mercredi 30 avril 2014

Punk's Not Dead d'Anthelme Hauchecorne

Punk's Not Dead d'Anthelme Hauchecorne

Fiche détaillée

 Auteur > Anthelme Hauchecorne
Editeur > Midgard
Genre > nouvelles fantastiques
Illustrations > Loïc Canavaggia
Date de parution > octobre 2013
Format > ePub
Poids du fichier > 11,2 Mo (267 pages)

auteur
(sources : site de l'auteur)

Anthelme Hauchecorne
Anthelme HAUCHECORNE
naît en 1980 dans une famille de la classe moyenne.
Ses études mêlent droit, économie et sociologie. En 2007, l’auteur obtient le concours d’enseignant en économie-gestion. Jeune titulaire, son affectation le contraint à quitter sa Lorraine natale pour rallier le Nord-Pas-de-Calais. 
Ses romans touchent au fantastique et aux questions de société. L’auteur affectionne les univers régionalistes et documentés, multipliant les clins d’œil aux lieux et aux légendes locales. Son premier roman, La Tour des Illusions, prend place en Moselle. Le suivant, Âmes de verre, puise ses racines dans sa région d’adoption, le Nord-Pas-de-Calais. L’intrigue prend pied dans la métropole lilloise, entrecroisant déclin industriel, critique de l’inhumanité urbaine et résurgence de la cosmogonie celte.
Ses droits d’auteur sont reversés : 
Pour La Tour des Illusions, au Secours Populaire 
Pour Baroque ’n’ Roll, au Parti Pirate, afin de défendre l’Internet libre 
Pour Âmes de Verre, aux recherches du Professeur DOLLFUS destinées à lutter contre le syndrome Bardet-Biedl, dont la mère de l’auteur est atteinte.

     photo©Julie Deltorre
    - site de l'auteur -

quatrieme de couverture

 À quoi l’Apocalypse ressemblerait-elle, contée par un punk zombi ? Qu’adviendrait-il si le QI des Français se trouvait d’un coup démultiplié ? Un grand sursaut ? Une nouvelle Révolution, l’an 1789 version 2.0 ?
Est-il bien sage pour un succube de s’amouracher d’un simple mortel ?
Les gentlemen du futur pourront-ils régler leurs querelles au disrupteur à vapeur, sans manquer aux règles de l’étiquette ?
Et si La Mort s’accordait un repos mérité ?
Treize nouvelles. Autant de sujets graves, traités entre ces pages avec sérieux.
Ne laissez pas vos neurones s’étioler, offrez une cure de jouvence à vos zygomatiques. Cessez de résister, accordez-vous une douce violence…
De toute évidence, ce recueil a été écrit pour vous.

première phrase

"Les flammes lèchent l’âtre de la cheminée, dansant pour conjurer le froid de cette nuit de décembre."

avis personnel

 Quelle ne fut pas ma surprise lorsque je reçus en septembre dernier dans ma boîte mail la proposition d'Anthelme Hauchecorne de recevoir son futur livre dont la sortie était prévue pour octobre !
Normalement, je refuse toujours d'office ce genre de proposition. Par principe. Parce que je veux garder une certaine "indépendance" et choisir moi-même mes lectures ! Mais là, je dois avouer que le nom intrigant de l'auteur (que je ne connaissais pas du tout jusqu'alors) ainsi que le titre très connoté musicalement ont attisé ma curiosité...
Et comme l'auteur avait laissé un lien vers son site, je n'ai pas pu m'empêcher de m'y rendre pour découvrir son univers... et je dois avouer que celui-ci m'a tout de suite attiré !

C'est donc ainsi que je me suis assise sur un de mes principes que je pensais inviolables...

Sauf que là, vous vous dites : ouh là là, septembre, et c'est seulement maintenant qu'elle écrit sa chronique, finalement, elle aurait peut-être mieux fait de rester fidèle à son sacro-saint principe, car si tant de temps s'est écoulé, c'est que l'expérience a été éprouvante ?  Eh bien, pas du tout...
Mais je dois avouer que, s'il m'est déjà arrivé de lire une nouvelle par-ci, par-là, je ne m'étais jamais essayée à un recueil  entier de nouvelles... [D'ailleurs, cela me fait penser que j'ai commencé l'intégrale de Conan le Cimmérien depuis 2 ans et que je n'en suis qu'à la moitié (alors que j'adore Conan le barbare !)]
Vous voyez où je veux en venir ?
Les recueils de nouvelles ne me sont absolument pas habituels... si bien que j'avais tendance à mettre le livre de côté dès qu'une nouvelle était terminée, pour me consacrer à d'autres livres ; je revenais au recueil dès que j'avais un peu de temps pour y picorer une nouvelle de-ci de-là...

