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"Rien n'est plus aisé à faire qu'un mauvais livre, si ce n'est une mauvaise critique." VOLTAIRE
Auteur > Anne Brontë
Editeur > Ebooks libres et gratuits
Genre > roman classique
Date de parution > 1847 pour l'édition originale , 2011 pour la présente édition
Titre original > Agnes Grey
Format > ePub
Poids du fichier > 200 Kb (199 pages)
Traduction > de l'anglais par MM. Ch. Romey & A. Rolet
(sources : Larousse)
Née en 1820, Anne publie des poèmes, en même temsp que ses soeurs, en 1846 sous le pseudonyme d'Acton Bell. Son premier roman, Agnes Grey (1847), histoire autobiographique d'une gouvernante, n'a guère suscité l'enthousiasme des critiques. En juin 1848, elle publie son second et dernier roman, la Locataire de Wildfell Hall. On retrouve dans ce manifeste féministe l'atmosphère violente des Hauts de Hurlevent ; les mésaventures de Branwell, le frère d'Anne, soupçonné de relations adultères avec la femme de son employeur, ont pu inspirer le parcours de l'héroïne qui fuit avec son fils la brutalité d'un mari alcoolique. Après une longue maladie, Anne Brontë meurt en mai 1849.
Agnès Grey est la fille cadette d'un pasteur. Sa famille se retrouve dans une mauvaise passe financière et pour l'aider, Agnès décide de devenir gouvernante. Son passage dans deux familles va lui révéler que la situation de gouvernante n'est pas des plus faciles. Anne, la plus jeune des soeurs Bronte, s'est appuyée sur sa propre expérience de gouvernante pour écrire ce premier roman dans lequel elle dénonce les carences éducatives des enfants dans certaines familles riches.
"Toutes les histoires vraies portent avec elles une instruction, bien que dans quelques-unes le trésor soit difficile à trouver, et si mince en quantité, que le noyau sec et ridé ne vaut souvent pas la peine que l'on a eue de casser la noix."
Anne Brontë est la seule des soeurs Brontë que je n'avais pas lue, j'étais donc très curieuse de découvrir son oeuvre, et même si le ton est moins passionné que dans Jane Eyre ou Les Hauts-de-Hurlevent, je l'ai littéralement dévorée tant le style de l'auteure est plaisant et fluide...
L'histoire est racontée à la 1ère personne du singulier par Agnès Grey, la seconde fille d'un pasteur ruiné par de mauvais placements et qui décide d'aider financièrement sa famille en recherchant une place de gouvernante. Un poste lui est offert chez les Bloomfield, famille de bourgeois enrichis, chez lesquels elle se rend, enchantée à l'idée de transmettre ses connaissances. Hélas, la jeune fille n'ira que de désillusions en désillusions, confrontée à des enfants tyranniques et irrespectueux ainsi qu'à des parents méprisants et abusés sur les qualités supposées de leur insupportable progéniture.
Renvoyée au bout de quelques mois, elle est engagée par les Murray, famille appartenant à la petite noblesse terrienne, et qui la traitent un peu mieux, mais on pouvait difficilement faire pire que les Bloomfield...
Dans ce roman, Anne Brontë brosse un tableau sans concession sur la dure condition des gouvernantes, et des femmes en général. Seul emploi autorisé pour des femmes pauvres mais respectables, les gouvernantes se retrouvent en butte à la condescendance, voire au mépris de leurs patrons (qui leur sont souvent inférieurs par l'éducation et l'instruction), ignorés par les domestiques qui copient leur comportement sur leurs maîtres, tyrannisées par des enfants pourris gâtés, parfois cruels, paresseux, désobéissants, menteurs... bref, le concept d'enfant-roi n'a pas été inventé au XXIème siècle, croyez-moi, et j'admire la patience dont fait preuve l'héroïne face à ces têtes-à-claques ! Personnellement, j'en aurais bien pris un pour taper sur l'autre... Bref...
Les préceptrices sont donc livrées à la tyrannie des enfants sur lesquels les mères leur ont enlevé toute autorité alors qu'elles exigent de leurs employées des résultats scolaires probants. Autant dire que les objectifs sont impossibles à atteindre !
