Auteur > Diane Lacombe
Editeur >France Loisirs
Collection > Passionnément
Série > Mallaig
Genre > roman historique
Date de parution > 2002 pour l'édition originale, 2004 pour la présente édition
Nombre de pages > 499
"Il avait plu pendant presque tout le trajet de la vallée de la Dee aux côtes ouest des îles, vers Mallaig."
Écosse, 1424. Gunelle Keith, fille d'un commerçant prospère, est donnée en mariage à Iain MacNèil, fils du chef de clan MacNèil à Mallaig. Exilée en pleine terre sauvage des Highlands, cette jeune femme cultivée se heurte à l'accueil glacial d'un futur époux fruste dont elle ne connaît même pas la langue. Loin des siens, aux prises avec ses nouvelles responsabilités de châtelaine, elle devra faire face au rejet d'un mari volage, à la jalousie de sa belle-soeur et aux rudes conditions de vie du château. Par son courage et son talent, Gunelle gagnera peu à peu l'estime de la cour et même cell du roi d'Ecosse. Mais saura-t-elle apprivoiser Iain et lui donner l'amour qu'il n'a jamais connu ?
J'avais lu ce livre lors de mes lointaines années étudiantes et cela avait été un véritable coup de cœur, qui m'avait poussée à le relire durant la même période toujours avec un plaisir renouvelé. Cette fois, de longues années se sont écoulées, et même si le charme est toujours présent, je suis un peu plus sensible à ses défauts, et lui ai même préféré L'Hermine alors que jusqu'ici La Châtelaine avait été mon préféré de la trilogie, juste avant Sorcha ! J'ai plus ressenti cette fois-ci l'aspect "romance" du récit, ainsi que la mièvrerie de certains passages (ça m'a presque choquée à vrai dire d'observer un tel écart entre le ressenti de mes toutes premières lectures et celle-ci !).
Pour en revenir à l'histoire, celle-ci narre le voyage de la jeune Gunelle Keith vers les Highlands pour y être mariée au fils farouche et volage du seigneur Baltair MacNèil. Les informations qu'elle a glanées en chemin sur ce fameux Iain sont effectivement bien peu engageantes. D'ailleurs, le fiancé a fui son arrivée et ne se présente à elle que quelques jours plus tard pour lui opposer un accueil glacial et méprisant. En plus d'affronter l'hostilité déclarée de son futur époux, Gunelle doit faire face au déchirement qu'elle ressent d'être séparée des siens, dans un pays dont elle ne comprend ni la langue ni les coutumes. Par chance, Tòmas, le jeune cousin d'Iain, lui facilite les choses à Mallaig en lui apprenant le gaëlique et en lui faisant visiter le bourg et le château. Or, ces longues heures passées ensemble vont faire naître entre eux des sentiments bien doux, que goûte fort peu le fiancé malgré ses propres infidélités, et provoquer la violence de ce dernier...
J'ai été très heureuse de retrouver certains personnages du tome 1 (qui est paru, je le rappelle, après le tome 2) : j'avais adoré le personnage de Baltair qui, malgré les 34 ans séparant les deux histoires, a conservé toute sa prestance et sa bienveillance. Depuis la mort de sa femme Lite, l'héroïne de L'Hermine, une chape de plomb s'est abattue sur le château et ses habitants, faisant perdre les bienfaits apportés par les améliorations de la défunte châtelaine. La bibliothèque, le jardin, l'école du bourg ont ainsi été délaissés. En outre, le vieux seigneur doit faire face au caractère rebelle de Iain qui se désintéresse des affaires du clan et se querelle souvent avec lui.
On retrouve également avec plaisir Anna Chattan, la touchante veuve de Tadèus Fair devenue à la fin du tome 1 la nourrice d'Alasdair, le fils aîné mort en tournoi, et celle de Iain, qu'elle est la seule à aimer inconditionnellement. Elle est désormais l'intendante du château et sera une alliée sûre pour la nouvelle châtelaine. Struan, le neveu au destin poignant, fait quelques rares apparitions, même si elles ne sont pas forcément à son avantage. Et bien sûr, la sœur et le frère survivant de Baltair sont toujours au cœur de l'intrigue...
