samedi 28 février 2015

Le Chevalier de Pierre Pevel - Haut-Royaume, tome 1

Le Chevalier de Pierre Pevel - Haut-Royaume, tome 1

 Fiche détaillée

Auteur > Pierre Pevel
Editeur > Bragelonne
Genre > Fantasy
Date de parution > 2013
Format > ePub
Poids du fichier > 849 Ko (510 pages)

auteur

Pierre Pevel, né en 1968, est l’un des fleurons de la Fantasy française. Il a obtenu le Grand Prix de l’Imaginaire en 2002, le prix Imaginales 2005 et le David Gemmell Morningstar Award en 2010, pour le tome 1 de la trilogie Les Lames du Cardinal, traduite dans une dizaine de langues, y compris en Grande-Bretagne et aux États-Unis.

quatrieme de couverture

Le Haut-Royaume connaît son heure la plus sombre. Le roi est affaibli et la rébellion gronde aux frontières du territoire. En dernier recours, le souverain libère Lorn, qui croupit depuis trois ans dans les geôles infernales de Dalroth. L’ancien prisonnier est nommé chevalier du Trône d’Onyx, chargé de protéger l’autorité royale. Héros valeureux et juste, Lorn est une figure d’espoir pour le peuple, décidé à le suivre jusqu’au bout. Mais Lorn est résolu à mener à bien une tout autre mission, plus personnelle et au goût de sang : retrouver ceux qui l’ont maintenu en captivité… et leur faire payer le prix de la trahison.

première phrase

"Une lune cendre s’était levée sur la capitale des duchés de Sarme et Vallence."

avis personnel

Cela fait de longs mois que j'entends parler de Pierre Pevel, auteur français de fantasy, mais jusqu'ici je n'avais encore rien lu de lui malgré les avis élogieux trouvés sur la blogosphère. Et c'est une lecture commune organisée par ma partenaire de Destockage de PAL en duo, Cassie, qui m'a poussée à franchir le pas. Je la remercie d'ailleurs d'avoir choisi ce livre car ce fut une délicieuse découverte et je l'ai dévoré avec beaucoup de gourmandise.

Le prologue nous présente Lorn Askariàn, chevalier appartenant à la Garde royale et promis à un prestigieux avenir. Malgré ses origines de petite noblesse, il est fiancé à Alissia de Laurens, la soeur d'Elenzio dont le père n'est rien moins que le parrain d'Alderán, le deuxième fils du Haut-Roi.  Il a grandi en compagnie d'Elenzio (Enzio) et Alderán (Alan) qui sont devenus de véritables amis. D'ailleurs, le prologue sert à montrer les liens profonds qui les unissent quand Lorn sauve d'une mort dégradante le prince.

Dalroth, en l’extirpant de ses profondeurs imprégnées par l’Obscure, avait accouché de lui.
(page 478)

Trois ans plus tard, la situation du jeune chevalier est devenue désespérée. Accusé à tort de trahison, il a été enfermé, après un procès à huit-clos, dans l'inexpugnable forteresse de Dalroth qu'un mal étrange ronge sous la forme de l'Obscure, en brisant la volonté des prisonniers et en altérant leur santé mentale.
Gracié tout aussi mystérieusement qu'il a été condamné (en tout cas, à ce stade du récit), Lorn est arraché à sa prison par le prince Alan puis conduit à la Citadelle, forteresse reculée où se terre le Haut-Roi. Celui-ci, affaibli par la maladie, lui confie la mission de reformer la Garde d'Onyx, créée et dissolue par Erklant Ier, le premier roi de la dynastie, et lui confère le titre prestigieux de Premier Chevalier du Royaume, qui est le représentant direct du Roi, et a préséance sur tous, y compris la reine et ses conseillers...

Or, Lorn, que son séjour à Dalroth a profondément métamorphosé, aussi bien physiquement que moralement, est victime de crises violentes provoquées par l'Obscure, ainsi que d'une traque incessante dont on ne sait si elle vise à l'éliminer, à le neutraliser ou à le convertir à la cause du commanditaire...

