Auteur > Aristophane
Editeur > arléa
Collection > Poche-Retour aux grands textes
Genre > classique, théâtre
Date de parution > 411 avant notre ère, 2013 pour la présente édition
Titre original > Λυσιστράτη / Lusistrátê
Nombre de pages > 130
Préface >
Traduction > du grec ancien par Laetitia Bianchi et Raphaël Meltz
(source : Wikipédia)
Aristophane, né vers 440-435 avant notre ère, était le fils de Philippos, du dème de Kydathénée, de la tribu Pandionis, et d'une esclave affranchie ; il était Athénien de naissance ; il débuta jeune au théâtre et se fit connaître par deux pièces aujourd'hui perdues : Les Détaliens ou les Banqueteurs (427) et les Babyloniens (426). Il écrivit de nombreuses comédies, dont la plupart ne nous sont connues que par des fragments. Onze nous sont parvenues : les Acharniens (425) et la Paix (421), où l'auteur intervient franchement dans la politique et combat le parti de la guerre ; les Cavaliers (424), où il attaque ouvertement Cléon, le tout-puissant démagogue ; les Nuées (423) où il raille Socrate ; les Guêpes (422), où il tourne en ridicule l'organisation des tribunaux athéniens et les manies des juges ; les Oiseaux (414), où il s'en prend aux utopies politiques et sociales, comme plus tard dans Lysistrata (411) et dans l'Assemblée des femmes (392) ; les Thesmophories (411), et les Grenouilles (405) sont des satires littéraires dirigées contre Euripide. Cependant, la hardiesse des poètes comiques, le retour au pouvoir du parti aristocratique, et les malheurs d'Athènes, avaient amené une réaction contre la liberté du théâtre. Cette réaction s'était dessinée déjà vers (412) et sous les Trente : elle aboutit vers (388), semble-t-il, à une loi qui interdisait formellement les attaques contre les personnes. C'était l'arrêt de mort de la comédie ancienne. Aristophane tenta des voies nouvelles : par le Côcalos (aujourd'hui perdu) et la seconde édition du Ploutos (388), il inaugura la satire des mœurs, d'où devait sortir la comédie nouvelle des Athéniens.
Le fils d'Aristophane, Ararôs, fut également poète comique et remporta la victoire en 387 aux Dionysies avec le Côcalos, une comédie écrite par le père pour favoriser le succès de son fils.
Sauf le Ploutos et les pièces contre Euripide, les comédies d'Aristophane sont des satires sociales ou des pamphlets politiques. Attaché au parti aristocratique, le poète se servit largement des libertés que lui laissait l'état populaire pour attaquer les institutions et les chefs de file de la démocratie. Les pièces d'Aristophane sont très précieuses pour la connaissance de l'histoire du temps, des institutions et des mœurs athéniennes à la fin du Ve siècle avant notre ère.
Faites l'amour pas la guerre. Au Ve siècle avant J-C, en pleine guerre du Péloponnèse, Aristophane imagine un mot d'ordre encore plus efficace : ne faites pas l'amour et la guerre s'arrêtera. Une Athénienne audacieuse, Lysistrata, convainc les femmes des cités grecques de mener une grève du sexe. Un même aiguillon bande alors le désir des hommes, unis face à l'abstinence de leurs épouses. Tour à tour tendres ou résolument obscènes, les rapports hommes-femmes sont pour Aristophane l' occasion de laisser libre cours à son inventivité langagière.
Cette nouvelle traduction redonne au texte sa vivacité et sa crudité originelles. Le sort d'Athènes dépend soudain de la transparence d'une petite robe jaune...
"Franchement ! Si on les avait invitées à une fête de Pan ou d'Aphrodite, ou à une Bacchanale, on ne pourrait pas faire un pas au milieu de la pagaille. Tandis que là, pas une femme."
Quand j'ai choisi cette pièce de théâtre pour le RV du 1er mardi du mois de Stephie, je ne m'attendais pas à pleurer littéralement de rire !
J'ai été surprise par les jeux de mots obscènes et la crudité qui parsèment cette oeuvre écrite en 411 avant notre ère. Aristophane fait preuve d'une telle bonne humeur, d'un tel allant qu'il nous embarque complètement à la suite de ces Grecques qui n'ont pas froid aux yeux (ni ailleurs !^^) et qui osent tenir tête aux hommes avec un aplomb non dénué de bon sens, nous faisant entrer dans leur intimité !
