jeudi 16 mai 2013

La Danseuse de Pompéi de Jean Bertheroy

La Danseuse de Pompéi de Jean Bertheroy

 La Danseuse de Pompéi de Jean Bertheroy  

 

Fiche détaillée

Auteur > Jean Bertheroy
Editeur > Presses de la Cité
Collection > Omnibus
Genre > roman historique
Date de parution > 1899 pour l'édition originale , 1992 pour la présente édition
Nombre de pages > 109 (1022)
Illustrations > Manuel Orazi pour l'édition originale

auteur
(sources : Wikipédia)

Jean Bertheroy  Jean Bertheroy, de son vrai nom Berthe-Corinne Le Barillier, née à Bordeaux le 4 juillet 1868 et morte à Cannes le 24 janvier 1927, est une femme écrivain française.
Elle collabora au Figaro et à la Revue des Deux Mondes. Très célèbre à son époque, elle fut la première secrétaire du jury Fémina en 1904, milita pour l’amélioration de la condition féminine et reçut la Légion d'honneur.
Remarquée d'abord pour ses poésies, elle se tourna vers le roman historique, puis le roman moderne. Son œuvre, si elle est assez largement tombée dans l'oubli, ne manquait pourtant pas de qualités, servie par un style sobre et une documentation toujours très solide. La part la plus consistante de son œuvre est probablement celle consacrée à l'antiquité romaine, qu'il vaut la peine de lire aujourd'hui encore.
Son souvenir reste présent à Montmorency où elle se fit construire une maison en 1891, 5, rue de l'Hermitage, à proximité immédiate de l'Hermitage de Jean-Jacques Rousseau, un écrivain qu'elle admirait.

Gravida - Fantaisie pompéienne de Wilhelm Jensen
(source : Ars pictoris, ars scriptoris: Peinture, littérature, histoire)

La Danseuse de Pompéi décrit le conflit religieux et mental de Hyacinthe qui doit choisir entre sa dévotion pour Apollon et son amour pour Nonia, la danseuse éponyme.

première phrase

"Le Vésuve projetait son ombre bienfaisante sur le rivage."

avis personnel

Lors de la fête des vendanges, Hyacinthe, camille du temple d'Apollon issu de la riche famille marchande des Vettii, tombe amoureux de Nonia, petite danseuse publique qui offre ses services lors de banquets chez des particuliers. Il est déchiré entre son amour charnel pour la jeune fille et son amour spirituel envers le dieu. Contrairement à ses concitoyens, l'adolescent aspire à une vie de pureté dont il trahit l'idéal en cédant à sa passion pour la jeune fille. Leurs amours secrètes sont par ailleurs menacées par le peintre Ludius, rival humilié par la danseuse et qui ne songe qu'à se venger de son rejet...

La Danseuse de Pompéi de Jean Bertheroy

La Danseuse de Pompéi est un roman antiquisant, genre alors à la mode à la fin du XIXème siècle; l'auteure s'inspire des catalogues publiés sur les fouilles archéologiques de Pompéi pour offrir un cadre à son histoire.
En 1894, soit 5 ans avant l'écriture de ce livre, la maison des Vettii est mise au jour dans les ruines de Pompéi et son excavation dure 2 ans; c'est l'une des maisons les plus belles du site et parmi les plus abondantes en tableaux et figures mythologiques ainsi qu'en sculptures en marbre et en bronze; elle est aussi exceptionnelle pour son architecture elle-même.

La Danseuse de Pompéi de Jean Bertheroy
Péristyle de la maison des Vettii

Le héros sera donc l'héritier de cette villa, propriété de deux riches marchands, ce qui permet à l'auteure de broder une histoire autour de cette découverte archéologique. Jean Bertheroy est très bien documentée, cela se sent et lui permet de donner  de longues descriptions fidèles à la réalité par l'intermédiaire d'un autre de ses personnages, Ludius le peintre, chargé  d'orner les murs de la villa de somptueuses fresques, que l'on peut toujours admirer de nos jours.