Un homme n’est jamais que la somme de ses peurs et de son courage, chevalier.
(page 204)

Au début, l'intrigue semble assez simple : un homme, injustement accusé, est réhabilité après 3 années de détention éprouvante et désire faire la lumière sur ce qui s'est réellement passé pour se venger des coupables. Puis, au fur et à mesure que l'on avance dans notre lecture, certaines de nos certitudes vacillent. Et si l'auteur nous manipulait ?
Car nous avons affaire à un véritable imbroglio politique où plusieurs factions, dont il est difficile de démêler les véritables motivations, oeuvrent dans l'ombre pour s'accaparer le pouvoir ou restituer sa grandeur au Haut-Royaume :
♦ la reine Célyane et son premier ministre Estévéris
♦ le duc de Feln
♦ l'Assemblée des Ir’kans, gardiens de la volonté du Destin
Serk’Arn, le Dragon de la Destruction, dieu asservi par un sortilège, désirant conclure un pacte avec l'un des protagonistes
les opposants à la cession d'Angborn

Car tout tourne autour des négociations devant céder cette région, durement conquise par l'actuel Roi pour protéger les frontières du Haut-Royaume, à  l'Yrgaärd, l'ennemi héréditaire qui voue un culte au Grand Dragon Noir.
Ce sont ces négociations,  antérieures de quelques années aux événements présents, qui ont précipité la chute de Lorn.

Dans la quatrième partie, les révélations et les coups de théâtre s'enchaînent jusqu'au cliffhanger final, laissant comprendre au lecteur combien les apparences peuvent se révéler trompeuses...

Après la cupidité, il n’est de laisse plus courte et plus solide que la vanité.
(page 252)

L'auteur a construit un univers riche et complexe aussi bien au niveau du bestiaire (nous rencontrons des vyvernes, montures ailées dont a besoin un des comploteurs de l'histoire pour s'opposer aux Dragons noirs et fomenter sa révolte, les dracs blancs, êtres reptiliens servant d'émissaires aux Ir'kans, les enfants du Dragon noir dont la description est fascinante) que de la religion, qui conserve une bonne part de mystères.

Concernant les personnages, ceux-ci abondent, si bien que parfois l'on se perd un peu parmi tous ces noms, mais certains sortent du lot et se révèlent attachants ou intrigants : Reik Vahrd , le loyal forgeron et sa fille Naé, une rebelle idéaliste, Cael Dorsiàn,  un opposant à la cession d'Angborn et un rival de Lorn, le Prince Yrdel, fils aîné du roi né d'un premier lit et premier dans l'ordre de succession, mais effacé et menacé par des manigances de cour, Eylinn de Feln, l'énigmatique amie intime d'Alyssia, Daril, le jeune écuyer futé et maladroit, et bien sûr le Prince Alan, jeune homme fragile et vulnérable.

Personnellement, j'ai beaucoup aimé Lorn Askariàn, la manière dont sont décrites l'altération de son caractère et les séquelles laissées par l'Obscure. Profondément métamorphosé, il est devenu un être cynique, froid, impitoyable et manipulateur, dont on ne sait trop quels intérêts il sert ni quel but il poursuit. C'est cet aspect ambivalent et énigmatique qui le rend aussi intéressant, d'autant que ses véritables origines sont entourées de secrets et que certains aveux sur lui le rendent inquiétant.

Pour conclure une intrigue haletante, où l'auteur fait savamment monter la tension en ne nous livrant que parcimonieusement certaines clés de l'intrigue. Trahisons, complots, faux-semblants s'entremêlent, faisant se perdre le lecteur en conjectures au gré des révélations toujours plus surprenantes. D'autant que la manière dont Lorn vainc le prince-dragon ne laisse rien présager de bon pour la suite...

Seul bémol :  l'absence d'une carte pour visualiser les différents royaumes !

Appréciation :

