Auteur > Jeanne Bourin
Editeur > France Loisirs
Genre > Historique (Moyen-Age)
Date de parution > 1984
Nombre de pages > 445
(source : Evene)
Née en 1922, Jeanne Bourin passe une double licence d'histoire et de lettres, après des études au lycée Victor-Duruy. Romancière et historienne médiéviste, elle publie en 1963 son premier livre qui raconte les amours respectives de Pierre de Ronsard et d'Agrippa d'Aubigné. Sa deuxième parution est une biographie d'Agnès Sorel intitulée La dame de beauté et pour laquelle Jeanne Bourin a renoué avec une méthode historique. Mais c'est en 1979 qu'elle connaît son plus grand succès : elle a consacré sept ans de recherche à ce roman qui rassemble critique et public. La chambre des dames, préfacée par Régine Pernoud, met en scènes des marchands et artisans du siècle de Saint-Louis. Le livre obtient plusieurs prix et est traduit en sept langues. Elle écrit en outre la suite de son roman à succès sous le titre du Jeu de la Tentation. Le genre romanesque devient alors sa source fétiche : elle étudie la passion de Pierre de Ronsard pour Cassandre dans Les Amours blessées en 1987 avant de consacrer le début des années 1990 à une histoire des jardins français. Jeanne Bourin a de même organisé plusieurs conférences et écrit de nombreux articles de presse.
Elle meurt en 2003.
Après La Chambre des dames, Le jeu de la tentation est le second volet de la chronique familiale des Brunel, marchands et artisans, vivant en Ile-de-France, en ce XIIIe siècle rayonnant que Jeanne Bourin a su merveilleusement ressusciter.
Nous sommes en juin 1266, le dernier bel été du règne de saint Louis. Marie, la plus jeune fille des Brunel, est veuve depuis deux ans et mère attentionnée de deux enfants, Vivien et Aude. Elle a vingt-sept ans, un métier qu'elle adore, enlumineresse, et un amant fougueux, Côme Perrin, maître mercier.
Mais Marie est déchirée entre son amour maternel et son penchant pour Côme. De plus, trois Lombards, truands et criminels, font peser sur sa famille une terrible menace. Dans cette période encore paisible, le destin des Brunel préfigure les malheurs qui vont s'abattre sur le royaume.
Sous le regard d'Aude, la propre fille de Marie, commence alors le jeu de la tentation : argent, luxure, violence, désespoir, mort, et jusqu'à la sainteté et au martyre.
"Le matin d'été foisonnait de promesses."
L'histoire se déroule onze après la fin de La Chambre des dames. Mathilde, la mère, est morte peu de temps après le mariage de sa fille Jeanne avec un drapier de Blois, laissant ses enfants et son mari désemparés. Celui-ci ne vit plus que dans le souvenir de sa femme, et la petite dernière, Marie, qui n'était qu'une enfant dans le tome 1, s'est mariée par dépit à Robert Leclerc, un enlumineur comme elle, décédé depuis 2 ans dans des circonstances troubles.
Au début du roman, une partie de la famille et quelques amis sont réunis pour fêter la St Jean dans la maison campagnarde de son beau-père à Gentilly, située à quelques lieues de la capitale. Malheureusement, drames et scandales s'apprêtent à frapper durement les Brunel...
Pour les lecteurs qui espéraient retrouver Florie dans cette suite, autant les prévenir tout de suite : l'inoubliable héroïne de La Chambre des dames n'y fait qu'une brève apparition en compagnie de son mari Philippe, et n'est plus que l'ombre d'elle-même, "beauté fanée [paraissant] rongée de l'intérieur.(...) [considérant] sa stérilité comme un châtiment mérité." (page 269)
Arnault et sa femme Djounia ne sont évoqués que par le frère de cette dernière, Djamal, étudiant égyptien qui est tombé amoureux d'Agnès, la coquette fille adoptive de Florie.
Ce sont donc surtout les petits-enfants de Mathilde et d'Étienne qui sont mis en avant ici : les adolescents Blanche et Thomas, enfants de Bertrand et Laudine, et leur cousine Agnès, ainsi que Vivien et Aude, les jeunes enfants de Marie.
L'histoire est vue alternativement à travers les yeux de Marie, accaparée par sa liaison toute fraîche avec Côme Perrin, et à travers ceux d'Aude, sa fille, possessive et exigeante.
Si le récit est tout à fait plaisant, je dois avouer qu'aucune des deux narratrices n'a trouvé grâce à mes yeux. Les tergiversations continuelles de la jeune veuve m'ont profondément agacée d'autant que l'on a droit de sa part à des introspections plus que complètes et redondantes qui, pour un paragraphe, en comptent cinq ! Les états d'âme de Marie ont d'ailleurs failli m'être fatale puisque c'est à l'un deux que ma lecture s'est brutalement arrêtée il y a deux ans et que je ne l'ai reprise qu'au mois de décembre dernier...