De plus, les gouvernantes sont vouées à la solitude, ne pouvant espérer se lier socialement avec l'entourage de leurs employeurs, car jugés d'un rang inférieur, ni avec les domestiques; Agnès Grey trouve pourtant de la consolation à côtoyer les pauvres rattachés aux terres de Mr Murray en leur apportant son secours, quand son temps libre lui permet de s'échapper du manoir; elle goûte également les sermons du nouveau vicaire, Mr Weston, homme plein de bonté et de générosité.
Mais les femmes de la noblesse n'ont guère un sort plus enviable, condamnées à se marier sans amour afin de conserver leur rang. Certaines mêmes apparaissent comme des mères dénaturées : ainsi, mistress Murray sacrifie sciemment sa fille aînée Rosalie à un noble, débauché notoire, afin de préserver son statut social; cette même Rosalie, devenue mère à son tour, avoue à son ancienne gouvernante qu'elle ne saurait passer son si précieux temps avec sa fille car "elle n'est qu'une enfant, et je ne puis concentrer toutes mes espérances sur une enfant; c'est seulement un peu mieux que de mettre toutes ses affections sur un chien." (page 182)
La pauvre Agnès Grey supporte son sort avec un stoïcisme admirable !
Discrète, effacée, timide, dévote, généreuse, dévouée, pudique dans ses sentiments, l'héroïne possède toutes les qualités que la société victorienne attend des jeunes filles, et même si son côté moralisateur et sa passivité nous agacent parfois, elle se montre véritablement attachante, touchante même dans sa volonté de maîtriser ses émotions alors que certaines situations la touchent profondément...
Pour conclure, une lecture très agréable en compagnie d'une héroïne, peut-être un peu trop parfaite ou trop lisse, mais dont la destinée nous captive d'un bout à l'autre du livre ! Je suis curieuse de découvrir le second et dernier livre de l'auteure...
Appréciation :
page 139 :
"Elle saisissait toute occasion de le rencontrer, mettait tout en oeuvre pour le fasciner, et le poursuivant avec autant de persévérance que si elle l'eût réellement aimé et si le bonher de sa vie eût dépendu d'une marque d'affection de sa part. Une telle conduite était complètement au-dessus de mon intelligence. Si je l'avais vue tracée dans un roman, elle m'eût paru contre nature; si je l'avais entendu décrite par d'autres, je l'eusse prise pour une erreur ou une exagération; mais, quand je la vis de mes yeux, et que j'en souffris aussi, je ne pus conclure autre chose que ceci : que l'excessive vanité, comme l'ivrognerie, endurcit le coeur, enchaîne les facultés et pervertit les sentiments, et que les chiens ne sont pas les seules créatures qui, gorgés jusqu'au gosier, peuvent s'attacher à ce qu'ils ne peuvent dévorer, et en disputer le plus petit morceau à un frère affamé."
Ma 1ère participation au challenge de Missycornish;
Le 3è classique du mois de juillet pour le challenge organisé par Stephie.
Ma 4ème participation au challenge de Vashta Nerada (Angleterre)
"Miss Murray allait maintenant toujours deux fois à l'église, car elle aimait tant l'admiration qu'elle ne pouvait négliger aucune occasion de l'obtenir, et elle était si sûre de l'attirer, que partout où elle se montrait (que M. Harry Meltham et M. Green y fussent ou non) il y avait toujours quelqu'un qui n'était pas insensible à ses charmes, sans compter le recteur, que ses fonctions obligeaient tout naturellement à s'y trouver. Ordinairement aussi, quand le temps le permettait, elle et sa soeur préféraient revenir à pied : Mathilde, parce qu'elle détestait être emprisonnée dans la voiture; miss Murray, parce qu'elle aimait la compagnie, qui ordinairement égayait le premier mille de la route, de l'église aux portes du parc de M. Green, où commençait le chemin particulier conduisant à Horton-Lodge, situé dans une direction opposée, tandis que la grande route conduisait tout droit à la demeure plus éloignée de sir Hugues Meltham."
Auteur > Stephen Lawhead
Editeur > Le Livre de Poche
Série > Cycle de Pendragon, tome 1
Genre > roman fantasy
Date de parution > 1987 aux USA, 1997 en France, 2002 pour la présente édition
Titre original > Taliesin
Nombre de pages > 668
Traduction > de l'américain par Luc Carissimo
(source : Wikipédia)
Stephen R. Lawhead est né en 1950 à Kearney dans le Nebraska. Il a commencé sa carrière dans le journalisme en dirigeant le Campus Life Magazine. Dans les années 1980, il entreprend la rédaction de La Saga du Roi Dragon, sujet d'entrainement pour constater s'il peut faire vivre sa famille de sa plume.
