Auteur > Jean Teulé
Editeur > Julliard
Genre > Farce historique
Date de parution > 2011
Nombre de pages > 232
(source : Evene)
Né le 26 février 1953 à Saint-Lô, Jean Teulé se lance dans la bande dessinée au début des années 80 et signe entre autres Bloody Mary en 1984, Filles de nuit l’année suivante et Sita-Java en 1986 chez Glénat. Puis il se tourne vers le petit écran. On le retrouve notamment sur Antenne 2 dans L’Assiette anglaise avec Bernard Rapp, puis sur Canal + dans Nulle part ailleurs. À l’aube des années quatre-vingt-dix, Teulé quitte la télévision pour se consacrer exclusivement à l’écriture. En 1991, il publie aux Éditions Julliard Rainbow pour Rimbaud (qu’il adaptera lui-même au cinéma en 96) puis L'Œil de Pâques l’année d’après. Suivront Balade pour un père oublié en 1995, Bord cadre en 1999 et Les Lois de la gravité en 2003. Au total, il écrira une dizaine de récits fictifs et historiques. En 2007, son roman Darling (1998) est adapté sur grand écran par Christine Carrière.
Homme de télévision, scénariste, écrivain… Jean Teulé endosse également le rôle d’acteur à diverses reprises (Romaine en 1997, Caché de Michael Haneke en 2005, Prix de la mise en scène à Cannes). Après le Magasin des suicides en 2007, il publie Le Montespan, couronné par le Grand Prix Palatine du roman historique et le prix Maison de la Presse 2008. Julliard éditera par la suite Mangez-le si vous voulez (2009) et Charly 9 en 2011, un nouveau roman historique centré sur le sort du roi Charles IX de France, à l’origine du massacre de la Saint-Barthélemy. Un acte que le souverain n’arrivera jamais à assumer et qui le fera sombrer dans la folie.
Charles IX fut de tous nos rois de France l'un des plus calamiteux.
A 22 ans, pour faire plaisir à sa mère, il ordonna le massacre de la Saint Barthélemy qui épouvanta l'Europe entière. Abasourdi par l'énormité de son crime, il sombra dans la folie. Courant le lapin et le cerf dans les salles du Louvre, fabriquant de la fausse monnaie pour remplir les caisses désespérément vides du royaume, il accumula les initiatives désastreuses.
Transpirant le sang par tous les pores de son pauvre corps décharné, Charles IX mourut à 23 ans, haï de tous.
Pourtant, il avait un bon fond.
"- Un mort ?"
Par où commencer ?
Je me suis ennuyée. Mortellement. Je me suis surprise à lire certains passages mécaniquement en pensant à autre chose, si bien que j'étais obligée de recommencer - punition suprême !!
C'est écrit d'une manière totalement décousue. J'imagine que c'est pour mieux souligner la folie qui gagne peu à peu le roi mais je n'ai jamais accroché à ce parti pris ! Les chapitres, courts, se suivent sans queue ni tête. Il paraît que c'est une farce (définition = qui a comme but de faire rire et qui a souvent des caractéristiques grossières). Mais n'est pas Molière ni Octave Mirbeau qui veut ! Par contre, pour ce qui est des grossièretés, nous sommes copieusement servis : "Oh, mille pines de Dieu bouffées par le chancre" (p.122) - "Salope de Marguerite. je te compisse, gargouilleuse, truie pisseuse, malefille ! Puterelle, au con gros et mollet rejetant foutre blanc comme lait..." (p.149) - "Putain, bagasse, chienne !" (p.169 où le roi se laisse aller à ces mignonneries verbales lors de ses ébats amoureux) - "Ah, puterelle, corne de bouc ! Foutredieu !" (p.197) - "Hilh de pute macarel ! Filz à putein ! Cordieu ! Mort de ta vie ! Nom de bleu ! "(p.227) ! - ceci n'est qu'un petit florilège non exhaustif, oui, je suis sympa, je vous en ai laissé sous le coude juste pour le plaisir de la découverte !
Attention ! Les grossièretés en elles-mêmes ne me gênent pas, mais là, j'avais juste l'impression que c'était pour faire couleur locale et donner une espèce d'authenticité d'époque au récit. Remarquez que nos ancêtres s'insultaient d'une manière très fleurie et avaient le sens de la formule ! ^^ Mais voilà, je trouve cela très mal intégré au texte...
