vendredi 12 décembre 2014

Vigdis la farouche de Sigrid Undset

Vigdis la farouche de Sigrid Undset

Fiche détaillée

 Auteur > Sigrid Undset
Editeur > Stock
Collection > La Cosmopolite
Genre > roman classique historique, légende
Date de parution > 1909 pour l'édition originale , 1987 pour la présente édition
Titre original > Vigaljot og Vigdis
Nombre de pages > 180
Traduction > du norvégien par M. Metzger (1954)

auteur
(sources : Wikipédia)

Sigrid Undset
Sigrid Undset
 est une femme de lettres et romancière norvégienne mondialement connue, née le 20 mai 1882 à Kalundborg au Danemark et morte le 10 juin 1949 à Lillehammer.

Sa trilogie Kristin Lavrandsdatter l'a conduite, mue par l'intense participation émotionnelle à la redécouverte de l'époque médiévale chère à son père, au cours de son travail d'écriture vers une conversion au catholicisme en 1924. Polémiste experte du champ littéraire singulier de son pays et devenue une fervente croyante catholique en pays de religion d'État protestante, l'écrivain quadragénaire a obtenu le prix Nobel de littérature en 1928 après la parution du roman Olav Audunssøn. Prenant une place inégalable dans la littérature norvégienne de l'entre-deux-guerres, elle est l'auteur de trente-six titres romanesques, de dizaines d'essais et de centaines d'articles.

première phrase

" Il y avait en Islande un homme du nom de Veterlide qui venait du Ostfjord."

avis personnel

Contrairement à mon habitude, je n'ai pas laissé la quatrième de couverture qui dévoile malheureusement la majeure partie de l'intrigue !
L'auteure Sigrid Undset s'est inspirée des sagas islandaises pour écrire ce roman d'amour et de mort. Succinct par sa longueur, il est intense par la thématique abordée : l'amour réciproque mais destructeur entre la fière Vigdis et l'ombrageux Ljot.

Celui-ci, jeune marin islandais auréolé de gloire (il a tué à 13 ans les assassins de ses parents), accompagne son oncle Veterlide en Norvège pour acheter du bois de charpente. Retardés par le temps, ils reçoivent l'hospitalité du seigneur Gunnar de Vadin. Lors de la veillée, Ljot tombe éperdument amoureux de la fille de la maison, Vigdis, une magnifique mais altière jeune fille qui semble mépriser ses efforts pour s'attirer ses bonnes grâces.
Il s'avère que Vigdis n'est pas insensible à son charme mais Ljot, jaloux de l'amitié qui la lie à son ami d'enfance Kåre de Grefsin, défie celui-ci dans une course de chevaux et se ridiculise par son comportement querelleur et excessif.
Ljot finit de se déshonorer en violant Vigdis qui est reniée par son père...

Vigdis incarne parfaitement l'héroïne de tragédie, indomptable et vindicative, qui, meurtrie à jamais dans son coeur et dans sa chair, lance une terrible malédiction sur l'être aimé :

 Puisses-tu mourir de la plus cruelle des morts, puisses-tu vivre longtemps d'une vie misérable, toi et tous ceux dont la présence te réjouit le cœur. Puisses-tu voir mourir tes enfants d'une mort affreuse devant tes yeux !
(page 52/53)

Car elle hait trop Ljot pour ne pas l'aimer au plus profond de son être !

Vigdis fait preuve tout au long de sa vie d'une force de caractère et d'un tempérament impressionnants, qui font paraître certaines de ses décisions inhumaines. Intraitable, elle a parfois le comportement d'un homme dont elle a le courage, et qui rappelle celui de la skjaldmö dans la mythologie nordique.

De son côté, Ljot ne cesse d'être hanté par le souvenir de son amour perdu. Bien que sincère, il a eu un comportement si méprisable en Norvège qu'il s'est attiré l'antipathie du lecteur. Mais la constance de ses sentiments, sa douleur morale finissent par nous toucher, surtout quand il a ce déchirant cri du cœur :

Je t'en prie, ne me quitte pas ; pour tout le mal que tu me feras, je te ferai du bien.
(page 52)

Malheureusement pour lui, Vigdis ne rêve que d'une chose : que l'on "vienne déposer la tête de Ljot sur [ses] genoux." (page 149)

Sigrid Undset nous invite donc à une histoire d'amour aussi poignante que son dénouement est implacable. Parallèlement et pour mieux en souligner la nature irréconciliable, elle nous dépeint avec beaucoup de maîtrise cet univers scandinave du Xème siècle, rempli de querelles, de fracas et de violence, où les valeurs du christianisme commencent à s'opposer à celles du paganisme sans toutefois amender la dureté minérale du caractère de Vigdis la farouche qui n'a jamais aussi bien porté son nom !

Appréciation :

note : 5 sur 5

 extrait

« Tes promesses ne valent pas grand-chose, Ljot Tu m'as séduite un jour par de belles paroles, après quoi tu m'as fait le plus cruel des affronts et causé une douleur intolérable. (...) Tu ne me sembles pas capable d'accomplir de grandes prouesses, Viga Ljot.»
Ljot détourna les yeux et répondit :
« Tu as certes de bonnes raisons de me parler comme tu fais. MAis j'ai accompli autrefois d'autres actions meilleures. Il fut un temps où tu aimais en entendre le récit. Je ne te paraissais pas assez laid alors pour que tu ne consentes à m'embrasser souvent. Mais la joie m'a fui depuis notre dernier entretien et les heures m'ont paru affreusement longues sans te revoir.
- Peut-être te figurais-tu, riposta Vigdis, que je retsais à attendre notre prochaine rencontre ! »
Ljot leva les yeux et la regarda :
«Oui», dit-il.
Ni lui ni elle ne parlèrent plus pendant quelques instants. Puis Ljot reprit :
« Dis, Vigdis, si le sort a voulu que j'aie un enfant dans ce pays ? »
Vigdis répondit en riant :
« Peut-être que oui, mais je n'en ai pas eu connaissance. je ne me suis pas inquiétée de tes faits et gestes.»
Un flot de sang monta au visage de Ljot. Il garda le silence. Vigdis reprit : «Va donc composer des chansons sur ta force virile et vante-la bien fort. Fais savoir aux autres combien tu es courageux et hardi quand tu te trouves seul avec une femme. mais ne t'attends pas à ce qu'on ajoute foi à tes paroles dans cette région. Ici personne ne s'intéresse beaucoup au bavardage d'un prétendant jaloux...»
(page 51-52)

divers

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babelio

4 commentaires:

  1. Bon, avec un avis comme ça je suis obligé de noter ce bouquin (même si je ne sais pas quand je le lirais, soyons honnête). Mais l'Islande étant un pays qui m'a toujours beaucoup attiré, je suis sure que j'apprécierais bien cette histoire. (je note de ne pas lire la 4eme de couverture, merci pour l'info car je ne supporte pas ça ^^)

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  2. E tout cas, c'est un roman court, qui se lit très vite (sans vouloir te pousser, hein ! ^^)
    Ca a failli être un coup de coeur ! et ça l'aurait été certainement si je n'avais pas lu la 4è de couverture...

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  3. Une tragédie scandinave hum ça à l'air tentant, je le rajoute à ma wish-list surtout s'il est court :)

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  4. surtout, si tu te le procures un jour, NE LIS PAS la quatrième de couv, ou ça risque de te gâcher le plaisir de la lecture...

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