Auteur > Rosa Montero
Editeur > Métailié
Genre > roman historique, fantasy
Date de parution > 2005 pour l'édition originale , 2012 pour la présente édition
Titre original > Historia del rey transparente
Format > ePub
Poids du fichier > 1,42 Mo (468 pages)
Traduction > de l'espagnol par Myriam Chirousse (2008)
Rosa Montero est née à Madrid et a étudié la psychologie et le journalisme. Elle travaille depuis 1976 au journal El Pais, dont elle a dirigé le supplément hebdomadaire avant d'y tenir une chronique. Elle a remporté différents prix littéraires et publié de nombreux romans, des essais et des biographies.
Elle est très connue et respectée en Espagne. Ses livres, en particulier La Folle du logis, sont des best-sellers.
La Fille du cannibale a reçu en Espagne le prestigieux Prix Primavera en 1997 et s'est vendu à des centaines de milliers d'exemplaires.
Lorsque pour échapper au viol et à la mort la jeune Léola revêt l'armure d'un chevalier tué, elle ne sait pas qu'elle va dorénavant devoir vivre comme un homme et apprendre à se battre. Nynève la rousse, la guérisseuse, la sorcière, devient son guide et l'aide à grandir et à faire sa route de femme indépendante dans ce Moyen Âge réel et fantasmé qui permet au talent de conteuse de Rosa Montero de nous montrer, en l'espace d'une vie, un siècle qui marque l'ouverture du Moyen Âge vers la Renaissance. Léola va apprendre à penser et à écrire, fréquenter la cour d'Aliénor d'Aquitaine, voir la corruption de l'Église et le fanatisme de l'Inquisition, admirer la lutte des Cathares, découvrir les pouvoirs de l'imagination et rêver du roi Arthur tout en évitant soigneusement la malédiction du Roi Transparent. Le grand talent de Rosa Montero est de savoir tenir le lecteur prisonnier de son histoire tout en l'amenant à s'interroger sur un siècle turbulent et déroutant peut-être à l'image du nôtre. Émouvant et épique, original et puissant, ce roman a la force irrésistible des histoires que le lecteur a du mal à abandonner.
" Je suis femme et j'écris."
Ce roman mêle habilement récit féérique et faits historiques, légende arthurienne et persécutions contre les cathares...
Pourtant, le début de l'histoire ne laissait à aucun moment présager une telle orientation. Léola, jeune paysanne de 15 ans, a vu le seigneur d'Aubenac, à la suite d'une bataille meurtrière, recruter son père, son frère Antoine et son amoureux Jacques pour poursuivre la guerre contre son ennemi.
Pour se protéger de la soldatesque, elle revêt l'armure d'un chevalier décédé. De rencontres en rencontres, Léola va s'initier tour à tour au maniement des armes, à l'écriture et la lecture, à l'éducation des nobles dames de ce temps.
Mais sa rencontre la plus importante reste celle avec Nynève, personnage mystérieux qui prétend être la Viviane de la légende et avoir connu la cour du roi Arthur ; elle dévoile même la vérité sur "le vieux Myrddin" (Merlin) qui n'était qu'"un menteur et un truand, mais (...) aussi un barde extraordinaire, un conteur magnifique." (page 145)
Nous ne saurons jamais vraiment la vérité au sujet de Nynève. Est-elle folle ? Mythomane ? ou la fée de la légende ?
En tout cas, elle ne quittera plus notre héroïne jusqu'à la fin du livre, se déguisera comme elle en homme pour lui servir d'écuyer (et surtout des conseils avisés que Léola ne suivra pas toujours)...