La chambre des Dames de Jeanne Bourin

Mes autres avis sur la saga : tome 1 ♦ tome 2

extrait

La reine sentit un émoi trouble l’envahir lorsque Laedras, après l’avoir saluée, se redressa et posa sur elle le regard hypnotique de ses yeux reptiliens. Un homme se détacha du groupe des prêtres et s’avança, le bas de sa robe frôlant l’épais tapis dans un silence seulement troublé par la respiration sifflante des lézards de guerre. Il attendit, puis traduisit en imélorien commun le discours que le prince-dragon fit en haut-yrgaärdien, une langue qui ne se parlait plus que dans le palais de l’Hydre Noire. Mélodieuse et scandée, elle dérivait du draconique et semblait être dédiée aux incantations.     
Lorn n’écouta pas le prince-dragon, pas plus qu’il n’écouta la réponse de la reine. Leurs déclarations auraient tout aussi bien pu ne pas être traduites. Quiconque avait assisté à la réception d’un ambassadeur extraordinaire les avait déjà entendues. De plus, le texte de chaque discours avait été rédigé – et accepté – par avance. Pas une virgule n’était improvisée. Chacun tenait son rôle. Chacun jouait selon un livret finement réglé et longuement négocié.     
Lorn regardait Laedras sans l’entendre, plus curieux que fasciné. Lui aussi rencontrait un prince-dragon pour la première fois, et il se demandait quelle était la part de vérité dans l’apparence humaine que celui-ci avait revêtue. Était-ce sa forme ordinaire, celle qui lui était la plus naturelle ? Ou préférait-il la forme draconique, à savoir celle qu’il arborait lorsqu’il convoquait la puissance de l’Hydre Noire ? Cette puissance émanait de lui comme une aura glaçante. Que devenait-elle, lorsqu’il la libérait ? Selon les Chroniques, des hommes pourtant courageux n’y avaient pas survécu, emportés par l’effroi.
(page 436)

divers

Lecture commune

Lecture commune organisée par Cassie.
D'autres billetsFille-de-lecture ♦ Cassie ♦ erine6

Challenge organisé par Licorne & Zina -

ABC de l'Imaginaire 2015

Challenge ABC 2015 Littératures de l'Imaginaire de Ptitetrolle - 3/26

  
Challenge Littérature de l'Imaginaire organisé par MarieJuliet (11/12)

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jeudi 5 février 2015

L'Homme de la Sierra de Pauline Libersart

L'Homme de la Sierra de Pauline Libersart

Fiche détaillée

Auteur > Pauline Libersart
Editeur > Láska
Genre > romance érotique, western
Date de parution > 2013
Format > ePub
Poids du fichier > 3,21Mo (177 pages)

auteur

 
Pauline Libersart a toujours été passionnée de lecture. Adolescente plutôt timide, sa meilleure amie s’appelait « carte de bibliothèque municipale ». Elle a ensuite entamé des études sérieuses pour trouver un travail tout aussi sérieux. Ce qui n’a jamais empêché une partie de son cerveau de continuer à tricoter des scénarios.
Sa bibliographie : Pour un instant de vérité (16 juillet 2013), Pour un instant d'incompréhension (10 décembre 2013), L'Homme de la sierra (10 décembre 2013), Amelia la Scandaleuse (7 avril 2014), Dans la ligne de tir (26 mai 2014), la trilogie Le Club des A (à partir d'octobre 2014).
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quatrieme de couverture

Amélie est une héritière du Sud, élevée pour être une véritable dame. Hélas, la guerre civile a tout détruit sur son passage : sa maison, sa fortune et surtout, sa famille. Tentant de rejoindre un oncle et une tante installés dans l’Ouest, elle se retrouve seule et sans argent au cœur de la Sierra Nevada. Un rancher taciturne lui offre alors sa protection, mais il y a un prix…
Dallas vit seul sur ses terres, tel un paria. Quand le hasard met sur son chemin la jolie Amélie, il saisit sa chance d’obtenir un peu de compagnie. Il est loin de réaliser qu’il a affaire à une demoiselle de la bonne société… Lui qui est plus habitué aux bêtes qu’aux humains, comment réussira-t-il à la séduire, pas seulement pour une nuit, mais pour la vie ?

première phrase

 "La nuit tombait déjà sur la sierra, et Amélie dut se résigner à camper."

avis personnel

Malgré mes deux expériences malheureuses avec la romance western, j'ai retenté ma chance, mais cette fois avec une auteure française, et je ne dirai qu'un mot : Halleluiah ! Hosanna aux plus hauts des cieux ! (ouais je sais ça fait 7 mots mais j'ai du mal à réprimer ma joie !! ^^) car la malédiction qui frappait mon goût pour les beaux cow-boys a été vaincue et mon petit cœur de midinette comblé !