Par la suite, il se documente sur la mythologie et l'histoire celte de l'Angleterre, puis publie Le Cycle de Pendragon. Traduit dans de nombreuses langues, ce livre a été salué par la critique anglo-saxonne comme un renouvellement original du genre traditionnel de la fantasy à coloration médiévale. Stephen R. Lawhead est également l'auteur du Cycle du Chant d'Albion et des Croisades celtiques.
Il vit actuellement en Angleterre, à Oxford, avec sa femme, écrivain elle aussi.
« Je ne pleurerai plus les disparus, endormis dans leur tombe marine. Leurs voix s’élèvent : «Conte notre histoire, disent-elles. Elle mérite de rester dans les mémoires.» Je prends donc la plume… »
Ainsi commence la tragédie de l’Atlantide engloutie, à jamais disparue dans de terribles convulsions. Fuyant le cataclysme, trois navires désemparés emportent le roi Avallach et sa fille vers Ynys Prydein, une île noyée dans les brumes.
Dans ce nouveau monde, où les guerriers celtes luttent pour leur survie dans les derniers soubresauts d’un Empire romain agonisant, ils essaient tant bien que mal de refaire leur vie. De la rencontre de ces deux civilisations, et de l’union de la jeune princesse atlante avec le barde Taliesin, naîtra celui que chacun connaît désormais sous le nom de Merlin…
Le Cycle de Pendragon comprend :
1. Taliesin
2. Merlin
3. Arthur
4. Pendragon
5. Le Graal
"Je ne pleurerai plus les disparus, endormis dans leur tombe marine."
Dans ce cycle, Lawhead revisite la légende arthurienne, mélangeant les débuts du christianisme à la mythologie celtique, tout en y intégrant le mythe de l'Atlantide.
Ce volume se situe avant Merlin et Arthur pour raconter l'histoire des parents de l'Enchanteur, de leur enfance jusqu'à leur rencontre et la naissance de Merlin.
Il nous propose pas moins de 3 mythes regroupés en une seule histoire :
♣ la chute de l'empire atlante ♣
♣ la vie de Taliesin inspirée de sa légende. Ici, Taliesin, barde et magicien, est supposé être le père de Merlin. Il assiste au retrait de la présence romaine dans l'île de Bretagne et aux débuts des Âges Sombres ♣
♣ dans une moindre mesure mais que l'on devine déterminante pour la suite de la saga, la légende de Joseph d'Arimathie qui se réfugia dans le sud de l'île bretonne pour y garder la coupe du St Graal, dans laquelle il avait recueilli le sang du Christ ♣
Le style de l'auteur est très évocateur et ses descriptions aussi réalistes et riches que vivantes nous immergent complètement dans l'univers celte ou atlante.
Les histoires dans l'histoire sont captivantes :
♣ les jeunes années de la princesse atlante Charis à pratiquer la danse taurine dans les arènes ♣
♣ la transformation d'Elphin (le père adoptif de Taliesin) d'héritier malchanceux en un roi respecté et un guerrier craint ♣
♣ l'amour contrarié de Taliesin et de Charis qui voit dans leurs différences une barrière insurmontable (d'ailleurs, la scène entre les deux amoureux près de la pierre levée est romantique et poétique à souhait ! ^^) ♣
Autre point positif : Lawhead donne de la profondeur à ses personnages, il prend le temps de leur inventer une vie et c'est véritablement passionnant.
Malgré toutes ces qualités, deux trois aspects m'ont gênée dans ma lecture.
Tout d'abord, le choix d'intégrer le mythe de l'Atlantide à la légende arthurienne. Les longs passages sur l'Atlantide (qui m'a fait penser à la civilisation minoenne), sur ses villes, ses palais, son organisation sociale et politique, la guerre civile ainsi que sur la religion avec le dieu Bel, étaient en eux-mêmes passionnants mais je trouve qu'ils auraient été mieux exploités dans un livre ne traitant que de cette légende, et que cet ajout à la légende arthurienne paraît parfois factice. De plus, certaines explications de l'auteur pour intégrer cet univers sont simplistes et peu convaincantes à mes yeux : par exemple, le Roi Pêcheur de la légende s'appelle ainsi parce que le roi atlante Avallach aime pécher sur le lac; alors que l'auteur prend le temps de détailler les autres passages de son roman, ici, il expédie ce genre d'informations sans les développer. Idem pour l'explication de la Dame du Lac.
