Auteur > Jane Austen
Editeur > bibebook
Genre > roman classique
Date de parution > 1814 pour l'édition originale , 2013 pour la présente édition
Titre original > Mansfield Park
Format > ePub
Poids du fichier > 625 Kb (435 pages)
Traduction > de l'anglais par ???
(sources : Evene)
Née en 1775 au sein d'une famille appartenant à la bourgeoisie provinciale, Jane Austen a utilisé la cruauté du verbe et de sa langue subtilement pendue pour décrire le mode de vie de ses contemporains à travers ce qui semble être des histoires d’amour so british. La jeune Jane grandit dans une famille de pasteurs, entourée de huit frères et soeurs. Bien que vivant modestement, George et Cassandra Austen initient leurs enfants à l'amour de la lecture et la connaissance des arts. Dès l'âge de 11 ans, Jane écrit. Son éducation ainsi que celle de sa soeur Cassandra, dont elle restera très proche jusqu'à sa mort, se fera principalement dans le domaine familial. Elle se met à l'écriture de parodies sentimentales avant de se consacrer aux romans Northanger Abbey, Raison et sentiment et Orgueil et préjugés entre 1795 et 1798. En 1801, la famille Austen s'installe à Bath et quatre ans plus tard, le père de Jane décède : l'auteur ne se mariera pas, tout comme sa soeur Cassandra, et consacrera sa vie à l'éducation de ses neveux et nièces. Raison et sentiment, Orgueil et préjugés et Mansfield Park sont publiés successivement en 1811, 1813 et 1814. Elle laisse derrière elle un roman inachevé, Sanditon, emportée par la phtisie à l'âge de 41 ans (1817). L'auteur ne connut pas le succès en son temps et ne fut redécouvert qu'à la fin du XIXe siècle. Aujourd'hui, son talent de peintre des moeurs et de la province anglaise font d'elle un des auteurs pré-victoriens les plus connus et des plus mordants.
(sources : Archipoche)
Issue d'une famille miséreuse, Fanny Price est âgée de dix ans quand elle est adoptée par son oncle maternel, Sir Thomas Bertram, qui va prendre en charge son éducation. Accueillie dans le domaine de Mansfield Park, Fanny est élevée avec ses cousins et cousines qui, à l'exception d'Edmund, la traitent avec indifférence ou mépris.
La gratitude et l'affection qu'elle éprouve à l'égard de son cousin se transforment au fil des années en un amour qu'elle garde secret. Quand un bon parti se déclare, Fanny n'a de choix qu'entre un mariage de raison et un retour à sa condition première...
"Il y a de cela à peu près trente ans, Mlle Maria Ward d’Huntingdon, n’ayant pour toute fortune que sept cents livres, eut la chance de conquérir le cœur de Sir Thomas Bertram de Mansfield Park, dans le comté de Northampton."
Mansfield Park est le 3ème livre que je lis de Jane Austen après Orgueil et Préjugés et Northanger Abbey, et autant le dire tout de suite, j'éprouve un sentiment à la fois mitigé et paradoxal au sortir de ma lecture.
Mitigé parce que j'ai été surprise de constater que l'ironie de l'auteure était dans ce livre à peine perceptible, à part pour certains passages, si bien que je me demande si la traduction et l'édition n'ont pas un peu trahi l'esprit de l'auteure. De plus j'ai trouvé que certains passages traînaient en longueur.
Paradoxal, parce que malgré ces réserves (et d'autres que je développerai plus loin), je n'ai pas réussi à lâcher le livre avant la fin...
In vain were the well-meant condescensions
of Sir Thomas. (ch. 2)
Avant de débuter ma chronique, je voudrais revenir sur l'édition et la traduction qui ont vraiment gâché ma lecture. Le roman est rempli de coquilles et d'erreurs de mise en page (par exemple, les dialogues sont parfois mélangés ou mal découpés si bien que l'on ne sait parfois qui parle et qui répond... les prénoms sont généralement laissés en anglais, puis tout à coup traduits en français ; certains mots comme "easter" ne sont pas traduits !). La traduction, quant à elle, ne m'a guère convaincue et j'ai eu l'impression qu'elle était d'une qualité médiocre, impression renforcée par le fait que le style de l'auteure me semblait totalement différent de ce que j'en avais lu auparavant...
