et aux éditions
pour ce partenariat !
Auteur > Elif Shafak
Editeur > Flammarion
Collection > Littérature étrangère
Genre > historique
Date de parution > 2014 pour l'édition originale , 2015 pour la présente édition
Titre original > The Architect's Apprentice
Nombre de pages > 458
Traduction > de l'anglais (Turquie) par Dominique Goy-Blanquet
Elif Şafak, ou Elif Shafak, née le 25 octobre 1971 à Strasbourg de parents turcs, est une écrivaine turque. Femme écrivain primée et best-seller en Turquie, Şafak écrit ses romans aussi bien en turc qu'en anglais. La critique note qu’elle mêle en permanence avec talent les traditions romanesques occidentale et orientale, donnant naissance à une œuvre à la fois « locale » et universelle. Féministe engagée, cosmopolite, humaniste et profondément imprégnée par le soufisme et la culture ottomane, Şafak défie ainsi par son écriture toute forme de bigoterie et de xénophobie.
Diplômée en relations internationales de la Middle East Technical University d'Ankara, elle est aussi titulaire d'un master en genre et études féminines dont le mémoire portait sur la circulaire Compréhension des derviches hétérodoxes de l'islam. Elle a soutenu sa thèse en sciences politiques sur l'Analyse de la modernité turque à travers les discours des masculinités [titre exact : Male Gender Roles in Turkish Culture and Turkey's Modernization.]
En 1998, elle obtient pour son premier roman, Pinhan, le Prix Mevlana récompensant les œuvres littéraires mystiques en Turquie. Son second roman, Şehrin Aynaları, entremêle les mysticismes du Judaïsme et de l'Islam dans une Méditerranée historique du XVIIè siècle. Mahrem confirme par la suite le succès de Şafak, lui valant ainsi le Prix des écrivains turcs en 2000.
Son roman Bonbon Palace est un best-seller en Turquie. Elle publie ensuite Med-Cezir, un ouvrage rassemblant des essais sur le genre, la sexualité, les enfermements mentaux et la littérature.
The Saint Of Incipient Insanities est le premier roman que Şafak écrit en anglais. Elle y raconte les vies d'immigrants musulmans à Boston et visite le sentiment d'exclusion que ceux-ci peuvent ressentir aux États-Unis. Lorsqu'elle y met la touche finale en 2002, Şafak est chargée de cours au Mount Holyoke College (dans le Massachusetts) auprès de la chaire de Women's Studies.
Elle enseigne ensuite à l'université du Michigan dans la discipline “Gender and Women's Studies”. L'année suivante, elle devient professeur à temps plein au département des Études du Proche-Orient à l'université d'Arizona.
Son second roman en anglais, La bâtarde d'Istanbul, best-seller en Turquie en 2006, raconte l'histoire de deux familles, l'une turque, l'autre arménienne, à travers le regard des femmes. Le roman lui vaut d'être poursuivie en justice en vertu de l'article 301 du Code pénal turc1,2 (intitulé « Humiliation de l'identité turque, de la République, des institutions ou organes d'État »). Le procès se conclut par un non-lieu.
Istanbul, XVIe siècle. Le jeune Jahan débarque dans cette ville inconnue avec pour seul compagnon un magnifique éléphant blanc qu'il est chargé d'offrir au sultan Soliman le Magnifique.
En chemin, il rencontrera des courtisans trompeurs et des faux amis, des gitans, des dompteurs d'animaux ainsi que la belle et espiègle Mihrimah. Il attirera bientôt l'attention de l'architecte royal, Sinan : une rencontre fortuite qui va changer le cours de son existence.
Au cœur de l'Empire ottoman, quand Istanbul était le centre grouillant de la civilisation, L'architecte du sultan est un conte magique où l'on découvre le destin extraordinaire d'un garçon aux origines modestes qui se verra élevé au plus haut rang de la cour.
"De tous les êtres que Dieu a créés et Shaitan dévoyés, seuls quelques-uns ont su découvrir le Centre de l'Univers - là où n'existe ni bien ni mal, ni passé ni futur, ni Moi ni Toi, ni guerre ni raison de guerroyer, seulement une mer infinie de calme."
Quand Babelio m'a proposé cette Masse critique, j'étais sur le point de refuser (vu que depuis mars j'ai de grosses baisses de motivation), mais la très jolie couverture et la 4è de couverture m'ont finalement fait changer d'avis, et je ne le regrette absolument pas !
Or donc, le prologue fait intervenir un vieillard, le narrateur de l'histoire, arrivé à la fin de sa vie, en 1632 en Inde, et qui se remémore ses anciens compagnons de vie à Istanbul. Il a enfoui sous une de ses pierres un secret. Quel est-il ? Bien évidemment, nous ne le saurons qu'à la fin du roman...
