mercredi 28 janvier 2015

Mon nom est Rouge d'Orhan Pamuk

Mon nom est Rouge d'Orhan Pamuk

Fiche détaillée

 Auteur > Orhan Pamuk
Editeur > Gallimard
Collection > Du monde entier
Genre > roman historique, policier
Date de parution > 1998 pour l'édition originale , 2001 pour la présente édition
Titre original > Benim adim kirmizi
Nombre de pages > 571
Traduction > du turc par Gilles Authier

auteur
(sources : Babelio)

'Orhan Pamuk Ferit Orhan Pamuk, né en 1952 à Istanbul, est un écrivain turc.
Il étudie l'architecture dans une université stambouliote qu'il abandonne pour suivre une formation de journaliste. Son diplôme obtenu, il s'enferme dans l'appartement familial pour se consacrer à l'écriture. Il rédige des nouvelles dont la première sort en 1979.
Invité comme boursier à l'université de Columbia, il passe trois ans à New York entre 1985 et 1988. Pamuk a effectué plusieurs autres longs séjours aux États-Unis en qualité d'auteur invité, notamment à l'université de l'Iowa.
En 1991, Pamuk remporte le prix de la Découverte européenne avec son roman La Maison du silence, paru en 1983 et reçoit le prix Médicis étranger en 2005 pour Neige.
Au début 2005, Orhan Pamuk fait l’objet de menaces et une assignation à comparaître devant les tribunaux, en affirmant l’existence du génocide arménien lors d'un entretien à un journal suisse. Les poursuites sont finalement abandonnées le 22 janvier 2006 sous la pression internationale.
Le jeudi 12 octobre 2006, l'Académie suédoise annonce que le prix Nobel de littérature 2006 est décerné à Orhan Pamuk « qui, à la recherche de l'âme mélancolique de sa ville natale, a trouvé de nouvelles images spirituelles pour le combat et l'entrelacement des cultures » selon le communiqué du Secrétaire perpétuel de l'Académie.
En 2012, La ministre de la Culture et de la Communication, Aurélie Filippetti, lui remet la légion d'honneur. La même année, il reçoit le prix Sonning, la plus grande récompense culturelle au Danemark, attribué par l'université de Copenhague qui distingue un travail en faveur de la culture européenne.
Pamuk est l'auteur notamment de : Mon nom est Rouge, La Vie nouvelle, Le Château blanc et Le Musée de l'innocence.

quatrieme de couverture

Istanbul, en cet hiver 1591, est sous la neige.
Mais un cadavre, le crâne fracassé, nous parle depuis le puits où il a été jeté. Il connaît son assassin, de même que les raisons du meurtre dont il a été victime : un complot contre l'Empire ottoman, sa culture, ses traditions et sa peinture. Car les miniaturistes de l'atelier du Sultan, dont il faisait partie, sont chargés d'illustrer un livre à la manière italienne...
Mon nom est Rouge, roman polyphonique et foisonnant, nous plonge dans l'univers fascinant de l'Empire ottoman de la fin du XVIe siècle, et nous tient en haleine jusqu'à la dernière page par un extraordinaire suspense.
Une subtile réflexion sur la confrontation entre Occident et Orient sous-tend cette trame policière, elle-même doublée d'une intrigue amoureuse, dans un récit parfaitement maîtrisé. Un roman d'une force et d'une qualité rares.

première phrase

" Maintenant, je suis mon cadavre, un mort au fonds d'un puits."

avis personnel

 C'est avec beaucoup d'enthousiasme que j'avais entamé ce livre dont j'ai trouvé le procédé narratif très original et brillant... L'auteur alterne les points de vue d'une vingtaine de personnages et le premier à intervenir est... un cadavre ! Qui connaît l'identité de son meurtrier (sans nous la révéler bien sûr) ainsi que ses motivations...
La galerie des narrateurs est très éclectique puisqu'à côté des personnages en chair et en os  s'expriment des allégories ou des animaux comme la Mort, un chien, un cheval, une pièce et même la couleur qui donne le titre à l'ouvrage...

L'intrigue tourne autour du grand atelier de peinture dirigée par maître Osman dont les quatre plus talentueux miniaturistes participent en secret à l'élaboration d'un manuscrit enluminé, commandité par le sultan sous la direction de l'Oncle. Or, ce livre mystérieux suscite bien des convoitises et des rumeurs selon lesquelles sa composition même, s'inspirant de l'art occidental, le rendrait blasphématoire et sacrilège. En effet, à cette époque, l'art à l'italienne, qui maîtrise la perspective et l'art du portrait, s'oppose diamétralement à l'art oriental qui ne doit représenter les choses qu'à travers la vision de Dieu ! Nous assistons donc à la confrontation de deux traditions artistiques dans un climat de peur et de violences, attisé par le fanatisme religieux...

Le Noir, après avoir été employé comme secrétaire de divers pachas, est chargé d'enquêter sur le meurtre de l'un des miniaturistes. Il revient de 12 années d'exil, provoquées en partie par l'amour interdit qu'il vouait à Shékuré, sa cousine et fille de l'Oncle. Évidemment, quand il la revoit, ses sentiments rejaillissent plus forts que jamais. Mais pour espérer voir sa demande en mariage agréée, il doit au préalable retrouver l'assassin.

L'enquête se double donc d'une quête amoureuse. Et nous voyons défiler entremetteuse, rivaux, lettres secrètes, rendez-vous clandestins...