Le corps de Léola, qui a choisi de mener une vie d'homme, est marqué en conséquences : "J’ai perdu deux doigts à la main gauche, le petit doigt et l’annulaire, tranchés par la hache d’un énergumène, et j’ai le corps déchiré par les cicatrices des blessures que Nynève a recousues avec une habileté miraculeuse." (page 196)
Bien que le récit, par certains épisodes, fleurette souvent avec le merveilleux, on n'en est pas moins ancré dans l'Histoire du XIIème-XIIIème siècle. En effet, l'auteure nous livre des informations intéressantes sur les pratiques de ce temps, comme l'apposition de la signature des peintres ou sculpteurs sur leurs œuvres à partir du XIIème siècle (page 162/3), et aborde différents thèmes cruciaux de cette période, comme la naissance de la sainte Inquisition avec l'ordre des dominicains, la persécution des cathares, la pratique de la fin'amor où les dames éprouvent l'amour de leurs prétendants par des défis cruels condamnant parfois ces chevaliers au ridicule ou à la mort (page174/5)
Rosa Montero nous brosse le portrait d'un XIIème siècle finalement très féminin avec les figures fictives de Léola et Nynève, de la Dame blanche qui se transforme en Dame noire, celles historiques d'Aliénor, Héloïse et des Parfaites. Or, la liberté de ces femmes est de plus en plus menacée par la montée de l'obscurantisme et du fanatisme, et le comté de Toulouse, dernière terre de refuge contre ces forces rétrogrades, n'y résiste pas longtemps.
Les repères temporels sont de deux sortes : l'âge de l'héroïne que l'on suit de ses 15 ans à ses 40 ans et les événements historiques mais ceux-ci sont trompeurs car, comme nous le signifie l'auteure à la fin de l'ouvrage, nous avons affaire ici à une achronie c'est-à-dire que les dates des événements historiques ne sont pas respectées afin de les faire tenir dans la période de 25 ans couverte par l'histoire.
Ainsi, les figures historiques évoquées ou rencontrées n'ont pas pu être toutes contemporaines de l'héroïne : Abélard (1079-1142), Héloïse (1092-1162), Aliénor d'Aquitaine (1122-1204), Richard Coeur de Lion (1157-1199), Simon de Montfort (1164-1218), ni les événements qui la touchent : la croisade des Albigeois (1209-1229), la croisade des enfants (1212), le siège de Montségur (1244).
Et là, vous vous demandez sûrement à quoi peut bien faire référence le titre du livre ? Tout simplement, à une légende du Moyen-Âge qui provoque la mort de celui qui la raconte. D'étape en étape, l'histoire dure plus longtemps, et se précise, tout comme le dessin d'Avalon que peint Nynève sur les murs de leurs maisons successives, mais pour aucune de ces deux énigmes nous n'aurons le mot de la fin.
D'ailleurs, en parlant de la fin, celle-ci est ouverte mais je ne peux en dire plus sous peine de vous gâcher la surprise...
Concernant, l'édition numérique, j'ai rencontré un problème de mise en page avec la partie narrative qui suit la partie dialoguée sans saut à la ligne, ce qui m'a un peu gênée dans ma lecture en m'obligeant souvent à revenir en arrière.
Pour conclure, un livre passionnant qui fourmille d'informations très intéressantes sur le Moyen-Âge. Il reprend certains des thèmes et des codes des chansons de geste de cette époque, et c'était vraiment captivant. De plus, d'ordinaire, je n'aime pas trop le mélange des genres fantasy/historique mais là, je dois avouer que chaque élément s'intègre vraiment bien à l'intrigue. Je déplore toutefois quelques facilités narratives comme les retrouvailles avec Jacques (page 332) ou le sauvetage de Léola par Léon le forgeron.
Appréciation :
”Dans le silence émouvant de la cérémonie, je me suis souvenue du monde raffiné de la reine Aliénor et à quel point m’avaient émue ces merveilleux paladins du Grand Tournoi de Poitiers, ces guerriers courtisans dans lesquels je voyais la plus haute représentation de la noblesse. Mais la véritable noblesse, maintenant je le sais, c’est ça. C’est marcher toute sa vie d’un pas juste, d’un pas qui sort du cœur. C’est que nos actes soient en harmonie avec nos pensées, même si le prix en est élevé. Et n’imposer ces pensées à personne, et rester modeste et compatissant dans notre grandeur. Mon vieil ami le saint Chevalier avait raison : nos derniers jours sur Terre sont le moment de la grande vérité. Une fin honorable confère dignité et signification à toute une existence.
