"C'était le moment où l'on sale la chair crue, quelques nuits avant la Noël."
Oyez la sinistre et triste histoire de Mordred, le chevalier renégat.
La légende veut que Mordred, fruit des amours incestueuses d’Arthur et de sa sœur Morgause, soit un traître, un fou, un assassin. Mais ce que l’on appelle trahison ne serait-il pas un sacrifice ?
Alité après une terrible blessure reçue lors d’une joute, Mordred rêve nuit après nuit pour échapper à la douleur. Il rêve de la douceur de son enfance enfuie, du fracas de ses premiers combats, de sa solitude au sein des chevaliers. Et de ses nombreuses heures passées auprès d’Arthur, du difficile apprentissage de son métier des armes et de l’amour filial. Jusqu’à ce que le guérisseur parvienne à le soigner de ses maux, et qu’il puisse enfin accomplir son destin.
La légende veut que Mordred, fruit des amours incestueuses d’Arthur et de sa sœur Morgause, soit un traître, un fou, un assassin. Mais ce que l’on appelle trahison ne serait-il pas un sacrifice ?
Alité après une terrible blessure reçue lors d’une joute, Mordred rêve nuit après nuit pour échapper à la douleur. Il rêve de la douceur de son enfance enfuie, du fracas de ses premiers combats, de sa solitude au sein des chevaliers. Et de ses nombreuses heures passées auprès d’Arthur, du difficile apprentissage de son métier des armes et de l’amour filial. Jusqu’à ce que le guérisseur parvienne à le soigner de ses maux, et qu’il puisse enfin accomplir son destin.
La plupart des chevaliers de la Table ronde ont fait l'objet de romans, qu'ils soient médiévaux comme contemporains, mais Mordred, à cause de sa réputation perfide et traîtresse, a été le grand négligé de la littérature. C'est un peu el Desdichado du cycle arthurien... Aussi étais-je très curieuse de découvrir de quelle manière l'auteure allait revisiter cette figure maudite. Et grand bien m'en a pris !
Les deux points forts de ce livre sont l'angle choisi pour raconter la
destinée de Mordred et le style de l'auteure, qui, par le choix soigné
du vocabulaire et le rythme des phrases, retranscrit la rudesse de cette
vie au Moyen-Âge, libérée de toutes les fioritures "romantiques".
Justine Niogret nous dépeint un Mordred solitaire et silencieux, que la maladie et la fièvre plongent en ses souvenirs d'enfance, ses escapades dans la nature brumeuse de l'Avallach, son adoubement par Arthur. Tout cela donne une ambiance empreinte de mélancolie et de tristesse, telle la complainte d'un troubadour, accentuée par le huit-clos. En effet, l'intrigue se déroule essentiellement dans le château du roi, et plus particulièrement la chambre où est alité Mordred. Les personnages se résument donc à Mordred, Arthur, le mire et le mystérieux Polîk, qui semble prendre plaisir à tourmenter le jeune homme, à le pousser vers la tentation, si bien que j'ai longtemps cru - et que je crois encore - que Polîk incarne en fait la conscience de Mordred.
Les autres personnages n'apparaissent que dans les songes ou les souvenirs du chevalier : Morgause, sa mère, et Guenièvre, la tentatrice.
A aucun moment Morgause ou Arthur ne disent le nom du père de Mordred. Peut-être Arthur n'en est-il réellement que l'oncle ? Ou peut-être pas. Certaines allusions nous font pourtant deviner la relation incestueuse, et le fruit qui en a découlé. En tout cas, la seule chose sûre est le profond attachement et l'amour sincère qui lient l'oncle au neveu, le neveu à l'oncle, les rendant très touchants.
Malgré les très grandes qualités littéraires de l'ouvrage, je ressens comme un goût d'inachevé car les raisons qui poussent Mordred à accomplir son destin n'ont pas réussi à me convaincre totalement... Pourtant, l'idée était vraiment intéressante, mais elle a peut-être manqué de développement pour que j'y adhère vraiment.
Néanmoins, j'ai adoré l'approche intimiste de l'auteure : Mordred souffre depuis un an dans ses chairs d'une blessure mal soignée, le confinant dans l'inaction et des délires fiévreux. Il n'a plus que l'introspection et ses souvenirs pour passer le temps. Et tous ses doutes, toutes ses souffrances nous le rendent terriblement proche et humain.