Mais de quoi s'agit-il ?
Au moment où cette pièce a été jouée, la guerre du Péloponnèse dure depuis 20 ans, envoyant au front maris et amants et laissant les femmes seules au foyer. Ce qui n'est pas sans inconvénient. "... ça fait même douze mois que je n'ai pas vu un godemiché de huit pouces dont le cuir aurait pu me soulager" se plaint Myrrhine.
L'heure est donc grave.
Jusqu'à ce que Lysistrata, une féministe avant l'heure et dont le nom signifie "celle qui dissout les armées" (tout un programme !) convoque les femmes de toutes les cités grecques impliquées dans ce conflit sans fin et leur soumette son idée pour ramener la paix et leurs hommes dans leur foyer :
"Eh bien : nous devons... nous passer... de bites."
Réaction horrifiée des autres femmes :
"Tout ce que tu veux, tout ce que tu veux ! Je suis même prête à marcher sur le feu : tout plutôt que se passer de bite. Car rien ne vaut la bite, ma chère Lysistrata."
Mais le concept de Lysistrata va plus loin qu'une simple grève du sexe, oui, celle-ci ne peut être efficace qu'à condition que les femmes chauffent leurs hommes sans jamais leur céder :
"Si on restait là, chez nous, bien maquillées, à se balader toutes nues sous nos petites chemises transparentes, le triangle bien épilé, nos maris banderaient comme des fous et voudraient aussitôt nous baiser. Eh bien si on se refusait à eux, si on ne cédait pas, croyez-moi, ils feraient aussitôt la paix !"
A force de patience et d'arguments qui nous donnent de précieuses (et hilarantes) informations sur leurs pratiques sexuelles, Lysistrata vient à bout de la résistance des femmes qui acceptent finalement de prêter serment...
Et ce qui devait arriver arriva : les hommes ne se déplacent plus qu'en cachant une énorme et douloureuse érection et se retrouvent obligés de demander la paix pour faire cesser leur tourment. Il était temps ! Certaines femmes, "atteintes de baisophilie", étaient prêtes à déjouer la surveillance des autres pour retrouver leurs maris en cachette.
C'est peu de dire que j'ai été stupéfaite par la modernité de cette pièce intemporelle, car sous la crudité et la salacité des propos se cache une réflexion beaucoup plus profonde, touchant à la stupidité des guerres et à leurs conséquences désastreuses. Moi qui prenais Aristophane pour un affreux misogyne, j'ai découvert des portraits de femmes très proches de nos propres préoccupations; les maris sont dépeints d'une manière assez ridicules mais ils restent touchants dans leurs tentatives peu subtiles de rapprochement...
De plus, Aristophane joue avec brio des clichés sur la guerre des sexes et ose des allusions et des jeux de mots complètement délirants !
Une découverte vraiment sensationnelle et je lirai sans nul doute d'autres de ses pièces...
Pour finir, quelques informations sur la traduction : d'ordinaire, les traductions donnent une version édulcorée du texte original d'Aristophane car jugé trop vulgaire, avec un tas de renvois en bas de page. J'ai choisi la traduction de Laetitia Bianchi et Raphaël Meltz car elle essaie d'être fidèle au texte original.
Appréciation :
Ma 3ème participation au RV de Stephie.
D'autres billets : Stephie ♦ Lasardine ♦ Christie ♦ Liliba ♦ Jérôme ♦ L'Irrégulière ♦ Kikine ♦
Le 1er classique du mois de juillet pour le challenge organisé par Stephie.
Challenge "L'Odyssée grecque" : 4/100
Quoi ??? il s'écrivait déjà des "cochonneries" à l'époque ? :)
RépondreSupprimerPlus sérieusement, ce livre est tentant : un texte d'une autre époque mais encore tellement d'actualité : c'est bon !
Et bien si je m'attendais à ça ! ;-)
RépondreSupprimerMerci les filles ! Oui, ils cachent bien leur jeux, les Grecs anciens, nest-il pas ? Par moment, j'avais l'impression en lisant les réflexions des femmes grecques que l'on se retrouvait entre copines en plein XXIè siècle en train de philosopher sur notre vie sexuelle... En tout cas, je ne les regarderai plus du même oeil...
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