Punk's Not Dead d'Anthelme Hauchecorne
Image © Loïc Canavaggia

 Or donc, à travers ces treize nouvelles (oui, le recueil est paru durant la période d'Halloween), Anthelme Hauchecorne nous brosse le portrait au vitriol d'un monde malade qui nous renvoie au nôtre :
♠ exploitation des enfants et des démunis  ♠
♠ refus de vieillir ou de mourir ♠
♠ effets pervers des progrès technologiques qui sous couvert de libérer les hommes les condamnent à la solitude et à l'extinction ♠
♠ danger du populisme et de la démagogie en politique ♠
♠ ambition dévorante conduisant à la trahison et à la lâcheté ♠
...

Bref, je n'ai pas tout listé mais comme vous le constatez, de nombreux thèmes enrichissent ce recueil.
Or, ce qui est appréciable, c'est que ces nouvelles sont très différentes les unes des autres, de par le ton d'abord, de par leur univers ensuite (le lecteur est transporté tour à tour dans un monde steampunk, post-apocalyptique, futuriste, dystopique...), et même si certaines thématiques chères à l'auteur reviennent régulièrement, leur traitement est assez varié pour que cela ne soit ni répétitif ni rébarbatif...
De plus, un point commun lie ces nouvelles entre elles : l'humour de l'auteur. Un humour qui se fait déjanté ou absurde ; grinçant ou trash ; noir ou décalé ; bref, un humour totalement décapant !
J'ai d'ailleurs littéralement hurlé de rire à la lecture d'une de ces histoires (La Guerre des Gaules), si bien que mon chéri me demandait avec une certaine inquiétude ce qui m'arrivait... et pourtant la perspective de l'événement abordé dans cette nouvelle donnait chair à mon pire cauchemar, mais comment résister à l'humour vachard de l'auteur ?...

Punk's Not Dead d'Anthelme Hauchecorne
Image © Loïc Canavaggia

Evidemment, toutes les nouvelles ne m'ont pas touchée de la même manière, certaines n'ont éveillé qu'un intérêt poli de ma part, mais dans l'ensemble, j'ai été enchantée par ma lecture, et 2-3 histoires ont été un véritable coup de coeur. La plume d'Hauchecorne n'est pas étrangère à cet enchantement car elle est élégante et recherchée, voire poétique par moment.

Et que dire des illustrations ouvrant chaque nouvelle ? elles sont un enchantement pour les yeux et s'accordent parfaitement à l'atmosphère de chaque histoire. D'ailleurs, si je pouvais conseiller les futurs lecteurs, mieux vaut lire ce recueil sous le format papier plutôt que numérique pour mieux profiter des détails de chaque dessin.

Pour finir, j'ai adoré découvrir la genèse de chacune de ces nouvelles, expliquant le contexte de l'écriture ainsi que les références  ou clins d'oeil de l'auteur. Ce qui nous épargne un sentiment de frustration quand on a l'impression de passer à côté d'une histoire. Par exemple, je suis restée assez insensible à Sale Petite Peste, puis grâce au background, j'ai appris que cette nouvelle était bourrée de références à l'univers de Terry Pratchett, dont je n'ai lu aucun livre ; sans cette note de l'auteur, je n'aurais pas compris pourquoi je n'avais pas su savourer l'hommage qu'il rend à l'un des maîtres de la fantasy...

Pour conclure, j'ai été ravie de découvrir l'univers d'Anthelme Hauchecorne, dont j'ai adoré l'humour et l'univers riche et complexe, servi par une une très belle plume. J'ai d'ailleurs acheté le livre papier à mon frangin pour Noël (comme ça je pourrais le lui piquer pour une relecture et comparer avec mon eBook ! ^^) !

Je remercie encore l'auteur pour cette belle découverte !