”Il faut une victime à toute histoire. Il faut l’argent d’un miroir éteint pour que certains parviennent à voir leur visage. Une chandelle sans nom pour que les scarabées dansent. A tout héros, il faut son reflet. Un perdant pour que les autres gagnent.
Pour conclure, un roman au charme puissant, servi par une écriture très poétique et ciselée. La plume est complètement envoûtante et immersive, et joue sur les ambiguïtés et les non-dits. C'est un livre au rythme contemplatif, jamais ennuyeux, et qui décrit âprement les lieux et les personnages. Une très belle découverte.
”Une femme se tenait là, et Mordred voulut réagir ici comme il le faisait avec le monde, lorsque ce monde était humain : l'ignorer. Mais la femme le dévisageait avec tant de volonté qu'il n'y parvint guère.
Il se trouva incapable de dire s'il l'avait déjà vue. Elle avait les yeux presque violets, un bleu de fleur de mauve. Elle le regardait comme on le fait de la chair lorsqu'on a faim, et Mordred se demanda si elle avait cette même colère, cette colère contre la mort à venir, ces destinées sans échappatoires possibles. Elle était envie et brutalité.
(page 88/89)
(source : Mnémos)
Née dans les années 1980, Justine Niogret est devenue l’une des voix incontournables des littératures françaises de l’imaginaire.
Après avoir écrit quelques nouvelles, c’est avec Chien du heaume, son premier roman, qu’elle est publiée aux Éditions Mnémos en 2009. C’est la révélation et elle enchaîne les prix : Prix Imaginales, Grand Prix de l’Imaginaire – Étonnants Voyageurs, prix des Utopiales et prix Elbakin pour Mordre le bouclier.
Férue de Moyen-Âge, comme en témoigne l’univers âpre et sans merci qu’elle décrit dans ses romans, elle est aussi passionnée d’histoire, de reconstitution, de forge, d’armes blanches, de jeux de rôle et de jeux vidéo.
Remarquée pour sa langue ciselée et percutante, Justine Niogret entraîne le lecteur dans ses mondes à la noirceur lumineuse et à l’onirisme cru.
Après avoir écrit quelques nouvelles, c’est avec Chien du heaume, son premier roman, qu’elle est publiée aux Éditions Mnémos en 2009. C’est la révélation et elle enchaîne les prix : Prix Imaginales, Grand Prix de l’Imaginaire – Étonnants Voyageurs, prix des Utopiales et prix Elbakin pour Mordre le bouclier.
Férue de Moyen-Âge, comme en témoigne l’univers âpre et sans merci qu’elle décrit dans ses romans, elle est aussi passionnée d’histoire, de reconstitution, de forge, d’armes blanches, de jeux de rôle et de jeux vidéo.
Remarquée pour sa langue ciselée et percutante, Justine Niogret entraîne le lecteur dans ses mondes à la noirceur lumineuse et à l’onirisme cru.
Ma 13ème participation au challenge d'Aethelthryth.
Ma 18ème participation au challenge d'Hérisson -
Challenge Littérature de l'Imaginaire organisé par Amarüel (3/24)
Ma 1ère participation au challenge de Mariejuliet -
Je ne tolère le fantastique que dans les légendes médiévales... et je suis fascinée par les légendes celtiques et la geste arthurienne, mouvement très riche et qui m'a toujours énormément plu, au point de lire des textes médiévaux, ce qui n'est pas facile mais assurément enrichissant pour un lecteur. :)
RépondreSupprimerJe vais noter ce livre, je pense qu'il pourrait me plaire et me faire évader dans un monde onirique qui me parle. ^^
Personnellement, j'ai adoré et j'espère que tu seras aussi sensible que moi à la beauté des mots...
SupprimerComme toi, je ne supporte pas le fantastique dans les romans historiques, excepté ceux dont le thème s'y prête, ça a le don de me gâcher la lecture, d'autant que ce n'est pas forcément bien intégré au récit...
J'ai très peu lu jusqu'ici des textes médiévaux, à part quelques poèmes de ci de là, mais il faudrait que je comble cette lacune, malgré la difficulté de l'exercice !