mercredi 30 janvier 2013

"Un mois, un thème" : janvier et la musique #30

Fantaisie

Gérard de Nerval

Il est un air pour qui je donnerais
Tout Rossini, tout Mozart et tout Weber,
Un air très-vieux, languissant et funèbre,
Qui pour moi seul a des charmes secrets.

Or, chaque fois que je viens à l'entendre,
De deux cents ans mon âme rajeunit :
C'est sous Louis treize; et je crois voir s'étendre
Un coteau vert, que le couchant jaunit,

Puis un château de brique à coins de pierre,
Aux vitraux teints de rougeâtres couleurs,
Ceint de grands parcs, avec une rivière
Baignant ses pieds, qui coule entre des fleurs ;

Puis une dame, à sa haute fenêtre,
Blonde aux yeux noirs, en ses habits anciens,
Que dans une autre existence peut-être,
J'ai déjà vue... et dont je me souviens !

Gérard de Nerval, Odelettes (1853)

Je suis tombée amoureuse de ce poème dès l'instant où je l'ai lu. Je ne sais pas, il provoque chez moi plein de sensations, mêlant mélodie et onirisme...
Ce sont les sensations que l'on peut éprouver en écoutant de la musique qui nous conduit parfois vers la rêverie.

Et je trouve que ce poème retransmet à merveille cet étrange état où notre esprit navigue entre deux rives !

 

"Un mois, un thème" : décembre et la neige # 10

mardi 29 janvier 2013

La 99ème page du mardi 29 janvier...

 

La 99ème page du mardi 11 décembre...

"Au moment où la promeneuse nocturne parvenait au bas de l'escalier à vis qu'elle avait déjà emprunté pour descendre, elle entendit des chuchotements qui provenaient de la chambre attribuée à Côme lors de son arrivée. Située dans un renfoncement, à droite des premières marches, la porte s'entrouvrait avec lenteur. Reculant sans bruit jusqu'à la courtine qui fermait le passage qu'elle venait de franchir, Aude se dissimula derrière la lourde tapisserie, tout en prenant soin d'en tenir un pan écraté du mur, afin de découvrir qui allait sortir de la pièce. Le battant de bois sculpté s'ouvrit enfin et Marie, en simple chemise de toile safranée, nu-tête, ses lourdes nattes blondes sur le dos, apparut. Nul autre que ses enfants ne la voyait d'ordinaire dans cette simple tenue, sans rien pour dissimuler ses cheveux, avec cette coiffure du coucher qui la rajeunissait tellement !"

le jeu de la tentation

Ma chronique

lundi 28 janvier 2013

Frankenstein de Mary Shelley

Frankentsein de Mary Shelley

 Fiche détaillée

Auteur > Mary Shelley
Editeur > GF Flammarion
Genre > roman gothique
Date de parution > 1818 pour l'édition originale , 1979 pour l'édition Flammarion
Titre original > Frankenstein or the Modern Prometheus
Nombre de pages > 320
Traduction > de l'anglais par Germain d'Hangest

auteur
(source : Evene)

Mary Shelley


Née à Londres en 1787, fille de l'écrivaine féministe Mary Wollstonecraft et du philosophe William Godwin, elle grandit dans un milieu littéraire et anarchiste, et reçut une excellente education culturelle, connaissant le grec, le latin et le français. Elle épouse à l'âge de seize ans le poète et veuf Percy Bisshe Shelley. Elle fréquente avec lui Lord Byron et voyage en Suisse et en Italie. C'est au cours d'une nuit italienne, en 1818, qu'elle écrivit Frankenstein ou le Prométhée moderne, oeuvre fantastique intrigante et moderne. Par la suite, elle continue d'écrire des romans, Valperga en 1823, The Last Man en 1826, ainsi que quelques nouvelles comme Faulkner. A la fin de sa vie, elle s'occupe d'assurer la publication des oeuvres de Percy Shelley, tout en rédigeant des biographies d'auteurs italiens comme Boccace ou Machiavel. Elle meurt en 1851.