Morceau préféré : La Guerre des Gaules
J'adore : Sarabande mécanique, No Future
J'aime beaucoup : La Ballade d'Abrahel

Appréciation :

note : 4 sur 5

extrait

 [Brenn] Ouais, j’ai voté pour Nouvelle France. Et même que je le referais, mais pas pour les mêmes raisons. Qu’est-ce qui m’a poussé à les soutenir ? J’voulais du changement. Ah pour ça, j’ai été servi. Par Teutatès, j’reconnais plus mon propre pays !           
[Cindy Serdan] Mon analyse rétrospective sur l’arrivée de Nouvelle France au pouvoir ? Voyons… « Pays de cons » serait une bonne formulation : simple, concise, suffisamment évocatrice. Non, je n’avais pas voté à ces élections. À cette époque, je passais mes dimanches à me vernir les ongles.            
[Brenn] Globalement, le NF a tenu parole. On peut leur faire des reproches. Ouais, c’étaient des cons, mais des cons sincères. Ils croyaient bien faire. C’est ce qui les rendait d’autant plus dangereux. Ils l’ont appliqué, leur foutu programme : fermeture des frontières, arrêt de l’immigration, expulsions, fin du salaire minimum, coupure des allocs… C’est là qu’on s’est rendu compte, mes potes et moi, que dans le programme du NF, y’avait comme qui dirait des subtilités qui nous avaient échappé. Bah, la suite, vous la connaissez…            
[Cindy Serdan] « Les cons osent tout. C’est même à cela qu’on les reconnaît. » Non, ce n’est pas de moi, c’est de Michel Audiard, un réalisateur du siècle dernier. Je serais bien en peine de vous fournir un meilleur résumé du programme du NF . (page 136-137)

divers

D'autres avis : BO-o-M ♦ XL

E-challenge : passons au numérique organisé par Hedyuigirl

Ma 9è participation au challenge d'Hedyuigirl (9/19-31)

 

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mercredi 23 avril 2014

Deadline de Bollée & Rossi

Deadline de Bollée & Rossi

 

La BD fait son festival 2014

 

Fiche détaillée

Scenario > Laurent-frédéric Bollée
Dessin > Christian Rossi
Couleur > Christian Rossi
Editeur > Glénat
Genre > BD historique, thriller
Date de parution > 2013
Nombre de planches > 80

auteur
(Sources : Bedethèque)

Bollée

Né à Orléans en 1967, Laurent-Frédéric Bollée, après des études de gestion et de journalisme,  mène deux carrières parallèles : journaliste spécialiste de la formule 1 et scénariste de bande dessinée avec 23 albums à son actif et trois sagas en cours l’Idole et le Fléau, ApocalypseMania et l’Ultime Chimère. Il s’intéresse aussi au cinéma, à la musique et au sport en général. Sa 1ère BD paraît en 1990 : les 13 transgressions avec Godard et Al Coutelis dans la collection le Vagabond des Limbes présente. Son 1er scénario publié en solo en 1994 est le tome 1 paru chez Dargaud de Spartakus que le dessinateur Valdman n’a hélas pas pu poursuivre. Les années 2000 voient une accélération qui pourrait bien n’être qu’un début avec la série A.D. Grand-Rivière, un polar avec un commissaire noir, dessiné par Al Coutelis chez Casterman et ApocalypseMania, une aventure passionnante à travers les époques avec Philipe Aymond chez Dargaud qui vient de publier l’avant-dernier épisode – le dernier étant annoncé pour 2010. Il sort également plusieurs albums chez Emmanuel Proust : Hauteclaire avec Benoît Lacou, London Inferno et Mongo Le Magnifique avec Roger Mason et Chinguetti avec Guillaume Nicolle. Sa production démontre un goût pour l’éclectisme, de l’historique à la science-fiction en passant par le polar, avec toujours une recherche de sens.

 

Né en 1954, Christian Rossi suit les cours de l’École Estienne, à Paris, et obtient un BTS d’expression visuelle en 1976. Il effectue ses débuts dans la bande dessinée en 1979 après avoir tâté de la publicité comme "roughman " (dessinateur de croquis préparatoires). Il publie ses premières planches dans des magazines aussi variés que Pilote, Circus, Pif ou Gomme. Il mène en parallèle une activité de dessinateur de presse pour Le Nouvel Observateur, Okapi, Le Point, L’Echo des savanes ou Je bouquine, et illustre la rubrique " faits divers " du quotidien France Soir. Christian Rossi a travaillé avec de nombreux scénaristes de bande dessinée comme Serge Le Tendre (Les Errances de Julius Antoine, Tiresias, La Gloire d’Hera), Pierre Makyo (Jordan), Denis Lapière, Philippe Bonifay, Enrique Abuli ou… Jean Giraud (Jim Cutlass). Tout en travaillant sur des séries qui lui tiennent à cœur, il supervise le story-board de l’adaptation en bandes dessinées d’ouvrages, comme La Compagnie des glaces, fresque d’anticipation écrite par G.-J. Arnaud.

