

Auteur > Jane Austen
Editeur > Ebooks libres et gratuits
Genre > roman classique
Date de parution > 1815 pour l'édition originale , 2010 pour la présente édition
Titre original > Emma
Format > ePub
Poids du fichier > 308 Kb (367 pages)
Traduction > de l'anglais par M. Pierre de Puliga (1910)

(sources : Evene)
Née en 1775 au sein d'une famille appartenant à la bourgeoisie provinciale, Jane Austen a utilisé la cruauté du verbe et de sa langue subtilement pendue pour décrire le mode de vie de ses contemporains à travers ce qui semble être des histoires d’amour so british. La jeune Jane grandit dans une famille de pasteurs, entourée de huit frères et soeurs. Bien que vivant modestement, George et Cassandra Austen initient leurs enfants à l'amour de la lecture et la connaissance des arts. Dès l'âge de 11 ans, Jane écrit. Son éducation ainsi que celle de sa soeur Cassandra, dont elle restera très proche jusqu'à sa mort, se fera principalement dans le domaine familial. Elle se met à l'écriture de parodies sentimentales avant de se consacrer aux romans Northanger Abbey, Raison et sentiment et Orgueil et préjugés entre 1795 et 1798. En 1801, la famille Austen s'installe à Bath et quatre ans plus tard, le père de Jane décède : l'auteur ne se mariera pas, tout comme sa soeur Cassandra, et consacrera sa vie à l'éducation de ses neveux et nièces. Raison et sentiment, Orgueil et préjugés et Mansfield Park sont publiés successivement en 1811, 1813 et 1814. Elle laisse derrière elle un roman inachevé, Sanditon, emportée par la phtisie à l'âge de 41 ans (1817). L'auteur ne connut pas le succès en son temps et ne fut redécouvert qu'à la fin du XIXe siècle. Aujourd'hui, son talent de peintre des moeurs et de la province anglaise font d'elle un des auteurs pré-victoriens les plus connus et des plus mordants.

Emma vit avec son père, un vieil homme veuf et malade. Elle est belle intelligente et riche. Avec le mariage de sa gouvernante qui la quitte, Emma décide de s'occuper du mariage de nombre de ses relations. Sûre d'elle, elle est persuadée d'avoir les talents pour cette activité. Mais son inexpérience de l'amour et des gens, ses propres erreurs de jugement sur ses émotions amoureuses, lui valent bien des surprises et déceptions. Ce roman décrivant la vie et les moeurs des jeunes femmes provinciales de la classe moyenne est souvent considéré comme le roman le plus abouti de Jane Austen.
"Emma Woodhouse, belle, intelligente, douée d’un heureux naturel, disposant de larges revenus, semblait réunir sur sa tête les meilleurs dons de l’existence ; elle allait atteindre sa vingt et unième année sans qu’une souffrance même légère l’eût effleurée."