 

quatrieme de couverture

Au mois de juin 1816, sur les rives du lac de Genève, Mary Shelley et ses amis cherchent à tromper l'ennui dans le chalet où la pluie les contraint à rster enfermés. Jeux de société, romans "terrifiants" à la mode, tout y passe, jusqu'à ce que Lord Byron leur suggère d'écrire, à leur tour, une histoire de "fantômes". Ainsi naquit Frankenstein, l'histoire d'un savant trop audacieux, incapable de maîtriser le monstre qu'il avait créé : traduit dans des dizaines de langues, adapté plus de quarante fois au cinéma, ce roman écrit par une adolescente de dix-neuf ans allait connaître un succès mondial. A l'instar de Don Juan ou de Faust, le "hideux rejeton" de Mary Shelley s'est hissé au rang de mythe, donnant ainsi à la littérature d'épouvante ses lettres de noblesse.

première phrase

"Vous vous réjouirez d'apprendre que nul accident n'a marqué le commencement d'une entreprise que vous regardiez avec de si funestes pressentiments."

avis personnel

 Le roman débute avec un personnage complètement extérieur à l'histoire : il s'agit de Robert Walton, jeune aventurier qui monte une expédition dans le nord polaire et qui entretient une relation épistolaire avec sa soeur bien-aimée. Lors de cette expédition, il sauve la vie à un certain Victor Frankenstein, avec lequel il se lie d'amitié. C'est au cours de leurs conversations que Victor finit par lui confier sa misérable histoire.

Rien dans la vie de Frankenstein ne laissait présager le drame qui allait le marquer à jamais. Il est élevé dans une famille heureuse, unie et généreuse, qui recueille Elizabeth, la cousine de Victor, aussi douce que belle. Malheureusement, la mère du héros meurt d'une scarlatine mal soignée, et c'est à partir de ce moment qu'il décide de se tourner vers les sciences afin de trouver un moyen de vaincre la mort en créant une espèce nouvelle d'hommes.
Frankenstein va se consacrer corps et âme à ce projet insensé, négligeant sa famille et ses amis, vivant en ermite, complètement obsédé par l'oeuvre de sa vie !
Seulement, juste après avoir insuflé la vie à sa création, Frankenstein est saisi d'horreur et abandonne la créature à son triste sort...

J'ai été agréablement surprise par le début du roman : il s'agit en fait d'un roman par lettre et les récits s'enchâssent les uns dans les autres. Nous avons d'abord le point de vue de Robert Walton, puis celui-ci rapporte à sa soeur la confession de Frankenstein qui donne vers le milieu du roman le point de vue de sa créature au moment de leur rencontre après plusieurs années d'absence, et enfin, à la mort de Frankenstein, Walton est à nouveau le spectateur direct.
Par ce procédé, on a l'impression d'être un témoin privilégié de ces confessions et de pénétrer dans l'intimité des différents intervenants.

 Mary Shelley aborde dans son roman divers thèmes qui se complètent ou s'opposent : la science et la religion, la nature, la paternité et le sens des responsabilités, les apparences et les préjugés, la vertu et le vice.

Ce qui m'a frappé de prime abord, c'est l'omniprésence de la nature dans l'ouvrage, comme si elle en était un des personnages principaux.
Mary Shelley nous dépeint longuement et avec lyrisme ces Alpes majestueuses.
Frankenstein y fait de longues balades dans l'espoir d'y puiser du réconfort; sa Créature s'y terre pour échapper à la méchanceté des hommes et y arracher sa subsistance. Cette nature, magnifique, ne fait que souligner la laideur qui accable la Créature et qui est la cause de tous ses maux. C'est également dans ces montagnes que se rencontrent pour la première fois Créateur et Créature après le rejet du premier.
La nature sera également le cadre de leur dernier affrontement, mais cette fois dans un lieu hostile à la vie humaine puisqu'il s'agit des glaces arctiques.

La paternité et le sens des responsabilités : la Créature de Frankenstein n'a reçu aucun nom, et par cette absence de baptême connaît son premier rejet de la communauté des hommes. Frankenstein utilise à maintes reprises le terme de "monstre" pour la désigner. Et il faudra attendre le point de vue de la créature pour comprendre que Frankenstein porte sa part de responsabilité dans les malheurs qui lui adviennent.
En effet, d'une manière totalement incompréhensible, Frankenstein se détourne de sa création au moment même où il atteint son but après des mois et des mois de travail acharné. L'auteure ne nous fournira aucune explication à part que le savant est saisi d'horreur. La créature disparaît dans la nuit et elle ne réapparaîtra que bien plus tard !
Parce que la créature n'est pas conforme à ses voeux, Frankenstein la renie sans aucun scrupule et la condamne à la solitude et à l'errance. Il n'assume à aucun moment l'échec de son expérience ni ne cherche à réparer le mal qu'il cause à cet être inexpérimenté et inconscient des usages humains.