Bref, l'humour revendiqué par l'auteur et les ressorts comiques auxquels il s'essaie tombent complètement à plat ! C'en est même pénible à la longue !
Le sommet du mauvais goût est atteint page 118 (entre autre !^^) lors d'un dialogue entre Catherine de Médicis et son fils Anjou, le futur Henri III :
" Mes Chers Yeux sourit :
- Et là, c'est bizarre aussi la fille qui donne le sein à un vieillard sur le troisième bas-relief...
- Il illustre l'histoire de la belle Péro qui lors de visites en une prison romaine allaitait en cachette son père condamné à y mourir de faim. Tu m'allaiterais, Henri, si j'étais à la place du père et que tu faisais la fille ?
Anjou relâche de ses phalanges baguées le rideau qui se rabat devant la fenêtre, se retourne et rit :
- Mais je fais la fille !... Demande aux garçons. Mes mignons me trouvent... charmante ! "
Peu importe l'orientation sexuelle présumée, réelle ou fantasmée d'Anjou et de ses mignons (qui étaient en fait très querelleurs, très bagarreurs et très sourcilleux sur les questions d'honneur), mais je trouve cette phrase mise dans la bouche d'Anjou tellement affligeante de facilité, tellement beauf, tellement... Bref, passons.
Tout est à l'avenant dans ce livre, tout y est poussif, grotesque et caricatural.
Les personnages sont tous des pantins sinistres sans aucune âme. Henri de Navarre, le beau-frère protestant de Charly, ne semble guère affecté par le massacre de la Saint Barthélémy et plaisante de bon coeur avec les assassins de ses coreligionnaires.
La famille Valois fait passer les Borgia dans leur légende la plus noire pour des enfants de choeur; elle forme un ramassis de fous, d'assassins, de névrosés morbides, de crétins congénitaux, d'êtres titillés par l'envie d'inceste, de fratricide, de matricide, d'infanticide, bref des gens fort peu fréquentables ! ^^
A l'instar d'Alexandre Dumas, je veux bien "que l'on viole l'histoire, à condition de lui faire de beaux enfants", mais là, Teulé a accouché d'un "gnome difforme" !
Pour conclure, je ne sais foutredieu pas comment l'auteur (et le pauvre lecteur) a réussi à tenir 230 pages avec ... rien. Lecteur, passez votre chemin si vous ne voulez assister à la St Barthélémy de la littérature et contentez-vous de lire la 4è de couverture (qui est finalement le seul passage qui m'ait fait sourire !), vous économiserez ainsi votre temps et votre argent...
Appréciation :
Ma 1ère participation en binôme avec Stephanie-plaisir de lire;
Ma 4ème participation au challenge de Miyuki. - toujours pas de prince charmant !
Ma 2è participation au challenge de Lynnae
D'autres billets : Achille 49 ♦ Jelydragon ♦ Nelcie ♦ Purple Velvet ♦
Tu dis que n'est pas Molière ou Mirbeau qui veut et je suis complètement d'accord avec toi. J'ajouterais même : n'est pas Alexandre Dumas qui veut. J'ai lu les oeuvres de ce dernier, concernant les Valois, quand j'étais déjà la fac (du coup, j'avais déjà pris le pli d'être sourcilleuse sur les erreurs historiques ^^) et pourtant, je n'ai jamais été gênée par les libertés qu'il prenait. Tandis que j'avais trouvé Le Montespan complètement abérant ! Je ne l'ai d'ailleurs même pas terminé (j'ai dû lire une centaine de pages, tout au plus), tellement j'ai été sidérée par ce style ! Je n'ai pas du tout aimé...comme toi, j'ai trouvé que trop de grossièreté finit par tuer complètement le récit. Et puis j'ai trouvé un peu réducteur de faire de Madame de Montespan une femme lascive et sans cervelle sous prétexte qu'elle était maîtresse royale...Madame de Montespan est au contraire connue pour son esprit...donc bon... Cette première expérience ne m'a absolument pas donné envie, ensuite, de découvrir Charly 9. Je ne sens pas ce roman, malgré tous les éloges que j'ai pu lire dessus. Mais j'ai aussi vu des avis carrément mitigés qui me confortent dans mon idée de ne pas tester cette lecture...déjà, rien que le résumé m'énerve : on sait aujourd'hui que Charles IX n'a jamais commandité la Saint-Barthélémy...je trouve ça tellement