mercredi 17 juillet 2013

La Morte amoureuse de Théophile Gautier

 

Fiche détaillée

Auteur > Théophile Gautier
Editeur > NUMILog
Genre > nouvelle fantastique, classique
Date de parution > 1836 pour l'édition originale , 2009 pour la présente édition
Format > PDF
Poids du fichier > 241 Kb (76 pages)

auteur

Théophile Gautier Né à Tarbes en 1811, Théophile Gautier fait ses études aux lycées Louis-le-Grand et Charlemagne. Il se lie avec Gérard de Nerval, qui l'introduit dans les milieux littéraires. En 1829 il rencontre Victor Hugo qu'il reconnaît pour son maître et participe activement au mouvement romantique comme lors de la fameuse bataille d'Hernani, le 25 février 1830. Il évoquera avec humour cette période dans Les Jeunes-France. Optant pour la poésie, Gautier fonde le «Petit Cénacle» en 1830 et publie son premier recueil de Poésies. En 1833, un recueil de contes Les Jeune-France et la préface de son premier roman Mademoiselle de Maupin (1835) dénoncent avec esprit et véhémence les excès idéalistes du romantisme. Gautier est un fervent partisan des théories alors en vogue du culte de la beauté et de « l'art pour l'art ». Toute son oeuvre illustra ce manifeste : Comédie de la mort (1838), Émaux et Camées (1852), Le Roman de la momie (1857), Le Capitaine Fracasse (1863). Outre cette recherche esthétique, Gautier fut aussi journaliste, critique littéraire et voyagea beaucoup visitant l’Espagne, l'Algérie, l'Orient et la Russie. On lui doit de nombreux récits fantastiques ainsi que la
redécouverte de la poésie baroque du XVIIe siècle (Les Grotesques, 1844).
Il enrichit jusqu'en 1872 Émaux et Camées qui fait de son auteur un chef d'école : Baudelaire dédie Les Fleurs du mal au « poète impeccable » et Théodore de Banville salue le défenseur de « l'art pour l'art », précurseur des Parnassiens à la recherche du beau contre les épanchements lyriques des romantiques et valorisant le travail de la forme (« Sculpte, lime, cisèle » écrit Gautier dans son poème L’Art, dernier pèce de Émaux et Camées, édition de 1872).
Il continue à publier des articles ou des poèmes mais aussi une biographie d'Honoré de Balzac ou des œuvres de fiction comme son roman de cape et d'épée Le Capitaine Fracasse (1863). Il est nommé bibliothécaire de la princesse Mathilde et fréquente les salons littéraires du Second Empire mais aussi le milieu de l'art, s’intéressant aux musiciens (il écrit sur Berlioz, Gounod, Wagner… et élabore le livret du ballet Giselle) comme aux peintres (Eugène Delacroix, Édouard Manet, Gustave Doré…).
Il meurt en 1872 laissant l'image d'un témoin de la vie littéraire et artistique de son temps dont les conceptions artistiques ont compté et dont l'œuvre diverse est toujours reconnue.

quatrieme de couverture

Victime le jour de son ordination d'une hallucination qui le plonge dans le plus profond désarroi, Romuald cède progressivement à la fascination exercée sur son esprit torturé par la mystérieuse Clarimonde. La scandaleuse courtisane, qui n'est autre que la figure du diable, l'entraîne, lors de ses visites nocturnes, dans un monde de luxe et de plaisirs. Envoûté par cette « infernalement splendide » beauté mais conscient du dédoublement qui s'est opéré en lui, le jeune prêtre vampirisé sait que seule la manière forte peut l'extraire de cet état de confusion et de soumission : l'aventure de La Morte amoureuse s'achèvera dans les allées brumeuses d'un cimetière... Dans cette nouvelle fantastique et macabre qui explore les confins du réel, Gautier livre le récit terrifiant d'un amour surnaturel.

première phrase

"Vous me demandez, frère, si j’ai aimé ; oui."

avis personnel

 L'histoire commence avec le narrateur, Romuald, un prêtre âgé de 60 ans, qui raconte à l'un de ses coreligionnaires l'étrange aventure qui lui est survenue lors de sa jeunesse.
Le jour de son ordination, il aperçoit dans l'église une belle jeune femme pour laquelle il éprouve une profonde fascination. Il entend sa voix lui promettre l'amour et un bonheur paradisiaque à la condition qu'il renonce à prononcer ses voeux. La cérémonie se termine avant qu'il ne réagisse favorablement à cette invitation.
A la sortie de l' église, une main froide l'agrippe et il entend la femme lui murmurer :"Malheureux ! malheureux ! qu'as-tu fait ?" (page 20)
Quand il se retourne, elle a disparu...