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Emma est le 4ème roman de Jane Austen, publié fin 1815, après
Mansfield Park et un an avant
Northanger Abbey. Pour la 1ère fois, le titre porte le nom de l'héroïne du roman.
Emma, donc, est une jeune fille de 21 ans, riche, gâtée, indépendante et très sûre d'elle. Elle vient de perdre la compagnie de son amie et gouvernante,
Mlle Taylor qui quitte la demeure de Hartfield à la suite de son mariage avec
M. Weston. Persuadée d'avoir été l'instigatrice de cet heureux événement, elle décide de semer le bonheur autour d'elle en jouant les marieuses, malgré les mises en garde de
Georges Knightley. Malheureusement, chacune de ses interventions se révèlera désastreuse... L'histoire se termine quand Emma découvre ses propres sentiments, après de nombreuses déconvenues et épreuves.
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"my dearest, most beloved Emma--tell me at once" ~ Volume III, Chapter XIII (49) |
C'est presque à un "huit-clos" que nous invite Jane Austen, car dans ce roman, les personnages n'entreprennent pas de voyages hors de Highbury. Et pourtant, ce cadre restreint n'inspire jamais l'ennui, bien au contraire, tant l'auteure prend le temps de développer chaque personnage, même ceux dont le rôle est secondaire, et de nourrir son récits de mille petits riens qui remplissent la vie oisive de cette distrayante communauté.
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"He thought I had much better go round by Mr. Cole's stables" ~ Volume II, Chapter III (21) |
On voit l'histoire à travers les yeux d'Emma, que ses erreurs d'interprétation conduisent à briser des idylles ou à planifier des rencontres inappropriées, devant selon elle aboutir à un mariage. Ainsi, elle décide de prendre sous son aile la jeune Henriette Smith, fille naturelle d'un inconnu, et dont elle décide de parfaire l'éducation en vue d'un mariage avantageux. Méprisant le statut social inférieur du fermier Robert Martin, le soupirant de cette dernière, elle influence la naïve demoiselle de manière à ce qu'elle décline sa demande en mariage.
Bien qu'animée de bonnes intentions, son égoïsme inconscient et sa présomption l'amènent à se méprendre sur les sentiments des autres et à les piétiner, la rendant parfaitement agaçante.
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"I see very few pearls in the room except mine" ~ Volume III, Chapter II (38) |
Elle établit ainsi de fausses hypothèses sur Jane Fairfax quand elle suppose une relation entre elle et M. Dixon, le mari de la meilleure amie. Le lecteur se demande d'ailleurs si ce comportement n'est pas dicté par une forme de jalousie car tout le monde autour d'Emma s'accorde à peindre un portrait flatteur de Jane, dont c'est surtout la réserve à son égard qui semble l'avoir froissée...
De plus, Emma a tendance à porter sur les autres un jugement péremptoire, parfaitement désobligeant : "(...) elle craignait toujours de rencontrer chez Mme Bates la société de second ordre qui fréquentait le modeste intérieur ; aussi allait-elle rarement la voir." (page 118-119)
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"Ma'am...do you hear what Miss Woodhouse is so obliging to say about Jane's handwriting?" ~ Volume II, Chapter I (19) |
De même, emportée par sa vivacité d'esprit, elle raille méchamment Mlle Bates :
” - ... [Mlle Woodhouse] vous prie de bien vouloir émettre, chacun à votre tour, soit une pensée très spirituelle en vers ou en prose, originale ou répétée, soit deux remarques modérément spirituelles, soit enfin trois bêtises !
– Oh ! très bien, intervint Mlle Bates, je n’ai pas besoin de m’inquiéter : trois bêtises, voilà justement mon affaire ; je suis bien sûre de dire trois bêtises dès que j’ouvrirai la bouche !
Emma ne put résister au plaisir de répondre :
– Pourtant, Mademoiselle, il peut se présenter une difficulté ; permettez-moi de vous faire remarquer qu’en l’occurrence, le nombre est limité : seulement trois bêtises à la fois !
Mlle Bates, trompée par le ton cérémonieux et ironique, ne comprit pas immédiatement ; quand elle saisit l’allusion elle ne se fâcha pas, mais une légère rougeur indiqua qu’elle avait été blessée.
(page 278)
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"I shall be sure to say three dull things as soon as ever I open my mouth, shan't I?" ~ Volume III, Chapter VII (43) |
Eh bien, malgré la morgue et le snobisme dont Emma fait souvent preuve, malgré sa manie agaçante de se mêler des histoires de coeur des autres, on ne peut qu'aimer l'héroïne et s'attacher à elle, car, en dépit de ces défauts, elle sait reconnaître le bienfondé des reproches que lui adressent ses meilleurs amis et cherche sincèrement à s'amender et à réparer ses torts.
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She left the sofa ~ Volume I, Chapter XV (15) |
Bien que ce soit le point de vue d'Emma qui soit offert, le lecteur décèle par moments la double-lecture de certaines scènes ou dialogues, l'ambivalence de certaines phrases, se perdant ainsi en conjectures.
L'auteure brouille malicieusement les pistes, en suggérant certaines combinaisons de couple, en entretenant le mystère autour de l'énigmatique Jane Fairfax, et ce fut délicieusement jubilatoire de tenter de démêler le vrai du faux.
Et comme d'habitude, la galerie de personnages est suffisamment variée et fouillée pour éveiller notre intérêt :
La vieille fille Mlle Bates m'a inspiré beaucoup d'affection. Son affabilité est peut-être un peu trop volubile, mais tellement bienveillante qu'on lui pardonne volontiers ce défaut. Ses interventions m'ont beaucoup fait sourire, d'autant qu'elles renfermaient certaines clés de l'intrigue auxquelles les autres protagonistes ne prêtaient jamais attention.
J'ai éprouvé également beaucoup de tendresse pour Frank Churchill, son insouciance et sa vivacité d'esprit, et même si l'on pourrait lui reprocher une certaine légèreté dans sa conduite, il n'en reste pas moins un amoureux sincère.
Ses conversations avec Emma étaient savoureuses car souvent à double sens sur lequel la jeune fille se méprenait immanquablement !
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"I have the pleasure, madam, (to Mrs. Bates,) of restoring your spectacles, healed for the present." ~ Volume II, Chapter X (28) |
Quant à Georges Knightley, il est l'incarnation du parfait gentleman, prévenant, sensé et clairvoyant la plupart du temps. Il est consterné par l'amitié qui se lie entre Emma et Frank Churchill qu'il soupçonne d'avoir une mauvaise influence sur son amie. La manière dont il mortifie la sottise mesquine d'Elton est jubilatoire tout en révélant sa grandeur d'âme...
Justement, en parlant d'Elton, ce personnage est proprement imbuvable. Ambitieux et mesquin, il s'accorde parfaitement à sa femme, Augusta, qui partage la même vanité que lui.
Concernant l'édition, je déplore un manque de cohérence pour la traduction : parfois les prénoms sont traduits, d'autres fois non, ce qui gâche un peu la lecture....
Pour conclure, une lecture délicieuse durant laquelle nos sentiments envers l'héroïne évoluent, passant de l'agacement à l'attachement. Il ne se passe presque rien, mais l'intrigue est basée sur des dialogues enlevés, des personnages fouillés et caractérisés, une série de malentendus et de rebondissements,si bien que l'on se passionne pour l'histoire jusqu'au bout. Et puis franchement, Knightley, quoi !
Appréciation :