réducteur ! Comme tu le dis, les derniers Valois traînent depuis des siècles une légende noire qui leur colle à la peau et c'est terrible parce que, si on se penche un peu sur leur histoire, on se rend compte que, oui, d'accord, ils avaient plus ou moins des tares congénitales mais qu'ils avaient aussi des qualités certaines. Henri III n'était pas qu'une femme et Catherine de Médicis a été une politique : elle a tout de même géré la France d'une main de maître après la mort de son époux...personnellement, je ne pense pas qu'elle soit responsable des Guerres de Religion, bien au contraire. Et puis, peut-être que Charles IX aurait pu être un bon roi s'il n'avait pas été de santé fragile, physique comme mentale ? Mais de là à en faire un fou qui commande la mort de milliers de personnes pour faire plaisir à sa mère...Non, vraiment, j'ai du mal... Je crois que j'ai tout simplement du mal à supporter quand on massacre, comme ça, impunément, l'Histoire de France ! :D
RépondreSupprimerJ'ai lu également le Montespan et je n'avais pas aimé non plus ! Comme toi, les libertés prises avec l'Histoire ne me dérangent pas dès l'instant que cela ne tourne pas au jeu de massacre ! Pour en revenir aux Valois, j'ai lu les biographies d'Henri III: roi shakespearien par Chevallier et de Catherine de Médicis par Cloulas, deux très bonnes biographies que je te conseille vivement et qui remettent tout en perspective.
RépondreSupprimerCatherine était une femme très intelligente. L'horreur innommable de la St Barthélémy a occulté tout le reste. Mais il faut se souvenir que la France était alors plongée dans les guerres de religion, que les clans ultra-catholiques et ultra-protestants se déchiraient et s'entre-tuaient dans une France affaiblie, gouvernée par une reine veuve et étrangère et des rois mineurs. La reine -mère a tenté par tous les moyens de maintenir ses fils sur le trône en pratiquant la politique dangereuse de la bascule : quand les catholiques étaient trop puissants, elle soutenait les protestants et quand les protestants étaient trop puissants elle soutenait les catholiques... Malheureusement elle n'a pu empêcher le terrible et monstrueux dérapage de cette fameuse nuit qui restera à jamais inscrite dans notre mémoire collective effaçant la tolérance qui était plutôt sa ligne de conduite... Je me souviens qu'enfant, j'avais visité les châteaux de la Loire et la remarque judicieuse du guide de Chaumont sur Loire m'avait marquée. Ce guide, ayantt souligné la légende noire dont souffrait Catherine de Médicis et qui était injustifiée à ses yeux, avait alors rapporté l'anecdote suivante : à la mort de son époux, Catherine aurait pu chercher à se venger de la maîtresse du roi, Diane de Poitiers, mais elle s'était contentée de la forcer à échanger Chenonceaux contre Chaumont ! Je ne sais pas pourquoi cela m'avait autant marquée mais c'est à partir de ce moment là que j'ai commencé à me pencher sur le cas Catherine de Médicis...
J'ai à peu prêt le même avis que toi sur ce roman. J'avais un peu plus aimé le Montespan, mais pas adoré non plus. Je ne pense rien lire d'autres de l'auteur.
RépondreSupprimerje suis désolée que mon choix n'ait pas répondu à tes attentes. Je suis maintenant un peu plus frileuse pour lire ce livre.
RépondreSupprimer@Jelydragon
RépondreSupprimerComme toi, j'avais un peu plus apprécié le Montespan. J'avais déjà lu Je, Villon et j'avais beaucoup aimé (peut-être parce que je ne savais pas grand chose de la vie de ce poète), mais plus je lis du Teulé et moins j'apprécie. Je vais quand même lire les deux livres que m'a prêtés ma belle-mère mais ensuite, j'arrête ! @Stephanie
Tu n'as vraiment pas à être désolée, ça fait un livre de moins dans ma PAL... Je crois que mon problème vient du fait que j'ai étudié l'histoire à la fac, du coup, je me montre sûrement trop pinailleuse à l'égard de ce genre de roman. Peut-être que tu porteras un autre regard sur ce livre et que tu sauras apprécier l'humour de l'auteur...