La Danseuse de Pompéi de Jean Bertheroy
Fresque du triclinium représentant les Ménades et les héros Pâris, Thésée et Hippolyte

Si au niveau des décors et de l'architecture, les descriptions sont réalistes, il en va différemment du reste. On sent que l'auteure porte un regard fantasmé sur les moeurs des Pompéiens; il faut dire que la Rome décadente se prête à ce genre de poncifs sur le luxe et la luxure joyeuse, où l'on pouvait s'adonner à la débauche sans le remords du péché. Des inexactitudes, des anachronismes parsèment de-ci de-là le récit. De plus, il y a des résonnances très chrétiennes dans ce roman : ainsi, le prêtre du temple d'Apollon s'appelle Chrestus, et le culte rendu au dieu solaire fait penser à celui des chrétiens : "... le chant mystique commença (...) proclamait le dogme initial de la doctrine, la naissance d'Orphée; Orphée, verbe d'Apollonsauveur mélodieux des hommes, de qui le sang injustement versé libéra la terre des horreurs des ténèbres et du chaos. Quand la dernière strophe de l'hymne eut révélé cette incarnation mystérieuse, les initiés se levèrent et acclamèrent le Rédempteur en ces termes : "Salut, nouvel Epoux ! Salut nouvelle Lumière !" - Et ils s'embrassèrent en signe de paix."...

La Danseuse de Pompéi de Jean Bertheroy

Pour conclure, un roman qui tient plus du fantasme par certains aspects que de la reconstitution, même si certaines descriptions se veulent fidèles et nous emportent par leur beauté et leur poésie dans cette cité disparue . Le style de l'auteure possède un charme suranné qui rend la lecture très agréable; malgré tout le souvenir ne restera pas impérissable et s'effacera certainement au fil du temps.

La Danseuse de Pompéi de Jean Bertheroy

Appréciation :

note : 3 sur 5

La Danseuse de Pompéi de Jean Bertheroy

Crédit images : les dessin sont de Manuel Orazi pour l'illustration originale; les autres images ont été trouvées sur le net.

extrait

 "Nonia se retourne vers la porte légère, close aux passions de la demeure. Encore un peu de temps et elle va s'ouvrir, cette porte, derrière laquelle le fils des Vette isole les chers souvenirs de sa vie; on a déjà dressé dans le jardin le lit de repos à charnières d'argent, recouvert de coussins en soie claire, et Aurélie s'agite pour tout faire disposer à l'entour; un second velum plus bas a été tendu de façon à protéger le convalescent de la réverbération trop vive qu'envoie sur l'aire lisse et sablée du jardin le revêtement blanc de la corniche. enfin, appuyé à l'épaule de la Thessalonicienne, Hyacinthe descend doucement les trois marches du péristyle.
Comme il est changé depuis plus d'un mois qu'elle ne l'a vue !... Ce qu'elle remarque en lui surtout, c'est cette pâleur qui, autrefois, ne l'effleurait que par instants, et dont maintenant il semble être imprégné jusqu'à l'âme. Oh ! le contratse des boucles brunes, alourdies, de sa chevelure avec la blancheur transparente de ce visage, où les prunelles d'ambre clair luisent comme deux lampes sur la plaque de marbre d'un tombeau!... Il s'est couché, et la jeune fille qui l'a conduit s'offre, complaisante, à demeurer là; mais il refuse, il fait signe qu'il préfère rester seul. D'ailleurs, sa mère ne tarde pas à venir s'installer auprès de lui; puis c'est Aulus qui rentre de la basilique, et Clément, dont pour aujourd'hui les affaires sérisues sont temrinées. Et l'on cause, on remue tous les commérages de la ville, histoires de luxure, histoires d'argent, histoires de vanités satisfaites. Et les yeux d'ambre clair luisent d'une lueur plus lointaine sur la pâleur diaphane du visage. Pourtant il faut vider les coupes à l'heureuse journée du convalescent; Clément frappe dans se smains épaisses et demande le meilleur vin de Cécube.
Ils boivent sous le double velum, où s'infiltre voluptueusement la lumière, entre les parterres d'héliothropes et de roses, entre les colonnettes d'albâtre où s'enroulent des étreintes de volubilis; ils boivent sans s'occuper d'Hyacinthe qui s'est endormi, sans s'occuper de Ludius et de Nonia qui, sur le fond rouge du péristyle dans leurs vêtements obscurs de travail, représentent à leurs yeux une part d'humanité inférieure, les instruments de leur orgueil ou de leurs plaisirs."

divers

 

La pourpre et l'or - Murena T1 - de Dufaux et Delaby

Ce billet est ma 10è participation au challenge de Soukee.