Les apparences et les préjugés : l'auteure nous brosse longuement l'enfance et l'adolescence de Frankenstein en insistant sur la douceur, la beauté et la générosité de son entourage, surtout la beauté d'ailleurs, cette beauté dont la créature sera par contraste cruellement dépourvue.
Et pourtant, en voulant créer une race de surhommes, Frankenstein prend soin de ne prélever sur les morts des charniers que les plus beaux morceaux anatomiques qu'il assemble ensuite dans son laboratoire.
A cause de cette laideur et de cette difformité, la créature ne pourra jamais s'intégrer dans la communauté des hommes.
Le seul qui l'écoute et la réconforte est aveugle mais le monstre est ensuite chassé par les voyants.
Et c'est au nom de ces apparences que Frankenstein renonce finalement à accéder à la demande de sa créature de lui donner une compagne d'infortune car le risque existe que celle-ci ne soit saisie à son tour d'horreur à la vue de son partenaire...

Le vice et la vertu : la créature était toute disposée à la vertu et à la bonté mais c'est la méchanceté des hommes qui détruit sa bienveillance en la jetant dans une vie de crimes et de destruction. Il n'y a pas de juste milieu avec le monstre et c'est ce qui m'a surprise. Car si ses malheurs et l'injustice dont il est victime provoquent notre compassion, son basculement brutal et définitif dans le mal nous interpelle : on a l'impression qu'il réagit comme un enfant capricieux et impatient, qui, incapable de gérer sa frustration, décide de se venger en cassant les jouets de son frère aîné (ce qui nous ramène au thème de la paternité et de l'irresponsabilité du créateur)...

La science et la religion : au début, dans un but louable de progrès, Frankenstein utilise la science pour apporter un bienfait à l'humanité, mais à trop vouloir jouer à l'apprenti sorcier et en se substituant à Dieu, il provoque au contraire des effets néfastes !
Comme le sous-titre l'indique, Frankenstein est comparé à Prométhée qui, dans la mythologie grecque, créa les hommes à partir de la boue et s'attira le courroux de Zeus. Mais cette comparaison s'arrête là, car contrairement à l'illustre Titan, Frankenstein n'apporte jamais à sa création la connaissance dont il aurait pourtant si besoin. L'auto-instruction de la Créature fait d'ailleurs parti des invraisemblances du livre.

En conclusion, une lecture très agréable, riche en thèmes abordés; nos sentiments naviguent entre la compassion et l'indignation, que ce soit à l'encontre de la Créature comme du Créateur dont les destins sont si intimement et si tragiquement liés !

Appréciation :

note

 

extrait

"Ce fut par une lugubre nuit de novembre que je contemplai mon oeuvre terminée. Dans une anxiété proche de l'agonie, je rassemblai autour de moi les instruments qui devaient me permettre de faire passer l'étincelle de la vie dans la créature inerte étendue à mes pieds. Il était déjà une heure du matin; une pluie funèbre martelait les vitres et ma bougie était presque consumée, lorsque à la lueur de cette lumière à demi éteinte, je vis s'ouvrir l'oeil jaune et terne de cet être; sa respiration pénible commença, et un mouvement convulsif agita ses membres.
Comment décrire mes émotions en présence de cette catastrophe, ou dessiner le malheureux qu'avec un labeur et des soins si infinis je m'étais efforcer de former ? Ses membres étaient proportionnés entre eux, et j'avais choisi ses traits pour leur beauté. Pour leur beauté ! Grand Dieu ! Sa peau jaune couvrait à peine le tissu des muscles et des artères; ses cheveux étaient d'un noir brillants et abondants; ses dents d'une blancheur de nacre; mais ces merveilles ne produisaient qu'un contraste plus horrible avec les yeux transparents, qui semblaient presque de la même couleur que les orbites d'un blanc terne qui les encadraient, et que son teint parcheminé et ses lèvres droites et noires."

divers

Kafka sur le rivage de Haruki Murakami

Ce roman rentre dans le cadre du Challenge Mythologies du Monde organisé par Myrtille - mythe de Prométhée revisité.