Or donc, Pauline Libersart nous embarque aux côtés de son héroïne, Amélie Beaumont, jeune aristocrate de Charleston que la Guerre de Sécession a jetée, elle et sa mère Marguerite sur la route de l'Ouest afin de rejoindre les seuls membres restants de la famille, à Sacramento. Malheureusement, un accident de diligence lui enlève sa mère, et Amélie se retrouve seule, sans argent et sans escorte pour continuer son voyage. Or, traverser la moitié d'un état tout en évitant les bandits, les indiens et les bêtes sauvages s'avère extrêmement risqué... si bien qu'elle se voit contrainte d'accepter l'offre de Dallas, un cow-boy qui l'a déjà sauvée une fois des avances grossières d'un rustaud : sa protection contre l'obtention de ses faveurs...

Oui, je sais, assenée comme cela, cette proposition semble des plus sordides, mais contre toute attente, l'auteure évite habilement les chausse-trappes d'un tel postulat de départ. Elle prend en effet le temps de nous décrire les sentiments des deux protagonistes, la barrière sociale qui les oppose, le contexte de l'époque si peu favorable aux femmes...si bien que leurs choix, parfois choquants à nos yeux, semblent en parfaite cohérence avec leur situation respective...

Car même si la décision d'Amélie de s'en remettre à Dallas pourrait s'apparenter à de la "prostitution", la position des femmes de l'aristocratie de l'époque n'en est pas si éloignée que cela, condamnées à des mariages non choisis et à l'accomplissement de leurs devoirs conjugaux  :

« Pour faire son « devoir conjugal », lui avait assené [sa mère], il suffisait d’éteindre la lumière et de ne pas bouger. Ce n’était, après tout, qu’un moment désagréable à passer, et le seul moyen d’avoir des enfants...
(page 23)

De même, Amélie surprend, au temps de leur vie protégée, une conversation de sa mère avec ses amies sur l'attitude que doit adopter une femme lors des rapports :

 « Le mieux, c’est de ne pas bouger pendant qu’ils font leur affaire… »
À l’époque, elle n’avait pas compris ce qu’elle voulait dire…

La jeune femme se déshabilla, plia ses vêtements et enfila sa chemise de nuit, mais il lui fut impossible de retrouver son bonnet de dentelles. Elle démêla lentement et soigneusement ses cheveux, refit sa natte et se coucha, décidée à faire semblant de dormir quand il rentrerait. Ce stratagème l’arrêterait peut-être. Autrement, s’il se comportait comme la veille, sans la brutaliser, elle était sûre d’être capable de rester immobile pendant qu’il lui ferait subir ça et de le supporter. Tellement d’autres femmes l’avaient fait avant elle...
(page 47)

Amélie a reçu une éducation rigide, et même si, face aux épreuves qui l'ont durement touchée, elle a su renoncer à ses privilèges et au carcan de son éducation pour s'adapter à sa nouvelle vie, le choc des cultures avec Dallas est bien réel et déstabilisant, surtout dans leurs rapports homme/femme.

L'auteure alterne les points de vue entre Amélie et Dallas, ce qui nous permet de pénétrer au plus profond de leurs pensées, et met en valeur l'abîme d'incompréhension et de préjugés qui menace constamment de les séparer.

D'autant que la vision qu'a Amélie de Dallas n'est guère favorable puisqu'elle le décrit au début comme un "cowboy mutique, un être grossier et sans éducation." (page 24)

Ajoutez à cela des difficultés de communication, aggravée par la nature excessivement silencieuse du jeune homme (Amélie ne saura rien de Dallas jusqu'à la presque fin...) auquel elle doit arracher quelques rares informations, et le sentiment de honte qu'elle éprouve face à la perte de sa respectabilité, qui la ferait rejeter par les siens.

On ressent à travers l'écriture de Pauline Libersart toutes les émotions, tous les doutes, toutes les souffrances qui étreignent nos deux héros.
Dallas éprouve un complexe d'infériorité, ce qui le rend parfois soupçonneux sur les motivations d'Amélie, qui doute de son côté de la sincérité de son cow-boy ! Comme vous pouvez le constater, cela n'était pas gagné d'avance entre eux deux (même si, romance oblige, on sait comment cela va finir ! ^^)...

En outre, les deux héros sont terriblement attachants.

Amélie est une jeune femme déterminée et courageuse. Contrairement à sa mère, inadaptée aux réalités de la vie, elle a su faire front au chaos que la Guerre de Sécession a laissé dans leur vie et prendre en main sa destinée.