Rossi

 

quatrieme de couverture

Août 1864.
La guerre de Sécession.
Un soldat, des prisonniers.
Entre eux, une ligne.
Une simple ligne.
Une ligne de mort...

... qui change une vie.

avis personnel

Lors de l'opération lancée par Priceminister La BD fait son festival, j'avais tout de suite remarqué dans la sélection Deadline dont le résumé proposé par l'éditeur (et qui diffère de la quatrième de couverture plus succincte) m'avait fortement intriguée : "Camp d'Anderson, Georgie, août 1864. Dans cette gigantesque prison à ciel ouvert, alors que la guerre de Sécession fait rage, le monde se divise en deux catégories : les geôliers sudistes et les captifs nordistes. Entre les deux, la deadline. Le prisonnier qui franchit cette ligne gagne un aller simple pour l'enfer. Parmi eux, un soldat noir au calme insolent, le regard fier, intrigue le jeune confédéré Louis Paugham, affecté à la surveillance du camp..."

C'est donc avec beaucoup d'enthousiasme que je m'étais inscrite pour recevoir ce one-shot.

Si la 1ère partie de la BD fut absolument captivante, je dois avouer que j'ai été un peu déçue par la suite.

En effet, le début, très prometteur, ouvre sur l'assassinat d'un vieillard dont on apprend qu'il est l'un des fondateurs du Ku Klux Klan. Des motivations de son meurtrier, Louis Paugham, nous n'apprendrons rien avant plusieurs dizaines de pages, car son histoire nous est livrée de manière fragmentaire et désordonnée à travers plusieurs aller-retours dans le temps.

A l'âge de 17 ans, il est enrôlé de force dans l'armée sudiste où un événement dramatique, provoquant chez lui un fort sentiment de culpabilité, scelle son destin pour l'infléchir jusqu'à sa mort.

Si certains thèmes chers au western sont bien présents (comme la vengeance, la violence ou la guerre civile), d'autres sont absents (la conquête de l'ouest, les indiens...), voire totalement inédits (l'histoire d'amour homosexuelle interraciale). D'autres thèmes sont abordés comme le racisme, l'abolitionnisme... Comme on le constate, les thématiques abondent, mais ce foisonnement ne m'a jamais gênée même si je m'attendais à ce que l'intrigue s'attache davantage au camp de prisonniers! Et c'est peut-être là que le scenario pèche car si j'ai bien compris la fascination qu'exerce ce soldat noir, fier et farouche, sur l'esprit du jeune Paugham je n'ai à aucun moment cru au coup de foudre qui le frappe et qui conditionne le reste de sa vie. Cet épisode aurait mérité d'être davantage développé pour être crédible ! C'est dommage car je n'ai que cette réserve à émettre vis-à-vis de l'histoire, qui m'a captivée pour l'essentiel, mais malheureusement, cette réserve n'a ensuite plus quitté mon esprit tout le temps de ma lecture pour finalement me laisser sur une impression mitigée...

Concernant le personnage principal de l'histoire, Louis Paugham est l'incarnation parfaite du anti-héros, déclassé, inadapté aux codes qui régissent son monde... C'est un orphelin qui a vu des esclaves noirs en fuite massacrer ses parents, puis des sudistes racistes assassiner son père adoptif en raison de ses idées abolitionnistes, bref, Louis Paugham est un jeune homme en perte de repères qui a du mal à trouver sa véritable place dans ce monde voué à la violence. Ajoutez à cela qu'il est un peu fruste et effacé, et rien ne laissait présager son acte de rébellion... et pourtant, l'épisode révoltant dont il est le témoin le fait passer de la lâcheté au courage, de l'adolescence à l'âge adulte...

