lundi 28 janvier 2013

Frankenstein de Mary Shelley

Frankentsein de Mary Shelley

 Fiche détaillée

Auteur > Mary Shelley
Editeur > GF Flammarion
Genre > roman gothique
Date de parution > 1818 pour l'édition originale , 1979 pour l'édition Flammarion
Titre original > Frankenstein or the Modern Prometheus
Nombre de pages > 320
Traduction > de l'anglais par Germain d'Hangest

auteur
(source : Evene)

Mary Shelley


Née à Londres en 1787, fille de l'écrivaine féministe Mary Wollstonecraft et du philosophe William Godwin, elle grandit dans un milieu littéraire et anarchiste, et reçut une excellente education culturelle, connaissant le grec, le latin et le français. Elle épouse à l'âge de seize ans le poète et veuf Percy Bisshe Shelley. Elle fréquente avec lui Lord Byron et voyage en Suisse et en Italie. C'est au cours d'une nuit italienne, en 1818, qu'elle écrivit Frankenstein ou le Prométhée moderne, oeuvre fantastique intrigante et moderne. Par la suite, elle continue d'écrire des romans, Valperga en 1823, The Last Man en 1826, ainsi que quelques nouvelles comme Faulkner. A la fin de sa vie, elle s'occupe d'assurer la publication des oeuvres de Percy Shelley, tout en rédigeant des biographies d'auteurs italiens comme Boccace ou Machiavel. Elle meurt en 1851.

 

quatrieme de couverture

Au mois de juin 1816, sur les rives du lac de Genève, Mary Shelley et ses amis cherchent à tromper l'ennui dans le chalet où la pluie les contraint à rster enfermés. Jeux de société, romans "terrifiants" à la mode, tout y passe, jusqu'à ce que Lord Byron leur suggère d'écrire, à leur tour, une histoire de "fantômes". Ainsi naquit Frankenstein, l'histoire d'un savant trop audacieux, incapable de maîtriser le monstre qu'il avait créé : traduit dans des dizaines de langues, adapté plus de quarante fois au cinéma, ce roman écrit par une adolescente de dix-neuf ans allait connaître un succès mondial. A l'instar de Don Juan ou de Faust, le "hideux rejeton" de Mary Shelley s'est hissé au rang de mythe, donnant ainsi à la littérature d'épouvante ses lettres de noblesse.

première phrase

"Vous vous réjouirez d'apprendre que nul accident n'a marqué le commencement d'une entreprise que vous regardiez avec de si funestes pressentiments."

avis personnel

 Le roman débute avec un personnage complètement extérieur à l'histoire : il s'agit de Robert Walton, jeune aventurier qui monte une expédition dans le nord polaire et qui entretient une relation épistolaire avec sa soeur bien-aimée. Lors de cette expédition, il sauve la vie à un certain Victor Frankenstein, avec lequel il se lie d'amitié. C'est au cours de leurs conversations que Victor finit par lui confier sa misérable histoire.

Rien dans la vie de Frankenstein ne laissait présager le drame qui allait le marquer à jamais. Il est élevé dans une famille heureuse, unie et généreuse, qui recueille Elizabeth, la cousine de Victor, aussi douce que belle. Malheureusement, la mère du héros meurt d'une scarlatine mal soignée, et c'est à partir de ce moment qu'il décide de se tourner vers les sciences afin de trouver un moyen de vaincre la mort en créant une espèce nouvelle d'hommes.
Frankenstein va se consacrer corps et âme à ce projet insensé, négligeant sa famille et ses amis, vivant en ermite, complètement obsédé par l'oeuvre de sa vie !
Seulement, juste après avoir insuflé la vie à sa création, Frankenstein est saisi d'horreur et abandonne la créature à son triste sort...

J'ai été agréablement surprise par le début du roman : il s'agit en fait d'un roman par lettre et les récits s'enchâssent les uns dans les autres. Nous avons d'abord le point de vue de Robert Walton, puis celui-ci rapporte à sa soeur la confession de Frankenstein qui donne vers le milieu du roman le point de vue de sa créature au moment de leur rencontre après plusieurs années d'absence, et enfin, à la mort de Frankenstein, Walton est à nouveau le spectateur direct.
Par ce procédé, on a l'impression d'être un témoin privilégié de ces confessions et de pénétrer dans l'intimité des différents intervenants.

