jeudi 9 mai 2013

Gradiva, fantaisie pompéienne de Wilhelm Jensen

 Gradiva - Fantaisie pompéienne de Wilhelm Jensen

 

 

Gravida - Fantaisie pompéienne de Wilhelm Jensen

 

Fiche détaillée

Auteur > Wilhelm Jensen
Editeur > Presses de la Cité
Collection > Omnibus
Genre > nouvelle fantastique
Date de parution > 1903 pour l'édition originale , 1992 pour la présente édition
Titre original > GradivaEin Pompejanisches Phantasiest
Nombre de pages > 62 (1022)
Traduction > de l'allemand par Roger Olivier

auteur
(sources : Wikipédia)

Wilhelm Jensen 

Wilhelm Jensen est un écrivain allemand né le 15 février 1837 à Heiligenhafen, Holstein et mort le 24 novembre 1911 à Munich.
Jensen était un écrivain "de son temps", c'est-à-dire que son œuvre très abondante (poésies, nouvelles, romans historiques) a marqué son époque et son pays (l'Allemagne bismarckienne), puis a rapidement été oubliée.
Son nom survit aujourd'hui essentiellement grâce à Freud, qui en 1906 livra une étude portant sur sa nouvelle Gradiva parue trois ans plus tôt : Le délire et les rêves dans la Gradiva de W. Jensen constitue la première approche psychanalytique de la littérature.
Œuvres disponibles (au 21 mai 2012) : Outre Gradiva, sont disponibles dans des traductions françaises récentes: Dans la maison gothique, Gallimard, 1999, collection Connaissance de l'inconscient; L'Ombrelle rouge, éditions Imago, Paris, 2011 (suivie d'un Essai de lecture freudienne, par Jean Bellemin-Noël).
En allemand, outre Gradiva, 14 volumes de Jensen ont été récemment réédités, et 15 volumes, ainsi que quelques poèmes, peuvent être lus sur internet: voir la page: http://gutenberg.spiegel.de/autor/305 
Il semble que redécouvrir Jensen soit possible, puisque l'on republie certaines de ses œuvres.

Gravida - Fantaisie pompéienne de Wilhelm Jensen
(source : Wikipédia)

Le roman raconte l'histoire de l'archéologue Norbert Hanold, qui tombe en adoration devant un bas-relief du Musée National d'Archéologie de Naples. Il délaisse sa vie par obsession de celle qu'il nomme "Gradiva" (du latin, "Celle qui marche", féminisation de Gradivus, surnom du dieu Mars), la femme représentée sur la sculpture.

première phrase

"Au cours de sa visite d'une des grandes collections romaines d'antiques, Norbert Hanold avait découvert un bas-relief qui l'avait vivement intéressé."

avis personnel

 Norbert Hanold, professeur d'archéologie misanthrope, tombe violemment amoureux dans un musée de Rome de la représentation sur un bas-relief antique d'une jeune noble romaine morte il y a  2000 ans, à la démarche grâcieuse et à l'expression insouciante. De retour en Allemagne, il s'en procure un moulage qu'il accroche dans son bureau et contemple chaque jour, fasciné par le mouvement élégant du pied.

Gradiva
bas-relief de la Grèce ancienne, IVè s. av JC,
copie romaine, Musée du Vatican , Rome

Cette obsession le conduit à inventer une vie à cette jeune fille qu'il a baptisée Gradiva, "celle qui marche" : elle vit à Pompéi, ville qu'il a jadis visitée; son père est un édile patricien chargé de l'approvisionnement en blé et de l'organisation des jeux de Cérès. Puis, il se met à supposer que la jeune fille est en fait Grecque.
Il se met alors à observer les femmes de sa ville dans l'espoir de retrouver la même démarche que Gradiva. Peu après, il fait un cauchemar pendant lequel il se retrouve à Pompéi le jour de la catastrophe de l'an 79 ; il y croise Gradiva, fidèle en tous points à la représentation sculpturale, qui marche dans la ville indifférente au cataclysme; il assiste horrifié à sa mort.
A son réveil, il en déduit que le bas-relief représente une sculpture funéraire. Au même instant, il croit apercevoir de sa fenêtre une jeune femme possédant la même démarche que Gradiva. Il décide sur un coup de tête de partir en Italie, d'abord à Rome, puis à Naples, mais une force irrésistible l'attire vers Pompéi. Un sentiment de manque ne le quitte pas.
Lors d'une visite dans les ruines de Pompéi, il se retrouve dans un état de rêve éveillé pendant lequel il aperçoit la jeune fille déambulant dans les rues délabrées de sa démarche aérienne.

Gradiva - Fantaisie pompéienne de Wilhelm Jensen
maison de Méléagre, Pompéi

Il la suit jusque dans la maison de Méléagre où il lui adresse la parole d'abord en latin, puis en grec, mais à sa grande surprise, elle s'exprime à lui en allemand. La discussion est brève mais produit sur Norbert une forte impression.
Il lui donne alors rendez-vous le lendemain à midi, "l'heure des spectres".

Gradiva - Fantaisie pompéienne de Wilhelm Jensen

La nouvelle se découpe nettement en deux parties : tout d'abord, la description des journées du professeur en Allemagne, qui y mène une vie retirée, loin des mondanités, tout absorbé qu'il est dans ses travaux intellectuels; d'ailleurs, il ne recherche pas la compagnie des autres, qu'il trouve ennuyeuse et inintéressante, surtout celle des femmes ! On a l'impression que le héros ne se sent à l'aise qu'avec les morts ! Son métier s'y prête d'ailleurs... Le regard ironique qu'il porte sur les vivants se confirme lors de son dernier voyage en Italie quand il doit supporter les niaiseries que se roucoulent les couples partis en lune de miel... ^^

La seconde partie se déroule en Italie où Norbert se lance sur les traces de Gradiva qui lui apparaît brusquement au détour d'une rue délabrée de Pompéi.
L'auteur arrive à merveille à faire planer le doute quant à la réalité de cette apparition jusqu'à la révélation finale : hallucination ? illusion ? rêverie ? ou bien plus encore ?

Si j'ai eu un peu de mal à entrer dans l'histoire, j'ai été ensuite complètement happée par cette quête éperdue d'une femme morte depuis des millénaires et qui obsède les pensées et les rêves de notre archéologue misanthrope. Gradiva finit par exercer la même fascination sur le lecteur que sur le héros de la nouvelle...

Il est à noter que cette nouvelle inspira à Freud une étude psychanalytique intitulée Le Délire et le rêve dans la "Gradiva" de Jensen; et fit également une forte impression sur les surréalistes.

Appréciation :

note : 4 sur 5

extrait

"... il avait poursuivi son voyage jusqu'à Pompéi pour y chercher d'éventuelles traces de la jeune femme. Et ce, au sens propre du terme; car, avec sa façon bien personnelle de marcher, Gradiva avait dû obligatoirement laisser dans la cendre les empreintes de ses orteils, distinctes de toutes les autres.
C'était donc, une fois enocre, une créature de rêve qui se déplaçait sous ses yeux dans la lumière éclatante de midi, et pourtant c'était aussi une réalité. La preuve lui en fut donnée par l'effet qu'elle produisit sur un grand lézard allongé immobile dans les chauds rayons du soleil sur la dernière pierre, près du trottoir d'en face. Le corps scintillant de l'animal, comme fait d'or et de malachite, était parfaitement visible et, devant le pied qui approchait, Norbert le vit glisser brusquement au bas de la pierre et s'enfuir sur les blanches dalles de lave de la rue."

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