Iain MacNèil, le nourrisson indésiré du tome 1, est devenu un guerrier redouté, fier de son illettrisme et en perpétuelle rébellion contre son père. Un parfum de scandale l'entoure depuis qu'il est devenu l'amant de la veuve de son frère, la sulfureuse Beathag MacDougall. Sa réputation souffre en outre du soupçon de fratricide qui pèse sur lui. Comme on le voit, le lecteur a d'abord de lui une image fort peu flatteuse, d'autant plus qu'il a un comportement offensant vis-à-vis de sa fiancée qu'il malmène pour la pousser à rompre leur promesse d'épousailles. Mais progressivement, on apprend à mieux le connaître et comprendre son attitude. Car Iain est le fils mal-aimé de la famille, rejeté par une mère qui a toujours encouragé la rivalité entre lui et son frère Alasdair pour lequel elle n'a jamais caché sa préférence. Il n'a jamais reçu d'amour de la part de cette mère dénaturée, seulement son mépris et ses moqueries, et pour finir son reniement. Iain MacNèil est donc un homme détruit moralement, persuadé qu'il est indigne d'amour.
Lui et sa fiancée, révoltés par ce mariage arrangé, ont bien du mal à s'estimer. Il faut dire qu'ils ne partagent pas du tout les mêmes centres d'intérêts. Gunelle arrive avec son expérience de couventine et ses préjugés sur les Highlanders, faisant douter Iain sur ses capacités à assumer ses futures responsabilités de châtelaine. En outre, la jeune fille se sent écrasée par l'ombre de la défunte châtelaine dont les actions avaient contribué à faire briller le nom des MacNèil dans les Highlands. J'ai beaucoup aimé Gunelle. Elle fait preuve de détermination et de courage. Mais elle n'est pas une héroïne omnisciente et omnipotente : elle connaît des moments de doute et de découragement profond, ce qui la rend attachante. On ressent parfaitement son désarroi et son sentiment de solitude face à cette région étrangère et rude, et l'hostilité palpable de son fiancé.
J'ai bien aimé la progression des sentiments des deux époux, qui s'apprivoisent peu à peu, même si l'évolution de Iain paraît parfois un peu trop facile, passant du guerrier fruste et violent à un époux cultivé et attentionné. Dommage que des accents mièvres viennent à certains moments gâcher l'ensemble, car les face-à-face entre les deux époux sont vraiment captivants.
Si lors de cette relecture, la place trop grande faite à la romance m'a un peu déçue, j'ai par contre été enchantée par les descriptions immersives de l'auteure sur les paysages et la vie quotidienne des habitants de Mallaig qui donnent beaucoup d'authenticité au récit. Bizarrement, dans mes souvenirs, l'auteure mettait davantage l'accent sur la partie historique mais j'ai été surprise de constater qu'elle est finalement moins présente que pour le tome 1. Comme A-Little-Bit-Dramatic, j'ai tiqué sur l'oncle Carmichael, évêque d'Orléans.
Pour conclure, une relecture fort agréable bien que je sois moins indulgente vis-à-vis de ses quelques défauts. L'histoire d'amour de Gunelle et de Iain est touchante, même si elle n'échappe pas aux clichés inhérents à la romance, mais les deux personnages sont si bien développés que l'on passe outre cette trame un peu trop classique. Par contre, j'ai vraiment du mal à me faire à l'alternance des points de vue à la première et troisième personne.
J'ai tenté de reconstituer un petit arbre généalogique selon les informations de ce tome (cliquez sur l'image pour l'agrandir):
”Cette dernière remarque de ma part était imprudente, mais elle m’avait échappé. Il me saisit violemment par les épaules qu’il serra à me faire mal. Son regard perçant me fouillait l’âme.
« Je vois, rétorqua-t-il d’une voix rageuse. Vous allez maintenant me dire clairement lequel de nous deux vous auriez pris pour mari si on vous en avait donné le choix. Moi ou lui ? »
La même frayeur face à sa violence que celle que j’avais éprouvée sur les remparts s’empara de moi, à la différence que je ne pouvais pas fuir. Je gémis de douleur. Il me broyait littéralement les épaules par la seule force de ses mains. Avec horreur, je l’entendis me déclarer qu’il me lâcherait quand il aurait obtenu une réponse. Je fermais les yeux pour retenir les larmes que je sentais monter et lui répondis dans un souffle : « Lui… »
(page 164)
(sources : Wikipédia)
Diane Lacombe est une écrivaine québécoise née à Trois-Rivières en 1953.
Elle est la deuxième d'une famille de cinq filles et la mère de deux garçons. À 22 ans, elle s'installe à Montréal et y travaille comme journaliste à la pige pendant une dizaine d'années. Elle trouve ensuite un emploi de conseillère à la Commission de la construction, au service de communication. Elle occupe ce travail pendant 15 ans.
En mars 2000, elle prend un congé sans solde de six mois. Elle consacre ses jours de pluie à l'écriture d'un roman historique, qu'elle intitule Mallaig. Elle met le résultat en page et en imprime une centaine de copie pour ses proches. La réponse enthousiaste de ces derniers la convainc d'envoyer le manuscrit aux maisons d'éditions.