Kafka sur le rivage de Haruki Murakami

Challenge organisé par Helran - 3ème escale comptant pour l'Angleterre.

Le Crépuscule des elfes de JL Fetjaine - La Trilogie des elfes,tome 1

Ma 2ème participation au challenge de Ptitetrolle.

Challenge "Un classique par mois"

Le classique du mois de janvier pour le challenge organisé par Stephie.

Challenge "United Kingdom"

Ma 1ère participation au challenge de Vashta Nerada (Angleterre)

babelio

 

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Challenge "United Kingdom"

Challenge "United Kingdom"

Ce challenge, consacré aux auteurs écossais, irlandais , gallois et anglais, est organisé par Vashta Nerada.

Il se compose  de trois catégories: (on peutpasser d'un niveau à un autre en cours de challenge)

1er niveau: Ptit Frenchie:  1 à 5 livres lus
2ème niveau: Touriste: 5 à 10 livres lus
3ème niveau: Naturalisé: (anglais, irlandais, écossais, gallois en fonction de la nationalité la plus lue): 10 ou 15 et plus livres lus.


A ces niveaux s'ajoutent les catégories suivantes: (au moins une catégorie obligatoire, il est possible d'en choisir plusieurs)
  - Trèfle et leprechaun: au moins un livre d'un auteur irlandais.
- Kilt et cornemuse: au moins un livre d'un auteur écossais.
- Tea-time et Big-Ben: Au moins un livre d'un auteur anglais.
- Welsh et dragon: Au moins un livre d'un auteur gallois.

mes participations

Je choisis le niveau Ptit Frenchie et la catégorie Trèfle et leprechaun.

Frankenstein de Mary Shelley (Angleterre) ♦
La Foire aux vanités de W.M. Thackeray (Angleterre) ♦
Les Derniers jours d'Herculanum de Richard Llewellyn (Pays de Galle) ♦
Agnès Grey d'Anne Brontë (Angleterre) ♦
Catherine Morland de Jane Austen (Angleterre) ♦

Lecture commune : La fortune des Rougon organisée par nadou_971

 Lecture commune : La fortune des Rougon organisée par nadou_971

nadou_971 nous propose une virée en compagnie de Zola.
Nous commençons donc avec La Fortune des Rougon :

La fortune des Rougon

Rendez-vous le 1er mars 15 avril pour le compte-rendu de lecture...

dimanche 27 janvier 2013

"Un mois, un thème" : janvier et la musique #20

  

 

Orphée descendu aux enfers

Orphée descendu aux enfers ou La musique
Jean Restout (1692-1768)
Musée du Louvre

J'ai choisi ce tableau parce qu'il répond à deux de mes passions : le XVIIIè siècle d'abord, et la mythologie grecque ensuite.
Je trouve l'histoire d'Orphée et d'Eurydice très émouvante et tristement tragique.
Pourtant, sur ce tableau, rien ne laisse présager l'issue funeste de leur histoire...

 

"Un mois, un thème" : décembre et la neige # 10

La chambre des Dames de Jeanne Bourin

 La chambre des dames de Jeanne Bourin

Fiche détaillée

Auteur > Jeanne Bourin
Editeur > France Loisirs
Genre > Historique (Moyen-Age)
Date de parution > 1984
Nombre de pages > 429
Préface > Régine Pernoud

auteur
(source : Evene)

Jeanne Bourin

Née en 1922, Jeanne Bourin passe une double licence d'histoire et de lettres, après des études au lycée Victor-Duruy. Romancière et historienne médiéviste, elle publie en 1963 son premier livre qui raconte les amours respectives de Pierre de Ronsard et d'Agrippa d'Aubigné. Sa deuxième parution est une biographie d'Agnès Sorel intitulée La dame de beauté et pour laquelle Jeanne Bourin a renoué avec une méthode historique. Mais c'est en 1979 qu'elle connaît son plus grand succès : elle a consacré sept ans de recherche à ce roman qui rassemble critique et public. La chambre des dames, préfacée par Régine Pernoud, met en scènes des marchands et artisans du siècle de Saint-Louis. Le livre obtient plusieurs prix et est traduit en sept langues. Elle écrit en outre la suite de son roman à succès sous le titre du Jeu de la Tentation. Le genre romanesque devient alors sa source fétiche : elle étudie la passion de Pierre de Ronsard pour Cassandre dans Les Amours blessées en 1987 avant de consacrer le début des années 1990 à une histoire des jardins français. Jeanne Bourin a de même organisé plusieurs conférences et écrit de nombreux articles de presse.
Elle meurt en 2003.