Ensuite, le traitement des différentes religions. Je trouve que Lawhead fait preuve d'un certain manichéisme. D'un côté, les anciens dieux sont présentés comme cruels et sauvages, appréciant les sacrifices humains; de l'autre, les deux moines chrétiens sont des êtres parfaits qui convertissent ceux qui les approchent en un tournemain et on a parfois l'impression que l'auteur cherche également à nous convertir. L'intrusion de la religion chrétienne est compréhensible au regard des futures quêtes des chevaliers du roi Arthur mais je trouve la manière de procéder maladroite tant certains passages s'apparentent à des sermons, voire du prosélythisme... De plus, j'ai trouvé peu crédible le fait qu'un druide pouvait vouer un culte au dieu unique tout en usant de pouvoirs magiques découlant des dieux païens (même si je sais que le christianisme a fini par intégrer certains rituels païens à sa liturgie et ses fêtes pour éradiquer le paganisme).
Enfin, mon dernier reproche (anecdotique par rapport aux deux autres) porte sur les quelques longueurs que l'on peut ressentir à la lecture de certains passages...
Pour conclure, un livre qui m'a passionnée même si l'auteur n'est pas exempt de certaines maladresses ou lourdeurs. Sa plume est très agréable, voire parfois poétique. Je ne suis pas convaincue par le mélange légende arthurienne/légende atlante mais je suis curieuse de découvrir la suite !
Avis personnel :
Mes autres avis sur la série : tome 1 ♦ tome 2 ♦ tome 3 ♦ tome 4 ♦ tome 5
Résumé détaillé (dévoilant l'intrigue)
page 530 :
"Alors qu'elle se détournait de lui, il vit sur son visage les années de cruelle solitude, et quelque chose de plus : une souffrance profondément ancrée, une blessure ouverte dans son âme. Là se trouvait la source de sa colère, et aussi de sa fierté.
«Je te montrerai», dit-il tendrement.
Un instant, elle parut s'adoucir; elle se tourna à moitié vers lui. Mais la douleur était trop grande. Elle se raidit et partit vers son cheval."
Ma 4ème participation au challenge d'Auudrey.
Ma 11ème partcipation au challenge de Myrtille - légende arthurienne revisitée
Ma 6ème participation au challenge de Ptitetrolle.
Ma 4ème participation au challenge de Sofynet - nuitée dans le Nebraska, cet état ayant vu naître l'auteur
Challenge "L'Odyssée grecque" : 6/100
Auteur > Théophile Gautier
Editeur > NUMILog
Genre > nouvelle fantastique, classique
Date de parution > 1836 pour l'édition originale , 2009 pour la présente édition
Format > PDF
Poids du fichier > 241 Kb (76 pages)
Né à Tarbes en 1811, Théophile Gautier fait ses études aux lycées Louis-le-Grand et Charlemagne. Il se lie avec Gérard de Nerval, qui l'introduit dans les milieux littéraires. En 1829 il rencontre Victor Hugo qu'il reconnaît pour son maître et participe activement au mouvement romantique comme lors de la fameuse bataille d'Hernani, le 25 février 1830. Il évoquera avec humour cette période dans Les Jeunes-France. Optant pour la poésie, Gautier fonde le «Petit Cénacle» en 1830 et publie son premier recueil de Poésies. En 1833, un recueil de contes Les Jeune-France et la préface de son premier roman Mademoiselle de Maupin (1835) dénoncent avec esprit et véhémence les excès idéalistes du romantisme. Gautier est un fervent partisan des théories alors en vogue du culte de la beauté et de « l'art pour l'art ». Toute son oeuvre illustra ce manifeste : Comédie de la mort (1838), Émaux et Camées (1852), Le Roman de la momie (1857), Le Capitaine Fracasse (1863). Outre cette recherche esthétique, Gautier fut aussi journaliste, critique littéraire et voyagea beaucoup visitant l’Espagne, l'Algérie, l'Orient et la Russie. On lui doit de nombreux récits fantastiques ainsi que la
redécouverte de la poésie baroque du XVIIe siècle (Les Grotesques, 1844).