Côté illustrations, celles-ci sont d'une beauté à couper le souffle, magnifiées par des aquarelles dont la dominance jaune (et parfois sang) nous immerge totalement dans l'atmosphère oppressante de l'histoire.

Pour conclure, un western crépusculaire captivant qui par le jeu des flashbacks ne nous livre qu'au compte-goutte les éléments de l'intrigue... Dommage que le traitement de l'un des éléments-clé de l'histoire ne m'ait guère convaincue et ait un peu gâché le plaisir de la lecture car les illustrations étaient vraiment envoûtantes et immersives... 

Je remercie Priceminister pour cette belle découverte !

Appréciation :

note : 3 sur 5

Note : 15/20

extrait

Deadline de Bollée & Rossi    Deadline de Bollée & Rossi

divers

 Challenge "50 états 50 billets" organisé par Sofynet

Ma 6ème participation au challenge de Sofynet - nuitée en Géorgie

La pourpre et l'or - Murena T1 - de Dufaux et Delaby

Ma 27ème participation au challenge de Lynnae - évocationde John C. Lester, l'un des fondateurs du KKK

La BD fait son festival 2014

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jeudi 17 avril 2014

Orgueil et préjugés de Jane Austen

Orgueil et préjugés de Jane Austen

 

Fiche détaillée

  Auteur > Jane Austen
Editeur > Folio
Collection > Classique
Genre > roman, classique
Date de parution > 1813 pour l'édition originale , 2007 pour la présente édition
Préface > Pierre Goubert
Titre original > Pride and Prejudice
Nombre de pages > 467
Traduction > de l'anglais par Pierre Goubert (2007)

auteur
(sources : Evene)

 

Catherine Morland de Jane Austen Née en 1775 au sein d'une famille appartenant à la bourgeoisie provinciale, Jane Austen a utilisé la cruauté du verbe et de sa langue subtilement pendue pour décrire le mode de vie de ses contemporains à travers ce qui semble être des histoires d’amour so british. La jeune Jane grandit dans une famille de pasteurs, entourée de huit frères et soeurs. Bien que vivant modestement, George et Cassandra Austen initient leurs enfants à l'amour de la lecture et la connaissance des arts. Dès l'âge de 11 ans, Jane écrit. Son éducation ainsi que celle de sa soeur Cassandra, dont elle restera très proche jusqu'à sa mort, se fera principalement dans le domaine familial. Elle se met à l'écriture de parodies sentimentales avant de se consacrer aux romans Northanger AbbeyRaison et sentiment et Orgueil et préjugés entre 1795 et 1798. En 1801, la famille Austen s'installe à Bath et quatre ans plus tard, le père de Jane décède : l'auteur ne se mariera pas, tout comme sa soeur Cassandra, et consacrera sa vie à l'éducation de ses neveux et nièces. Raison et sentiment, Orgueil et préjugés et Mansfield Park sont publiés successivement en 1811, 1813 et 1814. Elle laisse derrière elle un roman inachevé, Sanditon, emportée par la phtisie à l'âge de 41 ans (1817). L'auteur ne connut pas le succès en son temps et ne fut redécouvert qu'à la fin du XIXe siècle. Aujourd'hui, son talent de peintre des moeurs et de la province anglaise font d'elle un des auteurs pré-victoriens les plus connus et des plus mordants.

quatrieme de couverture

Orgueil et préjugés (1813) est le roman le plus populaire de Jane Austen. L'histoire en est simple : Elizabeth Bennet, qui se croit dédaignée par Darcy, jeune homme riche et hautain, s'amourache d'un bel officier, Wickham. Au roman sentimental et de coup de foudre, Jane Austen substitue celui qui décrit l'évolution d'une psychologie plus complexe, où se mêlent la raison, le sentiment de gratitude, la méfiance à l'égard des " premières impressions ". L'abondance des menus événements, qui passionnent autant que de grandes aventures, fait l'un des charmes du roman britannique. Elle se combine avec la finesse d'une analyse entièrement intégrée à la description du comportement, et avec un humour discret, mais toujours présent.

première phrase

"Chacun se trouvera d'accord pour reconnaître qu'un célibataire en possession d'une belle fortune doit éprouver le besoin de prendre femme."