VLB éditeur manifeste son intérêt à l'été 2001, et publie l'ouvrage sous le titre La châtelaine de Mallaig en mars 2002. Le livre est immédiatement un succès et se vend à plus de 400 000 exemplaires. Il fait une percée exceptionnelle de 110 000 copies en France. Des traductions en tchèque et en espagnol ont été publiées, et une traduction en allemand a suivi.
Au printemps 2003, Diane Lacombe a quitté son métier de conseillère en communication pour se consacrer entièrement à l'écriture. Elle a depuis publié 5 autres romans et un recueil de nouvelles, Sorcha de Mallaig (2004), L'hermine de Mallaig (2005), Nouvelles de Mallaig (2007), Gunni le Gauche (2006), Moïrane (2008), Pierre et Renée - Un destin en Nouvelle-France (2011).
- site de l'auteure -
Ma 64ème participation au challenge de Lynnae - l'héroïne rencontre le roi d'Ecosse Jacques Ier
Ma 14ème participation au challenge d'Hérisson -
Challenge organisé par Iluze (7/12)
J'ai beaucoup aimé cette saga, lue l'an dernier ! Je ne suis pas très romance mais j'ai trouvé que celle-ci s'accordait bien avec le contexte historique choisi par l'auteure, qui, du coup, nous fait oublier l'aspect à l'eau-de-rose du roman, si je puis dire ! ^^
RépondreSupprimerComme toi, j'ai aimé ce côté très "immersif" dans l'Ecosse de la fin du Moyen Âge...j'ai vraiment voyagé avec La Châtelaine de Mallaig et c'est une saga que je conseillerais... :)
C'est vrai que le dépaysement est total !!! Et comme tu le soulignes, l'histoire d'amour s'intègre vraiment bien au contexte historique, c'était un aspect qui m'avait vraiment emballée... Malgré le caractère exécrable de Iain, j'ai beaucoup aimé ce personnage, complexe et tourmenté ! Merci de ton passage ici !!
Supprimerj'avais beaucoup aimé ce premier tome, mais comme toi, je l'ai lu adolescente, il y a 2 ans, j'ai voulu conclure la série avec l'hermine, mais l'héroine m'est sortie par les yeux dès le début et du coup, je ne pense pas relire celui là ;)
RépondreSupprimerAh çà, Lite est un personnage difficile à aimer, elle apparaît vraiment trop déloyale et intéressée par moment, et l'on se demande comment Baltair arrive à lui trouver quelque qualité !!! Je me souviens que j'avais beaucoup aimé comme point de départ à son mariage le pardon royal des époux qui confine son mari dans le rôle d'un indésirable et d'un étranger... D'ailleurs, à ce jour, je ne sais toujours pas si cette coutume existe réellement ou si elle a été inventée par l'auteure pour les besoins de son histoire !!!
SupprimerIl me semble que j'ai le premier tome dans ma wishlist et c'était grâce à ton avis ;)
RépondreSupprimerOuh là là, j'ai la pression maintenant... J'espère que tu aimeras autant que moi la lecture de cette saga... Je lirai ton avis avec beaucoup de plaisir !! Merci de ton passage sur mon blog !
SupprimerJe suis plutôt étonné par ton ressenti vis à vis de la romance Parthie. En effet elle est assez présente et je dois avouer que pour ma part ça ne m'a pas déplût car ce sont les moments touchants du roman et qui permette d'humaniser le personnage d'Iain à mon sens. En effet, celui-ci est à peine moins historique que le premier volet. En le relisant tout comme toi c'est toujours un vrai plaisir à lire ^^
RépondreSupprimerCrois-moi, j'ai été moi-même surprise de mon ressenti un peu plus critique... Pourtant, j'ai adoré retrouver le couple formé par Gunelle et Iain, et je suis toujours sensible à la personnalité tourmentée de ce dernier... même si une petite aventure entre Gunelle et Tomas ne m'aurait pas déplu !! ;) :p
SupprimerAïe, pas taper, pas taper...^^
Ah oui une petite aventure entre Gunelle et Tomas mais quelle coquine :P remarque ça aurait fait les pieds à Iain ^^
SupprimerTu m'étonnes ! En même temps, il l'aurait bien cherché... c'est quand même lui qui par son comportement indifférent et ses infidélités a provoqué le rapprochement entre sa fiancée et son cousin... Encore heureux que ces deux derniers avaient plus le sens de la loyauté que Iain... ;)
SupprimerOh et puis, je ne demandais pas plus qu'un petit baiser, hein !!! :p