Quant à Aude, elle est dotée d'une nature tellement excessive, passionnée, moralisatrice, capricieuse et intransigeante qu'il est bien difficile de s'attacher à elle.
Encore heureux que le jeune couple d'amoureux platonique formé par Agnès et Thomas est là pour apporter un peu de fraîcheur et provoquer chez le lecteur un élan de sympathie !
Malgré quelques personnages exaspérants et la plume très bavarde de l'auteure, ce fut un réel plaisir de s'immerger à nouveau dans le quotidien de la famille Brunel ! Cette fois, l'atelier d'enluminure et l'échoppe de mercerie ont remplacé la boutique d'orfèvrerie, et les truands Lombards les étudiants Goliards. De plus, nous passons plus de temps à la campagne au temps des moissons et des fêtes de village que dans les rues encombrées de Paris, si bien que l'intérêt du lecteur est vraiment renouvelé. Car l'auteure excelle toujours autant à retranscrire l'atmosphère et les coutumes de la fin de règne de Saint Louis, dans un style moins lourd que dans le 1er tome, même si elle cède parfois à quelques facilités narratives...
Bref, malgré quelques réserves, cette relecture ne m'a procuré que du bonheur !
Appréciation :
”Dans un fracas de cris, d'appels, d'interjection, de hennissements, de discussions, de braiments, de jurons, parmi les odeurs, les senteurs, les relents, les bouquets, les remugles, les fumets, les exhalaisons de la marée, de la boucherie, des épices, de la crémerie, du crottin, des jardins, des eaux salies, de la vinaille, et des fortes transpirations, il fallait se faufiler en essayant de ne se faire ni bousculer, ni peloter, ni écraser les orteils. Ce n'était pas facile.
Marie réussit cependant à s'extraire de l'agitation qui tourbillonnait principalement devant les portes de l'enceinte à l'intérieur de laquelle s'engouffrait le gros du public, et à prendre pied sur le sol plus calme entourant le chevet de Saint-Eustache.
Comme elle y parvenait, elle se trouva en face d'un homme dont le regard insolent croisa un instant le sien. Etait-ce parce qu'il était jeune, beau, bien bâti, élégant, ou parce que ses prunelles pers lui parurent luisantes et cruelles comme celles d'un félin ? Une sorte de secousse la traversa, lui serra le ventre, lui fit sauter le cœur. Pourquoi ? Était-ce peur ou trouble ? Qui était cet homme ? Et que lui importait ce qu'il pouvait être ? Elle ne le connaissait pas, était certaine de ne l'avoir jamais rencontré... Le temps qu'elle se reprenne, il avait disparu.
(page 243-244)
La Chambre des Dames : ici
Lecture commune organisée par A Little Bit Dramatic...
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Ma 44è participation au challenge de Lynnae - nous rencontrons Etienne Boileau, prévôt de Paris
Ma 8ème participation au challenge d'Hérisson -
J'ai à peu près le même ressenti que toi à propos de cette lecture...j'ai trouvé cette saga très agréable à lire malgré ses défauts et c'est finalement un très beau tableau médiéval.
RépondreSupprimerJe n"ai pas encore lu le très célèvre roman de la chambre des dames mais je l'ai dans ma Pal, si j'apprécie (je pense que ce sera le cas ^^) je me plongerai avec plaisir dans cette suite. J'adore les sagas qui s'étalent sur plusieurs générations en plus.
RépondreSupprimer@A-Little-Bit,
RépondreSupprimerFinir cette lecture m'a donné envie de relire les autres romans de Bourin et découvrir ceux que je n'ai toujours pas lus... Par contre, je suis dégoûtée, j'avais prêté les 2 tomes des Pérégrines il y a plusieurs années et ils sont désormais perdus dans la nature...
@Missie,
Oui, moi aussi, j'adore les sagas sur plusieurs générations... j'adore voir l'évolution des personnages et de leur progéniture... Pour en revenir à La chambre des dames, tu vas peut-être trouvé de la lourdeur au style mais l'histoire est vraiment prenante...
J'ai lu les deux tomes et j'ai aimé même si je n'ai pas trouvé l'histoire extraordinaire. Le contexte du Moyen âge, seul, m'a intéressé
RépondreSupprimerJe connais la saga de nom mais je ne l'ai pas lu ! Pourtant j'aime bien les sagas qui se déroulent sur plusieurs générations et le contexte du Moyen âge fait rêver ^^ enfin je pense que j'aurais été frustrée de ne pas retrouver les personnages que j'avais apprécié dans le 1 :)
RépondreSupprimer@Salon desLettres,
RépondreSupprimerOui, j'ai adoré la manière dont le contexte médiéval était reconstitué, c'était intéressant de se pencher sur le quotidien d'une famille bourgeoise, loin des chevaliers et des belles dames en leur tour...
@Allie,
c'est vrai que c'est un peu frustrant de laisser en chemin des personnages qui avaient marqué le 1er tome, mais la génération suivante est intéressante à suivre, et j'ai trouvé le couple d'amoureux de ce tome plus touchant que dans l'autre...