Merci à
et aux éditions
pour ce partenariat !
Elle nous invite à suivre , de la Lorraine au sud de la France, en passant par l'Allemagne et la Suisse, les parcours croisés de ces femmes, ces hommes et ces enfants.
Loin des récits militaires, les textes et chansons de Louise révèlent la force de vie et l'humour avec lesquels cette jeune femme affronte sept années de guerre.
Je savais que les Allemands avaient occupé les villages français situés sur la ligne de front lors de la Première Guerre Mondiale, je me doutais que cette présence ennemie avait entraîné l'exode de centaines de personnes (c'est ce qu'ont vécu lors de la Seconde Guerre Mondiale mes arrières-grands-parents ardennais jetés sur les routes de l'exode avec leurs neuf enfants), mais ce que j'ai découvert avec stupeur par le biais de ce livre, c'est que certains villages ont été entièrement vidés de leur population, déportée en Allemagne dans des conditions inhumaines.
Louise voit l'arrivée des troupes allemandes dans son village début septembre 1914. Tous les habitants sont entassés dans l'église durant plusieurs jours tandis que les maisons sont livrées au pillage. Le manque d'aération, d'hygiène, de nourriture, entraîne la mort des plus faibles, vieillards et enfants en bas âge, ou encore la folie chez quelques personnes âgées.
Les occupants font régner la terreur, exige des otages et des rançons. Quand ils ne fusillent pas arbitrairement quelques villageois pour couvrir les bavures de leurs soldats.
Les femmes et les enfants sont ensuite séparés des hommes pour être envoyés dans des camps de concentration en Bavière. Ils sont parqués dans des wagons à bestiaux, sans bagages, sans eau, sans nourriture, pour être accueillis à Amberg sous les crachats et les insultes de la foule allemande, remontée contre les Français par les journaux de propagande. Seuls quelques Allemands leur montrent de la compassion.
Dans les camps, ils doivent à nouveau faire face à la promiscuité, à la malnutrition, au manque d'hygiène, à l'air vicié, qui favorisent les épidémies et emportent les plus âgés et les plus jeunes. Certaines femmes meurent en accouchant quand ce ne sont pas leurs bébés.
Leur quotidien est parfois momentanément amélioré lors de visites officielles afin de masquer les mauvaises conditions de détention. Quand des reproches sont tout de même adressés aux responsables des camps, ceux-ci se retranchent derrière la réputation de malpropreté des Français [réputation qui a survécu jusqu'à ma génération puisque ma correspondante allemande m'a un jour affirmé que nous les Français nous étions sales, sans aucune raison valable puisque nous nous douchons chez nous tous les jours, mais bon, bref, passons....].
En janvier 1915, la guerre perdurant, les femmes et les enfants valides sont renvoyés en France, mais comme la Lorraine est toujours le théâtre des combats, les déportés sont dirigés vers le sud du pays. Les Suisses, qui voient transiter par leur pays ces cortèges de réfugiés, sont effarés de leur extrême maigreur et de l'expression éteinte de leur regard.
Louise et sa mère sont logées dans la Drôme. Les réfugiés ne peuvent se déplacer ou travailler sans autorisation. Louise devra attendre février 1916 avant de pouvoir trouver un emploi.
La cohabitation avec les autochtones se dégrade au fur et à mesure de l'afflux de réfugiés. Si au début, les Provençaux se sont montrés accueillants, ils essaient ensuite de s'y soustraire, et le préfet est obligé de recadrer certains maires en leur rappelant le devoir de solidarité de tous les Français, et en menaçant quelque fois de recourir à la réquisition des logements. Mais la cohabitation n'est pas forcément plus aisée entre les réfugiés eux-mêmes qui sont obligés de se partager les pièces d'une même maison.
Avec son travail, Louise et sa soeur aînée, qui est venue les rejoindre, s'intègrent à la population, se font des amis, goûtent aux plaisirs des jeunes de leur âge. Ces connaissances lui seront utiles quand, lors de la Seconde Guerre mondiale, elle vivra un deuxième exode.
La fin de la guerre n'entraîne pas pour autant le retour immédiat des réfugiés car il faut sécuriser les anciennes zones de combat, assurer leur déminage, reconstruire. Le village de Louise ne possède plus une seule maison debout. Louise et sa famille sont enfin autorisées à retourner dans leur village en 1921, dans une habitation provisoire... Mais le père de famille est mort dans le sud, des séquelles de sa déportation comme d'autres Français...
Pour conclure, j'ai été effarée de découvrir ce pan de notre histoire, que je ne connaissais pas du tout, alors que je suis d'une région voisine. Pendant longtemps, jusqu'à il y a quelques années, peu d'historiens s'étaient penchés sur le sujet, plus intéressés par les souffrances des Poilus. C'est horrible de penser que tous ces civils déportés ont dû vivre avec ces souvenirs extrêmement douloureux sans pouvoir les partager avec le reste de leurs compatriotes. C'est un peu comme si l'Histoire niait ce qu'ils avaient vécu. Je suis choquée que les livres d'histoire de ma scolarité n'y aient jamais fait allusion ! Avec ce témoignage, l'auteure répare un peu cet oubli ! Dommage qu'il n'y ait désormais plus de survivants pour en prendre connaissance.