Dallas, lui, est un homme désespérément solitaire, dont l'histoire personnelle est particulièrement poignante. Ses origines le rendent peu sûr de lui face à la belle sudiste raffinée, et il souffre du dégoût et du rejet qu'elle semble afficher à son égard. Difficile de ne pas craquer pour cet homme avide de tendresse mais qui ne sait comment exprimer ses sentiments...

On suit donc la progression de leurs sentiments avec beaucoup d'intérêt.

Malgré mon ressenti très globalement positif, j'aurais quelques réserves à émettre : vers la fin, les scènes de sexe s'enchaînent un peu trop, même si on comprend qu'elles symbolisent l'évolution de leurs sentiments et de leurs relations... De même, j'ai été déçue par une des révélations de Dallas concernant son rôle dans le sauvetage de la diligence, révélation inutile selon moi au récit et entachant la vision favorable que l'on a de lui en le rendant un peu manipulateur...

Pour conclure, une délicieuse romance qui prend le temps d'installer l'histoire et de fouiller la psychologie des deux héros avec beaucoup de sensibilité. De plus, les scènes de sexe ne sont jamais vulgaires, et savent éviter, malgré le contrat passé entre Amélie et Dallas, tout malaise au lecteur. J'ai appris que l'auteure allait donner une suite à cette histoire, et je la lirai sans aucun doute possible....

Appréciation :

note : 4 sur 5

extrait

 Un craquement plus fort que les autres la fit sursauter, et elle se redressa brusquement. Elle avait dû s’assoupir… Le feu était presque mort. Inquiète, elle saisit le scalpel qu’elle avait toujours au fond de sa poche. Une bien piètre arme...
Une ombre inquiétante et silencieuse se détacha lentement de l’obscurité. Un ours ? Tremblante de peur, la jeune femme se rencogna contre la paroi. Un nouveau craquement la fit tressaillir. La bête approchait…   
Reste calme, tu sais te défendre, s’encouragea-t-elle silencieusement même si elle avait pleinement conscience de la réalité de ses forces et de ses chances.
L’ombre grandit et, à la faible lumière de la lune, elle identifia la forme d’un stetson. Elle reconnut alors le cliquetis des éperons avant de voir ses bottes éculées lorsque l’homme avança jusque dans le faible halo du feu. Il était revêtu d’un épais et probablement très chaud manteau de cuir et de fourrures, qui lui donnait cette allure large et étrange. Il tirait son cheval par la bride et, attachées au pommeau de la selle, elle entrevit des longes qui tiraient ce qui devaient être deux mules, encore en partie dissimulées par les arbres.   
Un homme, et pas un ours… Ce n’était pas beaucoup plus rassurant pour une femme seule. 
Tétanisée, Amélie ne dit pas un mot — et lui non plus. Avec des gestes calmes, il alla attacher son appaloosa près du poney indien d’Amélie. Il le dessella tranquillement puis, sans rien demander, ôta également la selle du petit cheval pie. Le cowboy les bouchonna efficacement avant de s’éloigner pour s’occuper des mules de la même façon.   
La jeune femme n’osait pas dire un mot, retenant son souffle et serrant toujours son arme entre ses doigts gourds.    Lorsque l’homme ramassa sa selle et s’approcha d’elle, elle se raidit. Elle avait beau se raisonner, s’exhorter au calme, ses dents se mirent à claquer, cette fois pas seulement de froid. Sans lui demander la permission, il posa sa selle juste à côté d’elle. Ensuite, il prit la couverture qui y était attachée et la lui tendit silencieusement. Étonnée, Amélie la prit gauchement, puis, se décidant brusquement, s’enroula dedans.   
« Merci », chuchota-t-elle.   
Elle eut l’impression que le cowboy haussait les épaules. Il se détourna, toujours silencieux, et s’agenouilla pour remettre une bonne quantité de bois dans le feu, lentement, méthodiquement. Les flammes s’élevèrent rapidement, vives, et la jeune femme sentit une vague de chaleur venir jusqu’à elle et réchauffer ses joues. L’homme se redressa et passa dans la lumière. C’est à ce moment qu’elle le reconnut.
(pages 8-9)

divers

 Rendez-vous : le premier mardi chez Stephie c'est permis...

 Ma 14ème participation au RV de Stephie.

Challenge "50 états 50 billets" organisé par Sofynet
Ma 12ème participation au challenge de Sofynet - nuitée en Californie

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