While Fanny cut the roses. (ch. 7)
Bref, passons maintenant à l'histoire elle-même.
Je ne répéterai pas la 4ème de couverture. Comme dans ses autres romans, l'auteure met en scène des jeunes gens en âge de se marier mais dont le désir est contrarié par des événements imprévus ou une trop grande différence sociale.
Ici, c'est l'arrivée dans le voisinage de Mansfield Park de Mary et Henry Crawford, deux jeunes Londoniens aussi séduisants que corrompus qui va bouleverser la vie des Bertram.
Conducted by Mr. Crawford to the top
of the room. (ch. 28)
D'ordinaire, j'adore que l'on me brosse le quotidien de cette noblesse et de cette bourgeoisie du XIXème siècle, si riche en enseignements, et si j'ai adoré les chapitres relatant l'aventure théâtrale, le voyage des jeunes gens à Sotherton ou celui de Fanny à Portsmouth dans sa famille miséreuse, j'ai par contre parfois trouvé le temps long entre ces différentes scènes.
Peut-être que ce sentiment d'ennui est lié à la personnalité des deux jeunes héros, Fanny Price et Edmond Bertram, que j'ai trouvés parfaitement insipides, mous et passifs...
“No, no, no!” she cried,
hiding her face . (ch. 31)
Encore heureux que les personnages secondaires brossés par Jane Austen sont plus savoureux.
Mrs Norris est une mégère parfaitement odieuse et méchante, dont la fausse générosité et la radinerie sont tournés en ridicule.
Sir Bertram est dépeint comme un personnage rigide et autoritaire au début, mais ce protrait sévère est ensuite adouci par l'expression de sa bonté, certes un peu maladroite parfois.
Sa femme, lady Bertram, est tellement indolente et préoccupée par ses toutous que ses rares interventions prennent une tournure comique.
Mary Crawford et son frère Henry sont deux personnages fascinants dont la vivacité et l'esprit apparaissent suspects aux yeux de Fanny qui n'est sensible qu'à leurs défauts. /!\Attention spoiler/!\ D'ailleurs, je suis déçue que cette dernière ne soit pas finalement tombée amoureuse de Henry dont j'avais trouvé le changement de comportement intéressant (même si le vil séducteur sauvé par l'amour fait un peu cliché, c'est le dénouement que j'aurais préféré !). D'autant que la soudaine volte-face amoureuse d'Edmond apparaît vraiment peu crédible, surtout après avoir soupiré pendant plusieurs centaines de pages sur la beauté, l'intelligence, la gentillesse, la vivacité d'esprit, la bonté de Miss Crawford dont il est à ne pas douter éperdument amoureux et dont il rebat les qualités auprès d'une Fanny étouffée de jalousie.../!\Fin du spoiler/!\
“Good, gentle Fanny!” (ch. 36)
J'ai été déçue par une fin un peu trop expéditive ainsi que par la ressemblance de certaines scènes avec les quelques rebondissements scandaleux d'Orgueil et Préjugés. De plus, le caractère moralisateur de Fanny, dépeinte comme une femme bien docile et bien soumise, m'a vraiment dérangée : j'ai ressenti plus fortement que dans d'autres romans du XIXème siècle le décalage entre les normes sociales de ce siècle et le nôtre...
Car je trouve les personnages des Crawford bien plus intéressants, bien plus vivants, mieux exploités finalement, que les personnages principaux. Dommage que leur moralité, leur trop grande liberté les fassent apparaître comme des êtres méprisables...
Fanny was obliged to introduce him. (ch. 41)
Pour conclure, un roman que j'ai lu d'une traite et dont j'ai savouré certains passages même si je trouve que l'intrigue aurait gagnée à être resserrée et que certains choix de l'auteure gâchent un peu l'intérêt de l'histoire.