 

quatrieme de couverture

Jamais le Moyen Age n'avait encore inspiré un tel roman, chronique chaude et familière d'une famille vivant au XIIIème siècle, dans le royaume de Saint Louis.
Ce roman n'est pas un roman historique au sens habituel du terme. C'est un roman dans l'histoire. Jeanne Bourin y conte l'existence quotidienne des Brunel, orfèvres à Paris, surtout celle des femmes et, tout particulièrement, de deux d'entre elles : Mathilde, la mère, trente-quatre ans, et Florie, sa fille, quinze ans, qui se marie. Tout semble tranquille, assuré. Rien ne l'est car une folle passion et des événements dramatiques vont ravager la vie des Brunel.
Si l'intrigue est imaginaire, le cadre historique, lui, ne l'est pas. Une documentation rigoureuse donne au moindre détail une authenticité que Régine Pernoud, éminente médiéviste, s'est plus à confirmer dans sa préface : les Brunel vivent sous nos yeux comme on vivait en XIIIème siècle rayonnant où l'on mêlait gaillardement vie charnelle et vie spirituelle, quête du corps et quête de l'âme, sans déchirement. A travers La Chambre des dames, tout un temps ressuscite dans sa verdeur, son naturel et son originalité. Nous épousons sa mentalité, tout à la fois voisine et différente de celle d'aujourd'hui. Mathilde, Florie, chaque personnage nous devient familier, nous les aimons comme s'ils étaient des nôtres. C'est ainsi que bien des idées reçues se voient battues en brèche.

première phrase

"Déchirant la nuit qui déclinait, le cor, soudain, sonnait le jour."

avis personnel

J'avais lu ce livre, adolescente, et il m'avait laissé une forte impression. Je le relis longtemps après dans le cadre d'une lecture commune, et je lui trouve toujours autant de charme, même si ce charme me paraît désormais un peu suranné et que certains défauts sont plus visibles à mes yeux.

Or donc, ce qui m'avait séduite et qui continue à me séduire, c'est cette immersion totale dans ce Paris du XIIIè siècle où l'on suit le quotidien d'une famille d'orfèvres, les Brunel. L'auteure décrit avec beaucoup de précision les décors, les costumes, les bijoux, les fêtes, les repas et même les odeurs... On suit certains membres de la famille dans leur visite aux malades de l'Hôtel-Dieu, dans la procession du saint patron de leur guilde, dans les caroles fêtant le mois de mai, dans leurs déplacements d'une région à l'autre... bref, dans les mille et un gestes qui émaillent leur quotidien ! Car c'est un Moyen-Age vivant, coloré, érudit, que nous dépeint l'auteure, loin des clichés habituels sur la noirceur crasse des temps... peut-être même un peu trop idéalisé parfois !
Il y a un détail qui pourra peut-être surprendre les lecteurs(trices) du XXIème siècle mais qui participe au réalisme du livre et c'est l'omniprésence de Dieu dans leurs moindres gestes, dans leurs moindres pensées !

Mais ce livre a également les défauts de ses qualités car dans son souci du détail réaliste, l'auteure ne nous épargne aucun adjectif, aucun substantif dans des phrases à rallonge, si bien que l'on a parfois l'impression qu'elle nous dresse le catalogue d'un marchand médiéval tenant boutique !
Cette lourdeur se ressent dans certains des dialogues où l'auteure enferme des informations qui n'y ont pas leur place et qui donnent l'impression qu'ils sonnent faux...