avis personnel

 Il y a quelques années, je ne connaissais rien de l'existence de Jane Austen ni de ses romans, jusqu'à ce que je voie à la télévision l'adaptation cinématographique de 2005 et que j'en entende souvent parler par LindsayDole, une copinaute, qui ne jurait que par l'adaptation de la BBC et par Colin Firth, l'acteur incarnant M. Darcy.
La curiosité aidant, j'avais donc acheté cette adaptation, puis, définitivement conquise, le livre ! A la 1ère lecture, j'avais adoré. A la 2è (entreprise suite aux LC lancées par BouQuiNeTTe autour de l'oeuvre de Jane Austen), j'aime toujours autant, même si je suis moins aveugle aux défauts de mes personnages préférés ! yes

Orgueil et préjugés de Jane Austen
Title page

Bref, pour ceux qui ne connaîtraient pas encore l'histoire, celle-ci, vue à travers les yeux d'Elizabeth Bennet, porte sur les tentatives frénétiques de sa mère de marier avantageusement ses cinq filles.
Aussi, quand Mme Bennet apprend l'emménagement à Netherfield dans leur voisinage de M. Bingley, homme riche et attrayant, s'imagine-t'elle pouvoir caser l'une de ses filles. En effet, le jeune homme semble tomber immédiatement amoureux de l'aînée, Jane, la plus jolie et la plus douce des soeurs Bennet, mais cet amour est contrarié par l'intervention de Darcy, son meilleur ami, qui le convainc que ses sentiments ne sont pas partagés.

Orgueil et préjugés de Jane Austen
He was full of joy and attention
~ Volume I, Chapter XI (11)

Dans le même temps, Elizabeth est demandée en mariage par le sentencieux et obséquieux M. Collins, le cousin qui doit hériter du domaine familial à la mort de M. Bennet, selon la pratique injuste, pour les femmes, de la substitution. Contre toute attente (enfin celle de la mère et du cousin ! sarcastic), elle refuse ce mariage sans amour, poussant M. Collins à se rabattre sur sa meilleur amie, Charlotte Lucas, qui semble dans de meilleurs dispositions...

Ces différentes contrariétés sont distraites par l'arrivée d'un régiment ; elle rencontre le charmant Wickham qui l'attire irrésistiblement, d'autant qu'il nourrit les mêmes sentiments qu'elle à l'égard de l'arrogant et déplaisant M. Darcy sur lequel il se livre à quelques confidences qui finissent par ruiner sa réputation déjà peu reluisante auprès d'Elizabeth...
Néanmoins, Lizzy, à sa grande honte, va se rendre compte, que malgré cette clairvoyance qu'elle s'enorgueillit de posséder, elle n'est pas à l'abri de fâcheux préjugés...

Orgueil et préjugés de Jane Austen
"I think him very disagreeable"
~ Volume I, Chapter XVI (16)

O&P retrace donc une année dans la vie d'une famille de la gentry campagnarde et celle de leurs voisins, entre bals, dîners, parties de cartes, promenades et revues militaires, mais derrière ces mille et un détails d'occupations frivoles, les thèmes abordés par l'auteure sont plus profonds, et ont trait, comme dans ses autres romans, aux difficultés pour les femmes de trouver leur propre place dans cette société rigide où les hommes leur ont assigné un rôle ingrat.
Il n'y a pas de vie pour une femme en dehors du mariage, et les tentatives désespérées des parents - voire des filles elles-mêmes - que ce soit du côté des Bennet comme celui des Lucas, pour marier leurs filles peuvent nous sembler drôles (d'ailleurs, elles sont traitées comiquement dans le roman avec le personnage de Mme Bennet), mais se révèlent en réalité douloureuses et un peu pathétiques. En effet, les jeunes filles sont poussées par leur famille (ou par la pression de la société) dans des mariages malheureux afin d'échapper à la pauvreté.
Ainsi, Charlotte Lucas se résigne-t-elle à épouser le ridicule et sot M. Collins afin de ne plus être un poids pour ses parents et ses frères :

 Sans se faire une haute idée des hommes et de la vie conjugale, elle s'était toujours fixé pour but le mariage. C'était la seule ressource honorable laissée aux jeunes femmes de bonne éducation et de maigre fortune et, malgré l'incertitude du bonheur qu'il offrait, nul autre moyen plus attrayant n'existait pour elles de se préserver du besoin. Cette garantie, elle la possédait maintenant et, à l'âge de vingt-sept ans, n'ayant jamais été belle, elle se rendait parfaitement compte de sa chance. (page 163)

