3 années de détention éprouvante et désire faire la lumière sur ce qui s'est réellement passé pour se venger des coupables. Puis, au fur et à mesure que l'on avance dans notre lecture, certaines de nos certitudes vacillent. Et si l'auteur nous manipulait ?
Car nous avons affaire à un véritable imbroglio politique où plusieurs factions, dont il est difficile de démêler les véritables motivations, oeuvrent dans l'ombre pour s'accaparer le pouvoir ou restituer sa grandeur au Haut-Royaume :
♦ la reine Célyane et son premier ministre Estévéris
♦ le duc de Feln
♦ l'Assemblée des Ir’kans, gardiens de la volonté du Destin
♦ Serk’Arn, le Dragon de la Destruction, dieu asservi par un sortilège, désirant conclure un pacte avec l'un des protagonistes
♦ les opposants à la cession d'Angborn
Car tout tourne autour des négociations devant céder cette région, durement conquise par l'actuel Roi pour protéger les frontières du Haut-Royaume, à l'Yrgaärd, l'ennemi héréditaire qui voue un culte au Grand Dragon Noir.
Ce sont ces négociations, antérieures de quelques années aux événements présents, qui ont précipité la chute de Lorn.
Dans la quatrième partie, les révélations et les coups de théâtre s'enchaînent jusqu'au cliffhanger final, laissant comprendre au lecteur combien les apparences peuvent se révéler trompeuses...
” Après la cupidité, il n’est de laisse plus courte et plus solide que la vanité.
(page 252)
L'auteur a construit un univers riche et complexe aussi bien au niveau du bestiaire (nous rencontrons des vyvernes, montures ailées dont a besoin un des comploteurs de l'histoire pour s'opposer aux Dragons noirs et fomenter sa révolte, les dracs blancs, êtres reptiliens servant d'émissaires aux Ir'kans, les enfants du Dragon noir dont la description est fascinante) que de la religion, qui conserve une bonne part de mystères.
Concernant les personnages, ceux-ci abondent, si bien que parfois l'on se perd un peu parmi tous ces noms, mais certains sortent du lot et se révèlent attachants ou intrigants : Reik Vahrd , le loyal forgeron et sa fille Naé, une rebelle idéaliste, Cael Dorsiàn, un opposant à la cession d'Angborn et un rival de Lorn, le Prince Yrdel, fils aîné du roi né d'un premier lit et premier dans l'ordre de succession, mais effacé et menacé par des manigances de cour, Eylinn de Feln, l'énigmatique amie intime d'Alyssia, Daril, le jeune écuyer futé et maladroit, et bien sûr le Prince Alan, jeune homme fragile et vulnérable.
Personnellement, j'ai beaucoup aimé Lorn Askariàn, la manière dont sont décrites l'altération de son caractère et les séquelles laissées par l'Obscure. Profondément métamorphosé, il est devenu un être cynique, froid, impitoyable et manipulateur, dont on ne sait trop quels intérêts il sert ni quel but il poursuit. C'est cet aspect ambivalent et énigmatique qui le rend aussi intéressant, d'autant que ses véritables origines sont entourées de secrets et que certains aveux sur lui le rendent inquiétant.
Pour conclure une intrigue haletante, où l'auteur fait savamment monter la tension en ne nous livrant que parcimonieusement certaines clés de l'intrigue. Trahisons, complots, faux-semblants s'entremêlent, faisant se perdre le lecteur en conjectures au gré des révélations toujours plus surprenantes. D'autant que la manière dont Lorn vainc le prince-dragon ne laisse rien présager de bon pour la suite...
Seul bémol : l'absence d'une carte pour visualiser les différents royaumes !
Appréciation :
Mes autres avis sur la saga : tome 1 ♦ tome 2 ♦
” La reine sentit un émoi trouble l’envahir lorsque Laedras, après l’avoir saluée, se redressa et posa sur elle le regard hypnotique de ses yeux reptiliens. Un homme se détacha du groupe des prêtres et s’avança, le bas de sa robe frôlant l’épais tapis dans un silence seulement troublé par la respiration sifflante des lézards de guerre. Il attendit, puis traduisit en imélorien commun le discours que le prince-dragon fit en haut-yrgaärdien, une langue qui ne se parlait plus que dans le palais de l’Hydre Noire. Mélodieuse et scandée, elle dérivait du draconique et semblait être dédiée aux incantations.
Lorn n’écouta pas le prince-dragon, pas plus qu’il n’écouta la réponse de la reine. Leurs déclarations auraient tout aussi bien pu ne pas être traduites. Quiconque avait assisté à la réception d’un ambassadeur extraordinaire les avait déjà entendues. De plus, le texte de chaque discours avait été rédigé – et accepté – par avance. Pas une virgule n’était improvisée. Chacun tenait son rôle. Chacun jouait selon un livret finement réglé et longuement négocié.
Lorn regardait Laedras sans l’entendre, plus curieux que fasciné. Lui aussi rencontrait un prince-dragon pour la première fois, et il se demandait quelle était la part de vérité dans l’apparence humaine que celui-ci avait revêtue. Était-ce sa forme ordinaire, celle qui lui était la plus naturelle ? Ou préférait-il la forme draconique, à savoir celle qu’il arborait lorsqu’il convoquait la puissance de l’Hydre Noire ? Cette puissance émanait de lui comme une aura glaçante. Que devenait-elle, lorsqu’il la libérait ? Selon les Chroniques, des hommes pourtant courageux n’y avaient pas survécu, emportés par l’effroi.
(page 436)
Lecture commune organisée par Cassie.
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