 

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lundi 13 mai 2013

Livra'deux pour pal'Addict # mai-juin-juillet 2013

 Livra'deux pour PalAddict

 

LDPA what is it?
C'est un challenge inspiré de ce que font déjà deux membres de la team, Jess et Iwry et qui est proposé depuis cinq éditions à l'ensemble de la communauté. Un rendez-vous régulier a lieu sur le site de Livraddict dans le but de rassembler des personnes autour de cette passion commune.

Le principe:
En binôme, chacun choisi dans la PAL(pile de livres à lire) de l'autre, trois livres :
* Qu'il a lu et aimerait faire découvrir à son partenaire
* Dont il aimerait avoir l'avis d'un ami
* Des titres qui nous interpellent pour leur résumé...
Sur ces trois livres, nous en choisissons un et dans un délai imparti, nous devons le lire et en faire un avis.

 

Inscrite à l'origine au tirage au sort, j'ai trouvé avant l'heure un binôme en la personne de XL, pour laquelle j'ai choisi trois livres :

Le Dahlia noir    Contes de la fée verte    Livra'deux pour pal'Addict # mai-juin-juillet 2013

XL a choisi de lire Contes de la fée verte...

XL a choisi pour moi :

Livra'deux pour pal'Addict # mai-juin-juillet 2013     Livra'deux pour pal'Addict # mai-juin-juillet 2013    Livra'deux pour pal'Addict # mai-juin-juillet 2013

Voilà une sélection  très variée et extrêmement tentante... Le choix sera rude ! 

Mon choix s'est finalement porté sur La rue au Moyen Age...

dimanche 12 mai 2013

La princesse de Montpensier de Bertrand Tavernier

 

La princesse de Montpensier de Bertrand Tavernier

sinopsis

1562, la France est sous le règne de Charles IX, les guerres de religion font rage…
Depuis son plus jeune âge, Marie de Mézières aime Henri, Duc de Guise. Elle est contrainte par son père d’épouser le Prince de Montpensier. Son mari, appelé par Charles IX à rejoindre les princes dans leur guerre contre les protestants, la laisse en compagnie de son précepteur, le Comte de Chabannes, loin du monde, au château de Champigny.
Elle tente en vain d’y oublier sa passion pour Guise, mais devient malgré elle l’enjeu de passions rivales et violentes auxquelles vient aussi se mêler le Duc d’Anjou, futur Henri III.

avis personnel

 Quel plaisir de plonger dans un film aussi captivant, servi par des dialogues ciselés, une reconstitution soignée, une photographie magnifique, ainsi que des costumes et des décors somptueux !

Tavernier y aborde des thèmes passionnants comme l'horreur des guerres de religion ou le statut des femmes, qui sont vendues par leur père au plus offrant afin de conclure des alliances d'intérêt... D'ailleurs, la scène de la nuit de noces est à ce titre glaçante tant les conditions sont humiliantes pour les jeunes mariés ! Pensez, les parents et les serviteurs restent dans la chambre pendant la consommation du mariage, les courtines fermées du lit étant le seul compromis à la pudeur.

"- Alors ? Nous n'avons rien entendu !"s'inquiète le père de l'épousée, de l'antichambre où il joue aux échecs avec le père du marié, en attendant que l'honneur de sa fille soit confirmé et valide ainsi l'alliance passée entre les deux familles.
"- Juste un petit cri de souris mais nous avons le sang, " réplique la duègne en tendant le linge taché.