Or, Elizabeth adopte une position contraire aux attentes de sa mère puisqu'à deux reprises, elle refuse un parti avantageux malgré sa situation financière précaire pour seul motif qu'elle n'est pas amoureuse ! Mais ne nous y trompons pas, l'amour auquel prétend Elizabeth n'est pas un amour passionnel, non, c'est un amour raisonnable qui grandit en même temps que l'estime et la découverte progressive des qualités de l'être aimé. Elizabeth est sûrement vaccinée contre les coups de foudre par l'exemple qu'elle a sous les yeux du couple peu assorti formé par ses parents. M. Bennet fait d'ailleurs allusion aux  désillusions et aux conséquences qui ont suivi son mariage rapide et imprudent avec la mère de ses filles, lorsqu'il conseille l'une de celles-ci :

  Je sais que tu ne pourrais être heureuse ni te conduire de manière respectable sans une estime sincère pour ton mari, sans admettre sa supériorité. Ta vivacité te ferait courir de grands dangers si ton partenaire ne te valait pas. Il te serait difficile d'éviter l'opprobre et l'amertume. Mon enfant, épargne-moi le chagrin de te voir dans l'incapacité de respecter la personne qui partage ta vie. Tu ne sais pas à quoi tu t'exposes. (page 424)

Quel constat terrible et désenchanté !

Orgueil et préjugés de Jane Austen
"You must allow me to present this young lady to you as a very desirable partner."
~ Volume I, Chapter VI (6)

Mais l'intérêt d'O&P ne se limite pas aux nombreux problèmes soulevés par la place des femmes dans la société, car le point fort du roman se situe dans ses deux personnages principaux, Elizabeth Bennet et Fitzwilliam Darcy !
On se doute que ces deux-là finiront ensemble mais leur orgueil et leurs préjugés (d'où le titre) vont temporairement les séparer...

Orgueil et préjugés de Jane Austen
"Will you do me the honour of reading that letter?"
~ Volume II, Chapter XII (35)

Elizabeth Bennet est donc une jeune fille pleine de bons sens, de tact et de discernement, coincée dans le cadre restreint de la société versatile de Meryton et ses alentours, qui est un peu trop friande de commérages à son goût. Elle se fie à son jugement, qu'elle croit sûr, et porte sur les autres un regard acéré et ironique :

 Je n'aime véritablement que peu de gens et en estime moins encore. Plus je connais le monde et moins j'en suis satisfaite. Chaque jour appuie ma conviction de l'inconséquence de tous les hommes et du peu de confiance qu'on peut accorder aux apparences du mérite et du bon sens. (page 175)

Et pourtant, Elizabeth va se fourvoyer en se fiant aux apparences qui l'arrangent et aux confidences diffamatoires du sournois Wickham.
Comme on le voit, Lizzy est une héroïne imparfaite, qui ne craint pas de se contredire en condamnant très sévèrement et très injustement pour son mariage son amie Charlotte qui, selon ses propres mots, a "sacrifié tout respect d'elle-même à des intérêts matériels" (page 167) alors qu'elle comprend les motivations financières de Wickham quand il cesse de la courtiser pour une jeune fille plus riche ! (page 191)
Mais Elizabeth sait reconnaître ses erreurs en se moquant d'elle-même, ce qui fait qu'on lui pardonne très facilement ! D'autre part, c'est une jeune fille impertinente et audacieuse, qui ose défier les conventions sociales tout en respectant la bienséance, et qui ne se laisse pas intimider par des interlocuteurs au statut social supérieur, dans des scènes franchement jubilatoires.
Son courage, son esprit, son intelligence et sa gaité en font une héroïne délicieusement attachante.

Quant à Darcy, c'est le personnage masculin le plus fouillé dans l'oeuvre de Jane Austen qui a su le rendre fascinant et mystérieux. Il incarne avec morgue la dignité et l'honneur de cette caste fortunée et privilégiée de l'aristocratie terrienne ; il appartient à cette bonne société qu'Elizabeth ose défier. Son orgueil, son mépris, son arrogance le rendent déplaisant aux yeux de la communauté fréquentée par Lizzy ;  son ingérence dans l'histoire d'amour entre Bingley et Jane le rend odieux aux yeux de la jeune fille qui ne lui pardonne pas d'avoir brisé les chances de bonheur de sa soeur préférée. Dans ces conditions, tout rapprochement entre ces deux-là paraît fortement compromis !