Concernant l'histoire en elle-même, l'intrigue tourne surtout autour de Mathilde, la mère, et de Florie, la fille aînée, qui vont toutes deux éprouver une passion coupable pour le cousin par alliance de la deuxième, Guillaume Dubourg.
On assiste donc à leur combat intérieur pour résister à cette tentation redoutable et respecter leur devoir envers leurs époux respectifs.
Personnellement, je ne me suis attachée à aucun des personnages de ce triangle amoureux (le seul qui trouve grâce à mes yeux dans le roman est Arnauld, le frère aîné).
Mathilde m'agace par ses lamentations incessantes sur l'impuissance de son époux (le pauvre !).
Florie, si elle m'avait émue lors de ma première lecture, me laisse dans l'incompréhension la plus totale... /!\Attention spoiler/!\Si on lui pardonne sa faiblesse dans la première partie du livre eu égard à sa jeunesse, à son inexpérience et au machiavélisme de Guillaume, on a bien du mal à comprendre sa rechute 6 ans plus tard. Idem, pour Guillaume. Je dois avouer qu'au début, j'éprouvais de la pitié pour lui car il semblait malheureux de ses sentiments envers Florie et qu'il éprouvait de la culpabilité vis-à-vis de son cousin, mais ensuite,son manque flagrant de scrupules, son chantage honteux n'ont attiré que mon mépris. Il fait preuve d'un égoïsme aussi délirant que sa passion est destructrice, ce qui fait de lui un être totalement méprisable./!\Fin du spoiler/!\
Mais c'est justement cela qui fait la force du roman selon moi : des personnages aux prises avec leur conscience et qui se débattent avec leurs contradictions, leurs doutes, leurs faiblesses et leur noirceur.

Bref, malgré quelques défauts, je trouve cette plongée dans l'univers des Brunel passionnante avec des passages très forts, et les drames vécus par cette famille ne peuvent nous laisser indifférent.

Appréciation :

La chambre des Dames de Jeanne Bourin

 

extrait

page 61 :
"Le soir était venu. Avec lui, la fête battait les murs de Paris. Au milieu des chaussées, aux carrefours, sur les places, on dansait, on chantait, on applaudissait, on buvait, on riait. Le long des rues tendues d'étoffes aux couleurs vibrantes, courtines et tapisseries ornaient les fenêtres. Des guirlandes de fleurs, de feuillages décoraient les façades de chaque maison.
Ménestrels, musiciens, jongleurs, conteurs, s'étaient établis un peu partout, jouaient de tous les instruments, apostrophaient les passants, débitaient mille farces, étourdissaient les Parisiens dont les vêtements, tant ils étaient colorés, semblaient tout flambant neufs.
Autour des arbres de Mai, enrubannés, plantés en des endroits choisis, filles et garçons faisaient des rondes. Sur les plus grandes places, on se livrait aux joies de la danse robardoise, à celles de la Belle Aélis, et, bien entendu, à la ballerie de la Reine de Printemps.
Sans hâte, en cadence, une chaîne de jeunes femmes et filles oscillait, place de la Grève, au rythme de la carole."

divers

La suite de La Chambre des Dames : ici

Lecture commune

Lecture commune organisée par A Little Bit Dramatic...
D'autres billets : Aaliz ♦ A Little Bit Dramatic ♦ Jelydragon ♦ Lynn

Challenge "Histoire"

 Ma 3è participation au challenge de Lynnae - avec une brève apparition de Saint Louis.

 

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samedi 26 janvier 2013

Challenge "Un classique par mois"


Challenge "Un classique par mois"
 Stephie reprend ce challenge initié par Cess il y a un an... Comme son nom l'indique, il suffit de lire un classique chaque mois.
Par classique, Stephie entend un livre écrit avant 1961.

EDIT de janvier 2014 : reconduit en 2014 avec quelques modifications :

♣ la période classique est décalée jusque 1970 pour inclure des auteurs comme  Mauriac ou Le Clézio ♣
♣ d'autres formats sont acceptés comme les BDs, les films, les expos... ♣
♣ Une récompense sera attribuée au meilleur challengeur avec un système de points ♣

Système de points :
♣ lecture d'un classique étranger > 10 points ♣
♣ lecture de plus d’un classique par mois > 10 points ♣
♣ visionnage d'une adaptation au moins une fois dans l’année > 5 points (ce bonus ne peut s’obtenir qu’une fois) ♣
♣ écoute d'une lecture audio > 5 points (ce bonus ne peut s’obtenir qu’une fois) ♣

EDIT du 06/01/15 : reconduit en 2015
Le challenge fonctionne toujours de la même manière mais la participation peut être occasionnelle, du coup la récompense du meilleur challengeur ne sera attribuée que dans la catégorie "participation mensuelle" !