Cette nouvelle est l'occasion pour Théophile Gautier de nous délivrer une histoire jouant sur l'ambiguité : le narrateur n'est jamais sûr si les événements surnaturels dont il est témoin appartiennent au rêve ou à la réalité.
Dès le début dans l'église, Romuald est confus : "J'étais, tout éveillé, dans un état pareil à celui du cauchemar, où l'on veut crier un mot dont votre vie dépend, sans en pouvoir venir à bout." (page 17/18)
Clarimonde lui apparaît à un tournant de sa vie telle une sublime tentatrice et il ne sait démêler la nature exacte de son être : "Cette femme était un ange ou un démon, et peut-être tous les deux; elle ne sortait certainement pas du flanc d'Eve, la mère commune." (page 14)

De retour au séminaire, les pensées de Romuald sont obsédées par cette femme dont il ne connaît que le prénom : Clarimonde et qu'il rêve de rejoindre.
Puis il est nommé à la cure de C***.  Sur le chemin de cette paroisse, en se retournant pour contempler une dernière fois la ville, il aperçoit sur la terrasse du plus haut palais Clarimonde "encore enveloppée de ses voiles de nuit" (page 31) dans la lumière dorée et vaporeuse de l'aube . Encore une fois, Romuald se sent confus : "en ce moment, je ne sais encore si c'est une réalité ou une illusion" (page 30).
Toujours est-il qu'arrivé à destination, il continue à être obsédé par cette femme.

Une nuit, un homme mystérieux vient le chercher pour le conduire à sa maîtresse mourante qui réclame les derniers sacrements.
Gautier arrive à merveille à créer une ambiance angoissante tout le long que dure la chevauchée des deux hommes.Le lecteur devine que la mourante en question n'est autre que Clarimonde.
Or, Romuald arrive trop tard : elle est déjà morte mais conserve l'aspect d'une jeune fille endormie.
L'esprit de Romuald se met alors à osciller entre la perception que Clarimonde est morte et l'espoir inconscient qu'elle soit toujours en vie. Il la ramène à la vie d'un baiser.
Quand il se réveille, il est dans son lit, et sa gouvernante Barbara lui apprend qu'il a été fiévreux durant 3 jours. A-t-il rêvé la scène de la veillée funèbre ?

La Morte amoureuse de Théophile Gautier
lithographie de Laurens

Suite à sa maladie, il reçoit la visite de l'abbé Sérapion, son ancien mentor, qui lui révèle la nature exacte de la courtisane Clarimonde "... tous ses amants ont fini d'une manière misérable ou violente. On a dit que c'était une goule, un vampire femelle; mais je crois que c'était Belzébuth en personne. (...) La pierre de Clarimonde devrait être scellée d'un triple sceau; car ce n'est pas, à ce qu'on dit, la première fois qu'elle est morte." (page 49)

Clarimonde est-elle réellement un vampire ? ou la victime des préjugés de l'Eglise catholique qui considère la femme comme un être corrompu et charnel, comme une tentatrice diabolique ?

 A partir de ce moment, Clarimonde lui apparaît chaque nuit. Elle l'entraîne à Venise pour une vie de plaisirs et de débauches. Comme Romuald l'aperçoit toujours au sortir du sommeil, le lecteur se demande si c'est un rêve ou la réalité.
Toujours est-il que Romuald se met à mener une double vie : le jour, prêtre qui mortifie sa chair des débauches qu'il vit la nuit en temps que gentilhomme jusqu'à ce que...

Je ne vous dévoilerai pas le dénouement mais vous invite seulement à suivre Romuald et l'abbé Sérapion jusqu'à la pierre tombale de Clarimonde, et je laisse le mot de la fin  au vieil homme qu'est devenu Romuald : "Ne regardez jamais une femme, et marchez toujours les yeux fixés en terre, car, si chaste et si calme que vous soyez, il suffit d'une minute pour vous faire perdre l'éternité."

Pour conclure, une nouvelle très agréable à lire, même si les vampires n'ont plus de nos jours la fraîcheur de la nouveauté ou de l'originalité. Mais la langue de Gautier est d'une très grande qualité littéraire qui dépeint merveilleusement et poétiquement cette atmosphère mystérieuse. On sent que l'auteur a pratiqué la peinture car certaines scènes sont très visuelles et ressemblent à un tableau...

Appréciation :

note : 4 sur 5

extrait

page 44/45
"La nuit s'avançait, et, sentant approcher le moment de la séparation éternelle, je ne pus me refuser cette triste et suprême douceur de déposer un baiser sur les lèvres mortes de celle qui avait eu tout mon amour. Ô prodige ! un léger souffle se mêla à mon souffle, et la bouche de Clarimonde répondit à la pression de la mienne : ses yeux s'ouvrirent et reprirent un peu d'éclat, elle fit un soupir, et, décroisant ses bras, elle les passa derrière mon cou avec un air de ravissement inneffable. «Ah ! c'est toi, Romuald, dit-elle d'une voix languissante et douce comme les dernières vibration d'une harpe; que fais-tu donc ? Je t'ai attendu si longtemps, que je suis morte; mais maintenant que nous sommes fiancés, je pourrai te voir et aller chez toi. Adieu, Romuald, adieu ! je t'aime, c'est tout ce que je voulais te dire, et je te rends la vie que tu as rappelée sur moi une minute avec ton baiser; à bientôt.»
Sa tête retomba en arrière, mais elle m'entourait toujours de ses bras comme pour me retenir. Un tourbillon de vent furieux défonça la fenêtre et entra dans la chambre; la dernière feuille de la rose blanche palpita quelque temps comme une aile au bout de la tige, puis elle se détacha et s'envola par la croisée ouverte, emportant avec elle l'âme de Clarimonde. La lampe s'étaeignit et je tombai évanoui sur le sein de la belle morte."

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