La princesse de Montpensier de Bertrand Tavernier


La princesse de Montpensier n'en est pas moins une femme fière et insoumise - autant que le lui permet l'époque -, qui tente de résister aux codes d'une noblesse excessive et brutale, dont les hommes, insatiablement ivres de sang, ne songent qu'à la guerre ou à la chasse ! En dehors de ces plaisirs, la conquête de la femme est leur passe-temps favori où ils mettent autant de fougue et de violence que sur les champs de bataille. Peu importe les méthodes utilisées puisqu'à leurs yeux, "les femmes ne pensent ni ressentent" et ne sont qu'un trophée de plus à ajouter à leur tableau de chasse... Et c'est d'ailleurs cette métaphore qui convient le mieux pour définir ce jeu de la séduction. "Vous étiez au milieu de nous comme une biche au milieu des bois !" assène le Balafré à Marie pour justifier l'intérêt qu'il lui portait. Car c'est cette rivalité entre mâles qui donne tout le prix à la femme convoitée ! Il faut dire que ces hommes, qui mènent la guerre ou les affaires du royaume, sont jeunes, très jeunes, pas plus de la vingtaine, et ont la fougue de leur jeunesse ajoutée à l'inconséquence de leur sexe !

La princesse de Montpensier de Bertrand Tavernier


On assiste donc à un chassé-croisé amoureux entre 4 hommes et une femme. Trois jeunes coqs et un homme mûr que la guerre a rendu humaniste gravitent ainsi autour de la belle, la désirent, chacun sur une partition différente : cérébrale pour Chabannes, passionnelle pour le Balafré, séductrice pour le futur Henri III et réfléchie pour le mari. Le tout dans un contexte plein de fracas, d'intrigues et de trahisons !

La princesse de Montpensier de Bertrand Tavernier

Les acteurs nous offrent une interprétation magistrale :
Mélanie Thierry joue une princesse pleine d'espièglerie, de grace, de fraîcheur, de détermination et de fierté.

La princesse de Montpensier de Bertrand Tavernier


Lambert Wilson est un Chabannnes tout en émotion contenue et en sobriété, le seul à mériter vraiment l'amour de Marie à mes yeux.
Grégoire Leprince-Ringuet interprète son personnage avec le retrait et le pathétisme qui caractérisent bien ce mari jaloux, engoncé dans sa rigidité mais touchant dans son désir désemparé d'être aimé par sa femme. "Vous m'aimerez ?" quémande-t-il à leur arrivée dans son château de Champigny. "Quand vous me le commanderez !" lui réplique-t-elle afin qu'il n'oublie pas qu'il n'est qu'un mari imposé.

La princesse de Montpensier de Bertrand Tavernier

Gaspard Ulliel incarne quant à lui un duc de Guise plein de fougue et d'ardeur égoïste. "Donne-moi quelque chose de toi !" presse-t-il impérieusement Marie venue lui annoncer ses fiançailles avec Montpensier.

La princesse de Montpensier de Bertrand Tavernier


Raphaël Personnaz en duc d'Anjou crève littéralement l'écran tant il insuffle à son personnage un mélange de virilité, d'autorité onctueuse, de charisme et de cruelle rouerie... Il est tout simplement savoureux ! et accessoirement très sexy avec son pendant d'oreille et ses yeux khôlés...

La princesse de Montpensier de Bertrand Tavernier

On pourrait peut-être reprocher au film une facture un peu trop classique, mais le film n'en reste pas moins irréprochable !

Bref, un petit bijou d'intelligence et de passions qui me donne envie de découvrir la nouvelle de madame de La Fayette dont je ne connais que La princesse de Clèves.

Appréciation :

note : 5 sur 5

Fiche détaillée

Réalisateur > Bertrand Tavernier
Scénaristes > Jean Cosmos, François-Olivier Rousseau & Bertrand Tavernier
(d'après la nouvelle éponyme de Madame de La Fayette)
Décor > Guy-Claude François
Costumes > Caroline de Vivaise
Musique > Philippe Sarde
Photographie > Bruno de Keyzer
Montage > Sophie Brunet
Production > Laurent Brochand
Genre > drame
Sortie > 2010
Durée > 139 minutes
Pays d'origine > France

Acteurs principaux :
Mélanie Thierry > Marie de Montpensier
Gaspard Ulliel > Henri, duc de Guise
Grégoire Leprince-Ringuet > Philippe de Montpensier
Raphaël Personnaz > Henri, duc d'Anjou
Lambert Wilson > François, comte de Chabannes

bande annonce


récompenseCésar 2011 :
Meilleurs costumes > Caroline de Vivaise

Festival du film de Cabourg 2011:
Swann d'Or de la révélation masculine > Raphaël Personnaz

 

divers

Ma petite contribution au mois à thème organisé par AnGee Ersatz...