 Mary Shelley aborde dans son roman divers thèmes qui se complètent ou s'opposent : la science et la religion, la nature, la paternité et le sens des responsabilités, les apparences et les préjugés, la vertu et le vice.

Ce qui m'a frappé de prime abord, c'est l'omniprésence de la nature dans l'ouvrage, comme si elle en était un des personnages principaux.
Mary Shelley nous dépeint longuement et avec lyrisme ces Alpes majestueuses.
Frankenstein y fait de longues balades dans l'espoir d'y puiser du réconfort; sa Créature s'y terre pour échapper à la méchanceté des hommes et y arracher sa subsistance. Cette nature, magnifique, ne fait que souligner la laideur qui accable la Créature et qui est la cause de tous ses maux. C'est également dans ces montagnes que se rencontrent pour la première fois Créateur et Créature après le rejet du premier.
La nature sera également le cadre de leur dernier affrontement, mais cette fois dans un lieu hostile à la vie humaine puisqu'il s'agit des glaces arctiques.

La paternité et le sens des responsabilités : la Créature de Frankenstein n'a reçu aucun nom, et par cette absence de baptême connaît son premier rejet de la communauté des hommes. Frankenstein utilise à maintes reprises le terme de "monstre" pour la désigner. Et il faudra attendre le point de vue de la créature pour comprendre que Frankenstein porte sa part de responsabilité dans les malheurs qui lui adviennent.
En effet, d'une manière totalement incompréhensible, Frankenstein se détourne de sa création au moment même où il atteint son but après des mois et des mois de travail acharné. L'auteure ne nous fournira aucune explication à part que le savant est saisi d'horreur. La créature disparaît dans la nuit et elle ne réapparaîtra que bien plus tard !
Parce que la créature n'est pas conforme à ses voeux, Frankenstein la renie sans aucun scrupule et la condamne à la solitude et à l'errance. Il n'assume à aucun moment l'échec de son expérience ni ne cherche à réparer le mal qu'il cause à cet être inexpérimenté et inconscient des usages humains.

Les apparences et les préjugés : l'auteure nous brosse longuement l'enfance et l'adolescence de Frankenstein en insistant sur la douceur, la beauté et la générosité de son entourage, surtout la beauté d'ailleurs, cette beauté dont la créature sera par contraste cruellement dépourvue.
Et pourtant, en voulant créer une race de surhommes, Frankenstein prend soin de ne prélever sur les morts des charniers que les plus beaux morceaux anatomiques qu'il assemble ensuite dans son laboratoire.
A cause de cette laideur et de cette difformité, la créature ne pourra jamais s'intégrer dans la communauté des hommes.
Le seul qui l'écoute et la réconforte est aveugle mais le monstre est ensuite chassé par les voyants.
Et c'est au nom de ces apparences que Frankenstein renonce finalement à accéder à la demande de sa créature de lui donner une compagne d'infortune car le risque existe que celle-ci ne soit saisie à son tour d'horreur à la vue de son partenaire...

Le vice et la vertu : la créature était toute disposée à la vertu et à la bonté mais c'est la méchanceté des hommes qui détruit sa bienveillance en la jetant dans une vie de crimes et de destruction. Il n'y a pas de juste milieu avec le monstre et c'est ce qui m'a surprise. Car si ses malheurs et l'injustice dont il est victime provoquent notre compassion, son basculement brutal et définitif dans le mal nous interpelle : on a l'impression qu'il réagit comme un enfant capricieux et impatient, qui, incapable de gérer sa frustration, décide de se venger en cassant les jouets de son frère aîné (ce qui nous ramène au thème de la paternité et de l'irresponsabilité du créateur)...

