jeudi 13 juin 2013

Khaemouaset ou la loi de Maât d'Isabelle Dethan - Sur les terres d'Horus, tome 1

Khaemouaset ou la loi de Maât d'Isabelle Dethan - Sur les terres d'Horus, tome 1

 

Fiche détaillée

Scenario > Isabelle Dethan
Dessin > Isabelle Dethan
Couleur > Isabelle Dethan
Editeur > Delcourt
Collection > Conquistador
Série > Sur les terres d'Horus
Genre > BD historique, policier
Date de parution > 2001
Nombre de planches > 54

auteur
(sources : Wikipédia)

Isabelle Dethan

Isabelle Dethan est une dessinatrice et scénariste de bandes dessinées née en 1967 à Bègles. Elle a remporté l'Alph'Art Avenir au festival international de la bande dessinée d'Angoulême en 1992.
Son premier récit est publié en Allemagne, dans la revue Schwermetall.
Après des études de lettres modernes couronnées par une maîtrise et par un CAPES de documentation, elle s'aperçoit qu'il y a quelque chose à tenter en tant qu'auteur de bandes dessinées : elle aime le dessin et l'Histoire, et le festival d'Angoulême organise un concours pour les auteurs amateurs. Elle gagne l'Alph 'Art avenir en 1992 ; les éditeurs, encore dubitatifs six mois avant, lui sourient enfin : c'est le début d'une carrière. Ses premières séries, Mémoire de sable et Le Roi Cyclope, qu'elle réalise en tant qu'auteur complet, se déroulent dans un monde parallèle, mais sur les conseils de son compagnon, Mazan, elle se lance dans l'aventure historique avec Sur les terres d'Horus, en 2000. Khéti, fils du Nil, série destinée à un plus jeune public voit le jour en 2006, en collaboration avec Mazan au dessin.
Isabelle Dethan scénarise aussi Le Rêve de pierres ( éd. Vents d'Ouest) pour Daphné Collignon, et Le Tombeau d'Alexandre (éd. Delcourt) avec Julien Maffre aux pinceaux : le XIXe siècle, aventureux et orientalisant (toutes ses dernières séries portent sur l'Égypte !), Isabelle Dethan fait aussi dans la veine intimiste : Tante Henriette, Ingrid, ou encore Eva aux mains bleues, explorent de diverses façons les souvenirs d'enfance...

quatrieme de couverture

Une tombe profanée...
Un village subitement vidé de sa population...
Un signe mystérieux tatoué sur une momie et gravé sur une bague en or...

Tous ces indices amènent le prince Khaemouaset, son assistante Meresankh et son garde personnel Imeni à remonter le fil d'une énigme aussi complexe qu'effrayante. Même le palais de Ramsès II ne pourra offrir de sécurité à ces enquêteurs opiniâtres qui, peu à peu, découvriront l'étendue d'un complot fondé sur ce que les hommes ont de plu sacré : leurs dieux... et l'or.

avis personnel

 Khaemouaset (ou Kha ou encore Khaem), 4è fils de Ramsès II, passe la majeure partie de son temps à restaurer les tombes anciennes. Un jour, ses services de grand prêtre sont requis pour prononcer les rituels d'apaisement dans une tombe qui vient d'être profanée.
1er fait étrange : les pillards se sont enfuis sans rien emporter.
Ensuite, Kha, assisté de sa scribe Meresankh et de son garde personnel Imeni, découvre dans la chambre funéraire deux squelettes portant des traces de coups de hache et la momie sortie du sarcophage. Il s'avère que cette momie est en fait celle d'un homme alors que la propriétaire de la tombe est une femme. De plus, des prières en l'honneur de sacrifices humains ont remplacé les inscriptions rituelles. Ils comprennent que la tombe a été usurpée par des adorateurs de Seth le Rouge, une secte sanguinaire inconnue jusque là.
Le seul indice en leur possession est un tatouage dessinée sur les bandelettes. Cette piste conduit au Fayoum, dans un des harems royaux, où Meresankh et Imeni sont dépêchés par le prince pour enquêter...
Mais les comploteurs veillent à protéger leur secret et mettent tout en oeuvre pour faire échouer l'enquête, allant jusqu'au meurtre ou à l'intimidation...
Un traître agit apparemment dans l'entourage royal immédiat. Kha et son père décident de frapper un grand coup sans savoir à qui faire confiance...