Il enrichit jusqu'en 1872 Émaux et Camées qui fait de son auteur un chef d'école : Baudelaire dédie Les Fleurs du mal au « poète impeccable » et Théodore de Banville salue le défenseur de « l'art pour l'art », précurseur des Parnassiens à la recherche du beau contre les épanchements lyriques des romantiques et valorisant le travail de la forme (« Sculpte, lime, cisèle » écrit Gautier dans son poème L’Art, dernier pèce de Émaux et Camées, édition de 1872).
Il continue à publier des articles ou des poèmes mais aussi une biographie d'Honoré de Balzac ou des œuvres de fiction comme son roman de cape et d'épée Le Capitaine Fracasse (1863). Il est nommé bibliothécaire de la princesse Mathilde et fréquente les salons littéraires du Second Empire mais aussi le milieu de l'art, s’intéressant aux musiciens (il écrit sur Berlioz, Gounod, Wagner… et élabore le livret du ballet Giselle) comme aux peintres (Eugène Delacroix, Édouard Manet, Gustave Doré…).
Il meurt en 1872 laissant l'image d'un témoin de la vie littéraire et artistique de son temps dont les conceptions artistiques ont compté et dont l'œuvre diverse est toujours reconnue.
Victime le jour de son ordination d'une hallucination qui le plonge dans le plus profond désarroi, Romuald cède progressivement à la fascination exercée sur son esprit torturé par la mystérieuse Clarimonde. La scandaleuse courtisane, qui n'est autre que la figure du diable, l'entraîne, lors de ses visites nocturnes, dans un monde de luxe et de plaisirs. Envoûté par cette « infernalement splendide » beauté mais conscient du dédoublement qui s'est opéré en lui, le jeune prêtre vampirisé sait que seule la manière forte peut l'extraire de cet état de confusion et de soumission : l'aventure de La Morte amoureuse s'achèvera dans les allées brumeuses d'un cimetière... Dans cette nouvelle fantastique et macabre qui explore les confins du réel, Gautier livre le récit terrifiant d'un amour surnaturel.
"Vous me demandez, frère, si j’ai aimé ; oui."
L'histoire commence avec le narrateur, Romuald, un prêtre âgé de 60 ans, qui raconte à l'un de ses coreligionnaires l'étrange aventure qui lui est survenue lors de sa jeunesse.
Le jour de son ordination, il aperçoit dans l'église une belle jeune femme pour laquelle il éprouve une profonde fascination. Il entend sa voix lui promettre l'amour et un bonheur paradisiaque à la condition qu'il renonce à prononcer ses voeux. La cérémonie se termine avant qu'il ne réagisse favorablement à cette invitation.
A la sortie de l' église, une main froide l'agrippe et il entend la femme lui murmurer :"Malheureux ! malheureux ! qu'as-tu fait ?" (page 20)
Quand il se retourne, elle a disparu...
Cette nouvelle est l'occasion pour Théophile Gautier de nous délivrer une histoire jouant sur l'ambiguité : le narrateur n'est jamais sûr si les événements surnaturels dont il est témoin appartiennent au rêve ou à la réalité.
Dès le début dans l'église, Romuald est confus : "J'étais, tout éveillé, dans un état pareil à celui du cauchemar, où l'on veut crier un mot dont votre vie dépend, sans en pouvoir venir à bout." (page 17/18)
Clarimonde lui apparaît à un tournant de sa vie telle une sublime tentatrice et il ne sait démêler la nature exacte de son être : "Cette femme était un ange ou un démon, et peut-être tous les deux; elle ne sortait certainement pas du flanc d'Eve, la mère commune." (page 14)
De retour au séminaire, les pensées de Romuald sont obsédées par cette femme dont il ne connaît que le prénom : Clarimonde et qu'il rêve de rejoindre.
Puis il est nommé à la cure de C***. Sur le chemin de cette paroisse, en se retournant pour contempler une dernière fois la ville, il aperçoit sur la terrasse du plus haut palais Clarimonde "encore enveloppée de ses voiles de nuit" (page 31) dans la lumière dorée et vaporeuse de l'aube . Encore une fois, Romuald se sent confus : "en ce moment, je ne sais encore si c'est une réalité ou une illusion" (page 30).
Toujours est-il qu'arrivé à destination, il continue à être obsédé par cette femme.
Une nuit, un homme mystérieux vient le chercher pour le conduire à sa maîtresse mourante qui réclame les derniers sacrements.