EDIT du 11/01/2016 repris par Pr Platypus avec les mêmes règles... et de nouveaux logos !! ^^
Challenge "Un classique par mois"

EDIT du 08/02/17 : Pr Platypus reconduit le challenge !

Année 2017 :

Mars > Agamemnon d'Eschyle
Juin > Le Corsaire Rouge de James Fenimore Cooper
Juin > Le Roi de Fer de Maurice Druon - Les Rois Maudits, tome 1
Juillet > Vies des douze Césars de Suétone

Année 2016 :

JanvierNord et Sud d'Elizabeth Gaskell
MarsL'œillet vert de Robert S. Hichens
Mars > Mademoiselle de Maupin de Théophile Gautier
Avril > Helgvor du Fleuve bleu de J.H. Rosny aîné - Roman des âges farouches 
Novembre > Le Tour d'écrou de James Henry

Année 2015 :

MaiTarass Boulba de Nicolaï Gogol
Mai > Les Métamorphoses d'Ovide
Septembre > Arria Marcella de Théophile Gautier
Septembre > Été d'Edith Wharton

Année 2014 :

JanvierL'Odyssée d'Homère
FévrierPersuasion de Jane Austen
MarsTeleny d'Oscar Wilde
AvrilOrgueil et préjugés de Jane Austen
MaiMoll Flanders de Daniel Defoë
MaiLe félin géant de J.H. Rosny aîné
JuinLa Chronique de Travnik  d'Ivo Andrić
Juin > Emma de Jane Austen
JuilletLady Susan de Jane Austen
JuilletIda Brandt de Herman Bang
AoûtCarmilla de Sheridan Le Fanu
SeptembreSinouhé l'Egyptien de Mika Waltari
DécembreVigdis la farouche de Sigrid Undset 

Année 2013 :

Janvier > Frankenstein de Mary Shelley
Mars > La Foire aux vanités de W.M. Thackeray
Avril > La fortune des Rougon de Zola
Avril > Les Contes macabres d'Edgar Allan Poe (illustrés par Benjamin Lacombe)
Mai > L'Âne d'or ou Les Métamorphoses d'Apulée
Mai > Gradiva, fantaisie pompéienne de Wilhelm Jensen
Mai > Le roman de la momie de Théophile Gautier
Juin > La curée de Zola
Juillet > Lysistrata d'Aristophane
Juillet > La morte amoureuse de Gautier
Juillet > Agnès Grey d'Anne Brontë
Août > Catherine Morland de Jane Austen
Septembre > Le Vampire (d'après Lord Byron) de John Polidori
Septembre > Le ventre de Paris de Zola
Octobre > Mansfield Park de Jane Austen
DécembreL'Iliade d'Homère
DécembreLe coeur et la raison de Jane Austen

jeudi 10 janvier 2013

"Un mois, un thème" : janvier et la musique #10

                                                                                      

lord byron

« Il y a de la musique dans le soupir du roseau ; Il y a de la musique dans le bouillonnement du ruisseau ; Il y a de la musique en toutes choses, si les hommes pouvaient l'entendre. »

de Lord Byron, extrait de Don Juan

J'ai choisi cette citation d'abord pour sa poésie, ensuite pour sa pertinence car les hommes ne prennent plus le temps de savourer les jolies choses simples de la vie (ce n'est apparemment pas un mal nouveau...

 

"Un mois, un thème" : décembre et la neige # 10

mardi 8 janvier 2013

La 99ème page du mardi 8 janvier

 

La 99ème page du mardi 11 décembre...

"L'Henriot aux effluves de poisson pourri, rejoignant le disgracié Alençon qui claudique et Anjou en sang qui ramasse à la hâte des traînes et des rubans, ne demande pas son reste devant la petite fenêtre tandis que Charly 9 se marre :

-Regardez-moi ces anguilles qui crient avant qu'on ne les écorche ! Balle!

Les ricochets multipliés des éteufs sur les parois les touchent encore alors que les trois filent par la fenêtre. Anjou, aux cheveux jaune citron, maquillage de prostituée qui ruisselle, s'empêtre dans des dentelles :

-C'est un malade, ce gars-là ! Il ne joue pas pour jouer mais pour tuer."

 

Charly 9 de Jean Teulé

Ma chronique