 

jeudi 9 mai 2013

Gradiva, fantaisie pompéienne de Wilhelm Jensen

 Gradiva - Fantaisie pompéienne de Wilhelm Jensen

 

 

Gravida - Fantaisie pompéienne de Wilhelm Jensen

 

Fiche détaillée

Auteur > Wilhelm Jensen
Editeur > Presses de la Cité
Collection > Omnibus
Genre > nouvelle fantastique
Date de parution > 1903 pour l'édition originale , 1992 pour la présente édition
Titre original > GradivaEin Pompejanisches Phantasiest
Nombre de pages > 62 (1022)
Traduction > de l'allemand par Roger Olivier

auteur
(sources : Wikipédia)

Wilhelm Jensen 

Wilhelm Jensen est un écrivain allemand né le 15 février 1837 à Heiligenhafen, Holstein et mort le 24 novembre 1911 à Munich.
Jensen était un écrivain "de son temps", c'est-à-dire que son œuvre très abondante (poésies, nouvelles, romans historiques) a marqué son époque et son pays (l'Allemagne bismarckienne), puis a rapidement été oubliée.
Son nom survit aujourd'hui essentiellement grâce à Freud, qui en 1906 livra une étude portant sur sa nouvelle Gradiva parue trois ans plus tôt : Le délire et les rêves dans la Gradiva de W. Jensen constitue la première approche psychanalytique de la littérature.
Œuvres disponibles (au 21 mai 2012) : Outre Gradiva, sont disponibles dans des traductions françaises récentes: Dans la maison gothique, Gallimard, 1999, collection Connaissance de l'inconscient; L'Ombrelle rouge, éditions Imago, Paris, 2011 (suivie d'un Essai de lecture freudienne, par Jean Bellemin-Noël).
En allemand, outre Gradiva, 14 volumes de Jensen ont été récemment réédités, et 15 volumes, ainsi que quelques poèmes, peuvent être lus sur internet: voir la page: http://gutenberg.spiegel.de/autor/305 
Il semble que redécouvrir Jensen soit possible, puisque l'on republie certaines de ses œuvres.

Gravida - Fantaisie pompéienne de Wilhelm Jensen
(source : Wikipédia)

Le roman raconte l'histoire de l'archéologue Norbert Hanold, qui tombe en adoration devant un bas-relief du Musée National d'Archéologie de Naples. Il délaisse sa vie par obsession de celle qu'il nomme "Gradiva" (du latin, "Celle qui marche", féminisation de Gradivus, surnom du dieu Mars), la femme représentée sur la sculpture.

première phrase

"Au cours de sa visite d'une des grandes collections romaines d'antiques, Norbert Hanold avait découvert un bas-relief qui l'avait vivement intéressé."

avis personnel

 Norbert Hanold, professeur d'archéologie misanthrope, tombe violemment amoureux dans un musée de Rome de la représentation sur un bas-relief antique d'une jeune noble romaine morte il y a  2000 ans, à la démarche grâcieuse et à l'expression insouciante. De retour en Allemagne, il s'en procure un moulage qu'il accroche dans son bureau et contemple chaque jour, fasciné par le mouvement élégant du pied.

Gradiva
bas-relief de la Grèce ancienne, IVè s. av JC,
copie romaine, Musée du Vatican , Rome

Cette obsession le conduit à inventer une vie à cette jeune fille qu'il a baptisée Gradiva, "celle qui marche" : elle vit à Pompéi, ville qu'il a jadis visitée; son père est un édile patricien chargé de l'approvisionnement en blé et de l'organisation des jeux de Cérès. Puis, il se met à supposer que la jeune fille est en fait Grecque.
Il se met alors à observer les femmes de sa ville dans l'espoir de retrouver la même démarche que Gradiva. Peu après, il fait un cauchemar pendant lequel il se retrouve à Pompéi le jour de la catastrophe de l'an 79 ; il y croise Gradiva, fidèle en tous points à la représentation sculpturale, qui marche dans la ville indifférente au cataclysme; il assiste horrifié à sa mort.
A son réveil, il en déduit que le bas-relief représente une sculpture funéraire. Au même instant, il croit apercevoir de sa fenêtre une jeune femme possédant la même démarche que Gradiva. Il décide sur un coup de tête de partir en Italie, d'abord à Rome, puis à Naples, mais une force irrésistible l'attire vers Pompéi. Un sentiment de manque ne le quitte pas.
Lors d'une visite dans les ruines de Pompéi, il se retrouve dans un état de rêve éveillé pendant lequel il aperçoit la jeune fille déambulant dans les rues délabrées de sa démarche aérienne.