Le 1er chapitre fait un bon en arrière de 60 ans, Sinan, l'architecte en chef de l'empire ottoman, âgé de 85 ans, est appelé en pleine nuit auprès du sultan, Mourad III, qui lui montre les corps sans vie de ses 4 frères assassinés pour lesquels il lui commandite une mosquée.
Puis nouveau bond dans le passé, sous le règne de Soliman, cette fois. Nous assistons à l'arrivée rocambolesque de Jahan et de son éléphant blanc, don du shah indien pour le sultan. Nous nous rendons compte au fil de notre lecture que ce jeune homme débrouillard est en fait le narrateur du prologue, et que ses mensonges successifs vont le conduire à faire des rencontres surprenantes, et parfois le mettre dans des situations délicates, en conditionnant toujours son destin.
L'auteure nous invite à une plongée fascinante et multi-sensorielle dans cet Istanbul du XVIème siècle : ville cosmopolite où se côtoient pacifiquement 72 tribus 1/2, toutes de confession différente, ville de premier plan pour l'importance donnée au développement culturel et artistique, le narrateur nous fait visiter les chantiers (mosquées, ponts, palais, aqueducs...), entrer dans les librairies ou l'Observatoire d'Istanbul... On voyage en Italie pour rencontrer Michel-Ange... On s'occupe des animaux de la ménagerie...
Bref, le dépaysement est au rendez-vous, et on apprend une foultitude de choses très intéressantes sur l'architecture ou les superstitions quotidiennes. Ainsi, Sinan laisse délibérément sur les monuments qu'il construit un défaut, visible uniquement pour l'œil expérimenté, car seul Dieu est parfait !
Pour ce qui est des superstitions, il est important d'entrer dans une maison en posant d'abord le pied droit à l'intérieur. Le boulanger grec du quartier fait le meilleur pain de la ville mais mieux vaut ne pas en manger car "ils font un signe de croix sur chaque miche. Une bouchée et tu deviens comme eux." (page 39).
En outre, on rencontre une multitude de personnages, certains très attachants, d'autres intrigants : Sinan, bien sûr, un homme bon et humble, ses apprentis, Nikola, doux et timide, Davoud, sérieux mais impatient, Youssouf, muet et secret, le chef des gitans Balaban truculent et généreux qui sauve la vie de Jahan à plusieurs reprises, la princesse Mirhimah espiègle et délaissée... Mais surtout Chota, l'éléphant, qui partage avec son cornac improvisé une amitié aussi profonde que touchante.
Par contre, arrivée aux trois quarts du livre environ, j'ai ressenti une légère baisse d'intérêt, ayant un peu perdu de vue le secret annoncé par le prologue ainsi que mes repères temporels. Malgré l'indéniable talent de conteur de l'auteure, je n'ai pas été très convaincue par l'explication finale des différents mystères qui jalonnent l'histoire : j'ai trouvé qu'Elif Sharaf cédait à quelques facilités narratives et que les coïncidences étaient un peu trop grosses pour être crédibles !
Malgré ces quelques réserves, j'ai dévoré presque entièrement ce roman foisonnant, généreux et immersif. Et je remercie Babelio et les éditions Flammarion pour cette belle découverte !
Appréciation :
”Une heure plus tard, ils arrivaient au chantier, Jahan tirant Chota par ses rênes, les Gitans dans leur chariot chantant gaiement.
«Où étais-tu passé ? demanda Sinan, dont le regard allait de l'éléphant aux Gitans.
- Nous avons eu un accident en route. Ces hommes nous ont sauvé, dit Jahan.
- Est-ce que cet animal est ivre ? » dit Sinan en voyant l'éléphant tituber. Il se tourna vers les Gitans. «Eux aussi ?»
L'histoire du tonneau le fit glousser de rire. «Je ne peux pas laisser une bête sôule bâtir une sainte mosquée. Va-t-en et reviens quand il sera dégrisé.
- Oui, maître, dit Jahan, la gorge sèche. Tu es mécontent de moi ? »
Sinan soupira. «Tu as le don de t'accrocher à la vie. C'est une bonne chose. Mais la curiosité pourrait devenir un désavantage si elle n'est pas contrôlée. Nous allons devoir augmenter ton instruction.
(page 146/147)
Ma 51ème participation au challenge de Lynnae -
Ma 11è participation au challenge de BouQuiNeTTe - séjour en Turquie
D'autres billets sur la Turquie : Ichmagbücher ♦ ... ♦
Une lecture qui m'a l'air sympathique, je te comprends concernant la baisse de motivation binômette, mais tu es quand même bien active sur ton blog :)
RépondreSupprimerMerci Missie, j'ai l'impression que c'est par période rapprochée en fait... Mais Prince captif m'a réveillée... pour combien de temps ? nul ne le sait !!
RépondreSupprimerC'est amusant le schéma narratif m'évoque un peu La princesse de Babylone avec le voyage initiatique plein de rencontres ^^
RépondreSupprimerc'est tout à fait ça, Missie !! enfin d'après les maigres souvenirs qu'il me reste de La Princesse de Babylone !!
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