En tout cas, la lecture a été à la fois très instructive et très intéressante, mais également révoltante pour les traitements inhumains infligés à tous ces civils qui se sont retrouvés au mauvais endroit au mauvais moment. Les carnets et photos de Louise constituent le fil rouge de cet ouvrage, mais l'auteure s'appuie également sur d'autres témoignages lorrains ainsi que les lettres de fonctionnaires français ou allemands.
Et l'on se dit avec tristesse que l'Histoire ne fait que bégayer, car ce témoignage fait écho à d'autres réfugiés, lancés sur les routes à cause de la guerre, déracinés et indésirés, mais cette fois cela se déroule de nos jours...
En janvier 1915, la guerre perdurant, les femmes et les enfants valides sont renvoyés en France, mais comme la Lorraine est toujours le théâtre des combats, les déportés sont dirigés vers le sud du pays. Les Suisses, qui voient transiter par leur pays ces cortèges de réfugiés, sont effarés de leur extrême maigreur et de l'expression éteinte de leur regard.
Louise et sa mère sont logées dans la Drôme. Les réfugiés ne peuvent se déplacer ou travailler sans autorisation. Louise devra attendre février 1916 avant de pouvoir trouver un emploi.
La cohabitation avec les autochtones se dégrade au fur et à mesure de l'afflux de réfugiés. Si au début, les Provençaux se sont montrés accueillants, ils essaient ensuite de s'y soustraire, et le préfet est obligé de recadrer certains maires en leur rappelant le devoir de solidarité de tous les Français, et en menaçant quelque fois de recourir à la réquisition des logements. Mais la cohabitation n'est pas forcément plus aisée entre les réfugiés eux-mêmes qui sont obligés de se partager les pièces d'une même maison.
Avec son travail, Louise et sa soeur aînée, qui est venue les rejoindre, s'intègrent à la population, se font des amis, goûtent aux plaisirs des jeunes de leur âge. Ces connaissances lui seront utiles quand, lors de la Seconde Guerre mondiale, elle vivra un deuxième exode.
La fin de la guerre n'entraîne pas pour autant le retour immédiat des réfugiés car il faut sécuriser les anciennes zones de combat, assurer leur déminage, reconstruire. Le village de Louise ne possède plus une seule maison debout. Louise et sa famille sont enfin autorisées à retourner dans leur village en 1921, dans une habitation provisoire... Mais le père de famille est mort dans le sud, des séquelles de sa déportation comme d'autres Français...
Pour conclure, j'ai été effarée de découvrir ce pan de notre histoire, que je ne connaissais pas du tout, alors que je suis d'une région voisine. Pendant longtemps, jusqu'à il y a quelques années, peu d'historiens s'étaient penchés sur le sujet, plus intéressés par les souffrances des Poilus. C'est horrible de penser que tous ces civils déportés ont dû vivre avec ces souvenirs extrêmement douloureux sans pouvoir les partager avec le reste de leurs compatriotes. C'est un peu comme si l'Histoire niait ce qu'ils avaient vécu. Je suis choquée que les livres d'histoire de ma scolarité n'y aient jamais fait allusion ! Avec ce témoignage, l'auteure répare un peu cet oubli ! Dommage qu'il n'y ait désormais plus de survivants pour en prendre connaissance.
En tout cas, la lecture a été à la fois très instructive et très intéressante, mais également révoltante pour les traitements inhumains infligés à tous ces civils qui se sont retrouvés au mauvais endroit au mauvais moment. Les carnets et photos de Louise constituent le fil rouge de cet ouvrage, mais l'auteure s'appuie également sur d'autres témoignages lorrains ainsi que les lettres de fonctionnaires français ou allemands.
Et l'on se dit avec tristesse que l'Histoire ne fait que bégayer, car ce témoignage fait écho à d'autres réfugiés, lancés sur les routes à cause de la guerre, déracinés et indésirés, mais cette fois cela se déroule de nos jours...
Merci aux éditions Entre-Temps et à Babelio pour ce partenariat !
(sources : Babelio)
Elle a travaillé dans le tourisme et l’édition avant de se consacrer à l’écriture. Elle est auteur de romans et nouvelles, elle écrit également pour les enfants.
Paru aux éditions Kirographaires en octobre 2011, Mamy Grand est son premier roman.
La spécificité de ses publications jeunesse est d’être accessible aux lecteurs dyslexiques.
Sylvie Arnoux réside à Lyon.
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Un ouvrage qu n'a pas l'air facile mais qui nous en apprends plus. belle chronique Parthie :(
RépondreSupprimerMerci Missie ! Oui, la lecture a été poignante... mais édifiante ! J'ai été surprise que ces faits n'aient faits l'objet d'études et n'aient été portés à l'attention du public que tardivement.
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