Gradiva - Fantaisie pompéienne de Wilhelm Jensen
maison de Méléagre, Pompéi

Il la suit jusque dans la maison de Méléagre où il lui adresse la parole d'abord en latin, puis en grec, mais à sa grande surprise, elle s'exprime à lui en allemand. La discussion est brève mais produit sur Norbert une forte impression.
Il lui donne alors rendez-vous le lendemain à midi, "l'heure des spectres".

Gradiva - Fantaisie pompéienne de Wilhelm Jensen

La nouvelle se découpe nettement en deux parties : tout d'abord, la description des journées du professeur en Allemagne, qui y mène une vie retirée, loin des mondanités, tout absorbé qu'il est dans ses travaux intellectuels; d'ailleurs, il ne recherche pas la compagnie des autres, qu'il trouve ennuyeuse et inintéressante, surtout celle des femmes ! On a l'impression que le héros ne se sent à l'aise qu'avec les morts ! Son métier s'y prête d'ailleurs... Le regard ironique qu'il porte sur les vivants se confirme lors de son dernier voyage en Italie quand il doit supporter les niaiseries que se roucoulent les couples partis en lune de miel... ^^

La seconde partie se déroule en Italie où Norbert se lance sur les traces de Gradiva qui lui apparaît brusquement au détour d'une rue délabrée de Pompéi.
L'auteur arrive à merveille à faire planer le doute quant à la réalité de cette apparition jusqu'à la révélation finale : hallucination ? illusion ? rêverie ? ou bien plus encore ?

Si j'ai eu un peu de mal à entrer dans l'histoire, j'ai été ensuite complètement happée par cette quête éperdue d'une femme morte depuis des millénaires et qui obsède les pensées et les rêves de notre archéologue misanthrope. Gradiva finit par exercer la même fascination sur le lecteur que sur le héros de la nouvelle...

Il est à noter que cette nouvelle inspira à Freud une étude psychanalytique intitulée Le Délire et le rêve dans la "Gradiva" de Jensen; et fit également une forte impression sur les surréalistes.

Appréciation :

note : 4 sur 5

extrait

"... il avait poursuivi son voyage jusqu'à Pompéi pour y chercher d'éventuelles traces de la jeune femme. Et ce, au sens propre du terme; car, avec sa façon bien personnelle de marcher, Gradiva avait dû obligatoirement laisser dans la cendre les empreintes de ses orteils, distinctes de toutes les autres.
C'était donc, une fois enocre, une créature de rêve qui se déplaçait sous ses yeux dans la lumière éclatante de midi, et pourtant c'était aussi une réalité. La preuve lui en fut donnée par l'effet qu'elle produisit sur un grand lézard allongé immobile dans les chauds rayons du soleil sur la dernière pierre, près du trottoir d'en face. Le corps scintillant de l'animal, comme fait d'or et de malachite, était parfaitement visible et, devant le pied qui approchait, Norbert le vit glisser brusquement au bas de la pierre et s'enfuir sur les blanches dalles de lave de la rue."

divers

 

La pourpre et l'or - Murena T1 - de Dufaux et Delaby

Ce billet est ma 9è participation au challenge de Soukee.

Challenge "Un classique par mois"

Le 2ème classique du mois de mai pour le challenge organisé par Stephie.

Kafka sur le rivage de Haruki Murakami

Challenge organisé par Helran - 6ème escale comptant pour l'Allemagne.

La pourpre et l'or - Murena T1 - de Dufaux et Delaby

Ma 22ème participation au challenge de Miyuki -

 

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