Crédit images : C.E. Brock illustrations

” Emma ne regretta pas d’avoir eu la condescendance d’aller chez les Cole. Cette soirée lui laissa d’agréables souvenirs pour le lendemain, et si elle devait perdre une partie de son prestige de recluse volontaire, elle avait, en revanche, gagné une solide popularité. Elle savait que les Cole avaient été ravis et elle ne doutait pas d’avoir laissé derrière elle un sillage d’admiration.
Le bonheur parfait, même en imagination, est rare. Il y avait deux points sur lesquels Emma n’était pas parfaitement tranquille, elle craignait d’avoir transgressé les règles de la solidarité féminine en confiant ses soupçons sur les sentiments intimes del Jane Fairfax à Frank Churchill ; toutefois elle se sentait flattée d’avoir gagné si complètement le jeune homme à ses vues et le succès la portait à se montrer indulgente pour elle-même.
L’autre raison de remords avait aussi rapport à Mlle Fairfax ; et cette fois, il n’y avait pas d’hésitation : elle regrettait sincèrement l’infériorité de son propre jeu et de son chant ; elle s’assit et étudia pendant deux heures sérieusement.
Elle fut interrompue par l’arrivée d’Henriette, et si les éloges de cette dernière avaient pu la satisfaire, elle eût été tout à fait réconfortée.
(page 179)


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