(page 406-407)
Ma 8ème participation au challenge d'Auudrey.
Ma 29ème participation au challenge de Myrtille - légende arthurienne revisitée
Ma 42ème participation au challenge de Lynnae - siège de Montségur
Ma 7ème participation au challenge d'Hérisson -
Ma 6è participation au challenge de BouQuiNeTTe - séjour en Espagne
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Ce billet est ma 15è participation au challenge d'Helran - cette escale compte pour l'Espagne
Tu as le don pour me donner envie de livres sur lesquels je ne me serais jamais penchée ;)
RépondreSupprimerUn livre qui à l'air d'être tout à fait passionnant ! Je me demande si toi qui aime beaucoup l'Histoire, tu n'as pas eu un peu de mal à encaisser toutes ces achronies ... Je sais que quand je lis un livre historique, j'aime bien que les dates soient respectées, l'auteur a du faire preuve de beaucoup de style pour que cela passe malgré tout, non ?
RépondreSupprimerEn tout cas, et malgré ce dernier point, ta chronique me donne bien envie de découvrir ce roman qui à l'air très rebondissant ^^
@Cassie,
RépondreSupprimerMerci beaucoup pour ce compliment ! En plus, je suis presque certaine que ce livre te plairait... @Sylly,
En fait, quand c'est bien écrit et bien intégré à l'histoire, je ne suis si regardante que cela ; donc oui, le style de l'auteure permet ces libertés, qui ne m'ont jamais gênée durant la lecture (et dieu sait que je peux me montrer parfois ronchon pour ce genre de détails...)
J'ai complètement été happée par le récit qui fait très médiéval dans les épreuves rencontrées par l'héroïne, et ce malgré quelques longueurs (je me rends compte que j'ai d'ailleurs oublié d'en parler dans ma chronique !)...
Un livre qui est dans ma WL...je l'ai découvert il y'a peu, sur un autre blog et la chronique m'avait fait forte impression. Il en va de même pour la tienne, qui ne fait que confirmer mon premier avis : lire Le Roi Transparent !
RépondreSupprimerA première ça m'a l'air d'un sacré bordel tous ces mélanges mais vu ton avis ça a l'air d'un bordel réussi =D Je vais l'ajouter à ma liste tiens !
RépondreSupprimer@A-Little,
RépondreSupprimerc'est vraiment une lecture très agréable, qui a passé très vite... il y a plein d'histoires dans l'histoire et on a l'impression qu'elles nous sont racontées par un troubadour... c'était très immersif !
@Auudrey,
exactement, non seulement un bordel réussi mais organisé... ou réussi parce qu'organisé... enfin, tu me suis ?
Nynève est un personnage très attachant... par contre, la légende arthurienne n'apparaît qu'en filigrane, hein !
alors là Parthie tu m'a convaincue *o* c'est tout à fait le genre de récit que j'aime. Mi-merveilleux mi-historique avec une héroïne forte, qui se bat sur fond d'inquisition et qui cotoye des persos historiques que j'adore notamment Aliénor d'Aquitaine!!! Et puis tu as l'air d'avoir véritablement apprécier cette lecture ^^. J'ai hâte de le lire ^^
RépondreSupprimer@Missie,
RépondreSupprimerje suis ravie d'avoir un commentaire aussi enthousiaste... et ravie également de t'avoir fait découvrir ce livre... j'espère que le plaisir sera toujours au rendez-vous lors de la lecture... et j'ai hâte d'avoir ton avis !
Je l'espère aussi ;)
RépondreSupprimerJe voudrais lire pour le challenge Moyen-Age également et je me demandais quoi : je crois que j'ai trouvé ! Merci pour la découverte et bon week-end !! ;)
RépondreSupprimerJe suis ravie si j'ai pu t'aider à trouver un livre pour le challenge, Myrtille, et je lirai ton avis avec beaucoup d'intérêt !
RépondreSupprimerBonne fin de semaine à toi !