Malgré ces quelques réserves, ma découverte de cette oeuvre dense aurait été plus appréciée si elle n'avait été desservie par une traduction et une édition de médiocre qualité.
Appréciation :
Crédit images : C.E. Brock illustrations
page 39 :
"Son frère n'était pas beau, non, quand elles le virent la première fois ; il était absolument laid, noir et laid, mais il était un gentleman et avait un air agréable. La seconde rencontre le fit paraître moins laid ; certes, il n'était pas beau mais son allure était parfaite et ses dents fort belles, et puis il était si bien bâti qu'on oubliait qu'il était laid. Après la troisième entrevue, lors d'un dîner au presbytère, plus personne n'osa dire qu'il l'était. En réalité, c'était le plus agréable jeune homme que les deux soeurs aient jamais rencontré et l'une n'aimait pas moins sa présence que l'autre. Les fiançailles de Mlle Bertram en faisaient en quelque sorte la propriété de Julia, ce qu'elle n'ignorait nullement. Avant qu'il n'ait passé une semaine à Mansfield, elle était prête à en tomber amoureuse.
Les sentiments de Maria étaient plus confus et plus mélangés. Elle préférait ne pas chercher à les comprendre. Il ne pouvait y avoir aucun mal à ce qu'elle aimât la société d'un homme agréable. Tout le monde connaissait sa situation, et M. Crawford savait ce qu'il faisait. M. Crawford ne désirait pas du tout être en danger. Les demoiselles Bertram étaient des plus plaisantes et tâchaient de plaire, et il fit comme elles, sans aucune arrière-pensée derrière la tête. Il ne désirait pas les voir mourir d'amour, mais avec les sentiments et le caractère qui auraient dû le faire sentir et le faire juger plus exactement, il se permit de grandes libertés sur ces points."
Lecture commune organisée par BouQuiNeTTe...
D'autres billets : Amanite ♦ JulieBlack ♦ BouQuiNeTTe ♦ ... ♦ ... ♦
Mon 3ème billet pour le challenge organisé par Alice.
Ma 2è participation au challenge d'Hedyuigirl (2/19-31)
Le classique du mois d'octobre pour le challenge organisé par Stephie.
Eh bien nous voilà parfaitement du même avis! C'est difficile d'apprécier un idéal de docilité et de soumission à notre époque. Merci d'avoir déniché les illustrations, elles sont vraiment superbes!
RépondreSupprimerIl est vrai que les contraintes sociales font parti intégrante du roman (et j'ai bien aimé cet aspect-là) mais j'ai trouvé Fanny vraiment trop timorée parfois. Merci pour ton passage !
RépondreSupprimerJe ne l'ai pas encore terminé, mais mon avis rejoint le tien sur les longueurs (la pièce de théâtre par exemple). Et comme tu dis les personnages sont vraiment mous !
RépondreSupprimerContente que tu aies fini ta lecture malgré tout !!
Paradoxalement, malgré les longueurs, j'ai lu le roman presque d'une traite, car il y avait des passages qui relevaient mon intérêt pour l'histoire !
RépondreSupprimerTu verras qu'arrivée au moment du voyage de Fanny à Porstmouth, la lecture s'accélère...
Tout comme toi j'ai trouvé le revirement d'Edmund peu crédible. En tout cas Fanny est l'une des héroïnes que j'aime le moins, beaucoup trop passive. C'est le roman de Jane Austen que j'aime le moins.
RépondreSupprimerj'ai le même ressenti que toi vis-à-vis du livre et des personnages... c'est dommage, parce que certains passages étaient vraiment très réussis... je verrai à la fin du Jane Austen Book Club s'il reste toujours classé bon dernier... j'espère que je n'aurai pas d'autres déconvenues avec l'auteure !
RépondreSupprimerJe ne pense pas ;) j'ai lu tous ces romans et il n' y a que celui-ci qui m'ait un peu déçue. ^^ Quoique Lady Susan est assez particulier dans son genre.
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