Gautier arrive à merveille à créer une ambiance angoissante tout le long que dure la chevauchée des deux hommes.Le lecteur devine que la mourante en question n'est autre que Clarimonde.
Or, Romuald arrive trop tard : elle est déjà morte mais conserve l'aspect d'une jeune fille endormie.
L'esprit de Romuald se met alors à osciller entre la perception que Clarimonde est morte et l'espoir inconscient qu'elle soit toujours en vie. Il la ramène à la vie d'un baiser.
Quand il se réveille, il est dans son lit, et sa gouvernante Barbara lui apprend qu'il a été fiévreux durant 3 jours. A-t-il rêvé la scène de la veillée funèbre ?
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lithographie de Laurens |
Suite à sa maladie, il reçoit la visite de l'abbé Sérapion, son ancien mentor, qui lui révèle la nature exacte de la courtisane Clarimonde "... tous ses amants ont fini d'une manière misérable ou violente. On a dit que c'était une goule, un vampire femelle; mais je crois que c'était Belzébuth en personne. (...) La pierre de Clarimonde devrait être scellée d'un triple sceau; car ce n'est pas, à ce qu'on dit, la première fois qu'elle est morte." (page 49)
Clarimonde est-elle réellement un vampire ? ou la victime des préjugés de l'Eglise catholique qui considère la femme comme un être corrompu et charnel, comme une tentatrice diabolique ?
A partir de ce moment, Clarimonde lui apparaît chaque nuit. Elle l'entraîne à Venise pour une vie de plaisirs et de débauches. Comme Romuald l'aperçoit toujours au sortir du sommeil, le lecteur se demande si c'est un rêve ou la réalité.
Toujours est-il que Romuald se met à mener une double vie : le jour, prêtre qui mortifie sa chair des débauches qu'il vit la nuit en temps que gentilhomme jusqu'à ce que...
Je ne vous dévoilerai pas le dénouement mais vous invite seulement à suivre Romuald et l'abbé Sérapion jusqu'à la pierre tombale de Clarimonde, et je laisse le mot de la fin au vieil homme qu'est devenu Romuald : "Ne regardez jamais une femme, et marchez toujours les yeux fixés en terre, car, si chaste et si calme que vous soyez, il suffit d'une minute pour vous faire perdre l'éternité."
Pour conclure, une nouvelle très agréable à lire, même si les vampires n'ont plus de nos jours la fraîcheur de la nouveauté ou de l'originalité. Mais la langue de Gautier est d'une très grande qualité littéraire qui dépeint merveilleusement et poétiquement cette atmosphère mystérieuse. On sent que l'auteur a pratiqué la peinture car certaines scènes sont très visuelles et ressemblent à un tableau...
Appréciation :
page 44/45
"La nuit s'avançait, et, sentant approcher le moment de la séparation éternelle, je ne pus me refuser cette triste et suprême douceur de déposer un baiser sur les lèvres mortes de celle qui avait eu tout mon amour. Ô prodige ! un léger souffle se mêla à mon souffle, et la bouche de Clarimonde répondit à la pression de la mienne : ses yeux s'ouvrirent et reprirent un peu d'éclat, elle fit un soupir, et, décroisant ses bras, elle les passa derrière mon cou avec un air de ravissement inneffable. «Ah ! c'est toi, Romuald, dit-elle d'une voix languissante et douce comme les dernières vibration d'une harpe; que fais-tu donc ? Je t'ai attendu si longtemps, que je suis morte; mais maintenant que nous sommes fiancés, je pourrai te voir et aller chez toi. Adieu, Romuald, adieu ! je t'aime, c'est tout ce que je voulais te dire, et je te rends la vie que tu as rappelée sur moi une minute avec ton baiser; à bientôt.»
Sa tête retomba en arrière, mais elle m'entourait toujours de ses bras comme pour me retenir. Un tourbillon de vent furieux défonça la fenêtre et entra dans la chambre; la dernière feuille de la rose blanche palpita quelque temps comme une aile au bout de la tige, puis elle se détacha et s'envola par la croisée ouverte, emportant avec elle l'âme de Clarimonde. La lampe s'étaeignit et je tombai évanoui sur le sein de la belle morte."
Le 2ème classique du mois de juillet pour le challenge organisé par Stephie.
Ma 12ème partcipation au challenge de Myrtille - mythe du vampire
Ma 7ème participation au challenge de Ptitetrolle.