Orgueil et préjugés de Jane Austen
"Come, Darcy," said he, "I must have you dance."
~ Volume I, Chapter III (3)

Et c'est pour cela que j'aime autant le retournement de situation : alors que l'on voyait Darcy la plupart du temps à travers le point de vue défavorable de Lizzy, alors que l'on croyait que le titre concernait uniquement le jeune aristocrate, l'héroïne se rend compte, en même temps que le lecteur, de ses propres préjugés et de son orgueil (même si certaines de ces remarques acerbes nous avaient un peu mis sur la voie ! ^^).
La vérité sur ces deux personnages complexes va au-delà de "notre première impression", à l'instar des  découvertes de Lizzy sur elle-même.

Orgueil et préjugés de Jane Austen
This formidable introduction took place
~ Volume III, Chapter II (44)

Mais l'intrigue est également servie par toute une galerie de personnages secondaires très bien travaillés et dont les actions interfèrent.
L'humour grinçant d'un M. Bennet en fait un personnage éminemment sympathique, nous faisant presque oublier qu'il a fui ses responsabilités paternelles, conduisant à l'éducation défectueuse de ses trois plus jeunes filles. Sa négligence a failli coûter la réputation à l'ensemble de ses filles.  De plus, ses remarques à l'encontre de ses filles ou de sa femme sont parfois cruelles, même si elles sont drôles...

Orgueil et préjugés de Jane Austen
"My dear Mr. Bennet, how can you be so tiresome?"
~ Volume I, Chapter I (1)

Mme Bennet est une femme superficielle et sotte mais  sa marotte à trouver des époux acceptables à ses filles, sa volubilité et les sempiternelles allusions à ses "pauvres nerfs" rendent ses interventions à la fois extrêmement comiques et agaçantes... Pour sa décharge, marier cinq filles constitue un véritable défi doublé d'une véritable malédiction, et contrairement à son mari, elle semble la seule préoccupée par le sort de ses enfants...

Les autres personnages ne sont pas moins hauts en couleur ni brossés avec beaucoup de talent qui les rend tous uniques...

Pour conclure une relecture délicieuse et jouissive. Le style pétillant, ironique et élégant de Jane Austen nous transporte dans une histoire d'amour tumultueuse magnifiquement écrite, servie par des personnages campés avec brio, des dialogues incisifs et un couple d'amoureux inoubliables...

Orgueil et préjugés de Jane Austen
Gave him to understand that her sentiments had undergone so material a change--
~ Volume III, Chapter XVI (58)

Appréciation :

note : 5 sur 5

Crédit images : C.E. Brock illustrations

extrait

  Elle put contempler alors un portrait étonnamment ressemblant de M. Darcy. Un sourire flottait sur ses lèvres qu'elle se rappela lui avoir connu quelquefois, lorsqu'il la regardait. Elle s'attarda plusieurs minutes devant ce tableau sans pouvoir en détacher les yeux, puis y retourna avant leur départ de la galerie. Mme Reynolds les informa qu'il avait été exécuté du vivant du précédent propriétaire.
Il se formait certainement en cet instant dans le coeur d'Elizabeth un sentiment plus doux à l'égard de l'original que tout ce qu'elle avait pu ressentir depuis qu'elle l'avait mieux connu. Ce que Mme Reynolds avait trouvé à dire à son avantage n'était pas de médiocre importance Quel éloge a plus de prix que celui d'un domestique intelligent ? Il était à la fois un frère, un propriétaire, un maître ; elle réfléchit au nombre des personnes dont il tenait le bonheur entre ses mains, au plaisir ou à la peine qu'il était en son pouvoir de dispenser, au bien ou au mal qu'il ne pouvait qu'être amené à faire. Tout ce dont avait plaidé la femme de charge plaidait en sa faveur. Debout devant la toile où il était représenté et d'où il fixait son regard sur elle, elle évoqua son affection avec une gratitude plus profonde que ce qu'elle avait provoqué jusque-là.
(page 291)

Orgueil et préjugés de Jane Austen
Mrs. Reynolds informed them that it had been taken in his father's lifetime.
~ Volume III, Chapter I (43)

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