La science et la religion : au début, dans un but louable de progrès, Frankenstein utilise la science pour apporter un bienfait à l'humanité, mais à trop vouloir jouer à l'apprenti sorcier et en se substituant à Dieu, il provoque au contraire des effets néfastes !
Comme le sous-titre l'indique, Frankenstein est comparé à Prométhée qui, dans la mythologie grecque, créa les hommes à partir de la boue et s'attira le courroux de Zeus. Mais cette comparaison s'arrête là, car contrairement à l'illustre Titan, Frankenstein n'apporte jamais à sa création la connaissance dont il aurait pourtant si besoin. L'auto-instruction de la Créature fait d'ailleurs parti des invraisemblances du livre.

En conclusion, une lecture très agréable, riche en thèmes abordés; nos sentiments naviguent entre la compassion et l'indignation, que ce soit à l'encontre de la Créature comme du Créateur dont les destins sont si intimement et si tragiquement liés !

Appréciation :

note

 

extrait

"Ce fut par une lugubre nuit de novembre que je contemplai mon oeuvre terminée. Dans une anxiété proche de l'agonie, je rassemblai autour de moi les instruments qui devaient me permettre de faire passer l'étincelle de la vie dans la créature inerte étendue à mes pieds. Il était déjà une heure du matin; une pluie funèbre martelait les vitres et ma bougie était presque consumée, lorsque à la lueur de cette lumière à demi éteinte, je vis s'ouvrir l'oeil jaune et terne de cet être; sa respiration pénible commença, et un mouvement convulsif agita ses membres.
Comment décrire mes émotions en présence de cette catastrophe, ou dessiner le malheureux qu'avec un labeur et des soins si infinis je m'étais efforcer de former ? Ses membres étaient proportionnés entre eux, et j'avais choisi ses traits pour leur beauté. Pour leur beauté ! Grand Dieu ! Sa peau jaune couvrait à peine le tissu des muscles et des artères; ses cheveux étaient d'un noir brillants et abondants; ses dents d'une blancheur de nacre; mais ces merveilles ne produisaient qu'un contraste plus horrible avec les yeux transparents, qui semblaient presque de la même couleur que les orbites d'un blanc terne qui les encadraient, et que son teint parcheminé et ses lèvres droites et noires."

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10 commentaires:

  1. Bonsoir :) Tout d'abord un très joli blog ^^ Ensuite et surtout un magnifique article que j'ai lu avec beaucoup de plaisir :) Et qui me donne vraiment envie de me plonger dans le roman qui attend patiemment que je le déloge de son étagère depuis un certain temps ^^ J'avoue que je repoussais l'échéance, esayant de balayer de ma mémoire les images du film de Brannagh (bien que j'ai apprécié), afin de découvrir totalement l'histoire. Mais ton article me fait penser que quoiqu'il arrive, j'aurais forcément un oeil neuf sur l'histoire, ne serait-ce que par son style epistolaire. Merci d'avoir ranimé mon envie de le lire

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  2. Merci beaucoup pour tous ces compliments si flatteurs !! Je suis ravie de t'avoir donné envie de lire ce roman, mais en même temps, quelle responsabilité... J'espère que tu prendras autant plaisir que moi à sa découverte ! J'avoue que j'avais quelques préjugés avant de le commencer, liés à tout le folklore cinématographique , mais finalement j'ai été agréablement surprise ! Bonne lecture ! Je lirai avec plaisir ton avis personnel sur le livre...

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  3. Je l'ai lu il y a quelques années et j'avais beaucoup apprécié. D'ailleurs, j'ai commencé à revoir le film (je n'ai pas terminé, je regarde souvent un film en plusieurs fois, quand tout le monde est couché !) avec Kenneth Branagh, il me semble qu'il est assez fidèle. Merci de ta participation :) Bonne soirée^^

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  4. Bonjour Myrtille,J'avais vu le film il y a plusieurs années mais je l'avais pris en cours de route... Il faudrait que je le revisionne car je ne me rappelle rien à vrai dire... sauf que De Niro jouait la créature il me semble...
    Bonne journée à toi !

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  5. Voilà qui a l'air intéressant, le type d'histoire dont on entend parler sans avoir pris le temps de vraiment la découvrir ! Hop sur ma wish list ! 

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  6. C'est exactement cela... Bonne découverte à toi !

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  7. Oui, j'ai été agréablement surprise par ce roman...

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  8. Qu'est ce que j'adore ce livre!! Tu me donnes envie de le relire :)

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