Pamuk met en scène une civilisation complexe, pleine d'interdits et de tabous, aborde le statut de la femme, la place de la religion, l'aspiration à la liberté artistique menacée par l'obscurantisme.
C'est un livre très érudit, où les protagonistes font appel aux contes et légendes pour étayer leurs propos sur l'art de la miniature.

Si dans la 1ère partie du livre, ce procédé fut extrêmement attrayant et intéressant, je dois avouer qu'il devint ensuite répétitif, entraînant une certaine lassitude chez moi, si bien qu'à la fin je sautai plusieurs passages explicatifs....

Surtout que, parallèlement, l'histoire d'amour, bien que touchante, a du mal à soutenir totalement notre intérêt : Le Noir est un personnage attachant, mais Shékuré devient agaçante avec ses incertitudes et sa manie de jouer sur plusieurs tableaux. Elle semble beaucoup plus opportuniste et moins sincère que son soupirant , mais peut-être que son statut de veuve menacée par un remariage non souhaité et le désir de trouver un père aimant à ses deux fils la rendent excessivement prudente et pragmatique !

Pour conclure, une lecture en demi-teinte, ce roman choral ayant les défauts de ses qualités : l'enthousiasme éprouvé au début par les trouvailles narratives et la richesse des situations s'est ensuite effacé pour les mêmes raisons : une surabondance de détails et d'explications qui finit par noyer l'intérêt du lecteur, rendant l'intrigue un peu pesante... Dommage car certains passages sont vraiment poétiques...

En sortant dans la cour, le froid de la neige m'a rappelé que je n'étais ni un enfant ni un vieillard, mais un homme qui ressent le poids du monde sur ses épaules.
(page 52)

Appréciation :

note : 3 sur 5

 extrait

J'ai sauté sur mes étriers, mais comme un débutant qui monte pour la première fois. Mon cœur battait la chamade, l'émotion me tournait la tête, mes mains ne savaient plus comment tenir les rênes, mais tandis que je serrais mes jambes contre les flancs de ma monture, miracle, celle-ci a semblé hésiter, en quelque sorte, de ma présence d'esprit, et en cavale émérite, s'est avancée comme l'avait indiquée Esther, droit devant tout d'abord, puis à droite.
A ce moment, j'ai senti que j'étais beau, réellement. Oui, je sentais que, comme dans les contes, toutes les filles du quartier m'admiraient derrière les volets de leurs claires-voies, et que j'étais tout près de me jeter à nouveau dans le brasier de l'amour. Était-ce vraiment ce que je souhaitais ? Une rechute, après tant d'années ? Soudain le soleil est apparu et j'ai tressailli.
Où était le grenadier ? était-ce ce petit arbre triste et rabougri  ? oui ! Je me suis tourné un peu sur ma selle. Il y avait bien une fenêtre devant moi, mais vide. Cette enjôleuse d'Esther s'était moquée de moi ! me disais-je déjà...
Mais le volet s'est ouvert, en faisant éclater bruyamment les verrous de glace qui le tenaient fermé, et dans le cadre de guingois de la fenêtre ensoleillée, j'ai vu ma beauté adorée, douze ans après, son beau visage enfin visible à travers les branches alourdies de neige. Ses beaux yeux noirs me regardaient-ils, ou au-delà de moi, vers une autre vie ? Était-elle triste ? souriait-elle ? Ou souriait-elle tristement ? Je n'aurais pas su le dire. Ah, mon cheval, imbécile ! N'écoute pas le galop de mon cœur, et ralentis un peu ton allure ! Je me suis encore une fois retourné sur mes arçons, sans vergogne, afin d'épier langoureusement, jusqu'à ce qu''il se perde derrière le lacis des branches enneigées, ce délicat et fin visage, tout empreint de mystères.
(page 53)

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6 commentaires:

  1. Alison Mossharty28 janvier 2015 à 16:32

    Cet auteur je ne l'ai jamais lu mais il est noté dans ma liste d'auteur à découvrir une fois dans ma vie. Surtout que je lis assez peu d'auteurs turques alors que j'adore ce pays :D je trouve son histoire passionnante. Je ne connaissais pas ce titre mais le procédé narratif m'intrigue. C'est dommage qu'il lasse au bout d'un moment cependant les thèmes me plaisent bien ^^ Surtout celui sur la religion et la place de la femme.
    Je retiens alors ;)

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  2. Rien que pour les 300 premières pages, je ne regrette pas ma lecture, d'autant que l'écriture est très belle et très immersive... Et certains passages étaient vraiment étonnants et drôles... Mais je te laisse découvrir par toi-même, Allie...

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  3. Dommage que l'auteur ait voulu trop en faire sans réellement savoir s'y prendre, car je dois avouer que le début de ta chronique m'enthousiasmait énormément. Mais je crains que l'ennui dans un roman soit pire que tout, alors devoir survoler des passages pour l'éviter, c'est mauvais signe ^^ Bisous

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  4. il est vrai que c'est extrêmement rare de ma part de sauter des passages, mais là, je manquais parfois de courage pour m'y frotter... pourtant, cela ne m'avait pas du tout fait ça à la lecture du Nom de la Rose d'Eco auquel on compare ce livre...
    je n'en reste pas moins heureuse de cette découverte !
    merci de ton passage ici, Sylly, bises !

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  5. Un auteur que j'aimerai lire... et que je n'ai toujours pas lu.

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    1. Je t'y invite chaleureusement, Sharon, le livre est captivant malgré quelques redondances...

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