Plus que l'enquête, somme toute assez classique, c'est l'immersion au sein de cette civilisation fascinante qui est passionnante. Les dessins fourmillent de détails, engendrant un rendu visuel très réaliste : les babouins se promenant dans les jardins au bout d'une laisse (ces animaux, très appréciés des anciens Egyptiens, formaient des animaux de compagnie ou étaient dressés pour la cueillette des fruits...), les gorgerins et les perruques, le drapé des vêtements laissant deviner en transparence le corps des hommes ou des femmes; l'auteur va même jusqu'à dessiner une amulette de protection entre les omoplates du prince !
De plus, elle alterne petites et grandes vignettes figurant des scènes intimistes ou au contraire offrant une large vue sur les paysages désertiques, un quartier bruissant d'activités ou les palais gigantesques...
Le dessin est par ailleurs servi par de très belles aquarelles aux chaudes et vives couleurs...

Bref, une très jolie découverte d'une très jolie histoire mêlant un peu tous les genres, allant du policier aux affres de l'amour en passant par une reconstitution historique fort bien documentée !

Appréciation :

note : 4 sur 5

Mes autres avis sur la saga : tome 2tome 3tome 4tome 5tome 6tome 7tome 8

extrait

Khaemouaset ou la loi de Maât d'Isabelle Dethan - Sur les terres d'Horus, tome 1    Khaemouaset ou la loi de Maât d'Isabelle Dethan - Sur les terres d'Horus, tome 1

divers

Challenge "Voyage dans l'Egypte antique" proposé par Soukee

Ma 2ème participation au challenge de Soukee -

Challenge "Polar historique" organisé par Samlor

Ma 2ème participation au challenge de Samlor.

 La pourpre et l'or - Murena T1 - de Dufaux et Delaby

Ma 11ème participation au challenge de Lynnae - Khaemouaset est le 4è fils de Ramsès II qui apparaît également dans la BD.

 

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babelio

booknode

mardi 11 juin 2013

La 99ème page... du mardi 11 juin 2013

La 99ème page du mardi 11 décembre...

"Cette folle de Renée, qui était apparue une nuit dans le ciel parisien comme la fée excentrique des voluptés mondaines, était la moins analysable des femmes. Elevée au logis, elle eût sans doute émoussé par la religion ou par quelque autre satisfaction nerveuse les pointes des désirs dont les piqûres l'affolaient par instants. De tête, elle était bourgeoise; elle avait une honnêteté absolue, un amour des choses logiques, une crainte du ciel et de l'enfer, une dose énorme de préjugés; elle appartenait à son père, à cette race calme et prudente où fleurissent les vertus du foyer. Et c'était dans cette nature que germaient, que grandissaient les fantaisies prodigieuses, les curiosités sans cesse renaissantes, les désirs inavouables."

Lecture commune : La Curée organisée par nadou_971

Ma chronique

samedi 8 juin 2013

Le maître de l'éternité d'Isabelle Dethan - Les Ombres du Styx, tome 1

Le maître de l'éternité d'Isabelle Dethan - Les ombres du Styx, tome 1

 

Fiche détaillée

Scenario > Isabelle Dethan
Dessin > Isabelle Dethan
Couleur > Isabelle Dethan
Editeur > Delcourt
Série > Les Ombres du Styx
Genre > Peplum, policier
Date de parution > 2011
Nombre de planches > 48

auteur
(sources : Wikipédia)

Isabelle Dethan

Isabelle Dethan est une dessinatrice et scénariste de bandes dessinées née en 1967 à Bègles. Elle a remporté l'Alph'Art Avenir au festival international de la bande dessinée d'Angoulême en 1992.
Son premier récit est publié en Allemagne, dans la revue Schwermetall.
Après des études de lettres modernes couronnées par une maîtrise et par un CAPES de documentation, elle s'aperçoit qu'il y a quelque chose à tenter en tant qu'auteur de bandes dessinées : elle aime le dessin et l'Histoire, et le festival d'Angoulême organise un concours pour les auteurs amateurs. Elle gagne l'Alph 'Art avenir en 1992 ; les éditeurs, encore dubitatifs six mois avant, lui sourient enfin : c'est le début d'une carrière. Ses premières séries, Mémoire de sable et Le Roi Cyclope, qu'elle réalise en tant qu'auteur complet, se déroulent dans un monde parallèle, mais sur les conseils de son compagnon, Mazan, elle se lance dans l'aventure historique avec Sur les terres d'Horus, en 2000. Khéti, fils du Nil, série destinée à un plus jeune public voit le jour en 2006, en collaboration avec Mazan au dessin.
Isabelle Dethan scénarise aussi Le Rêve de pierres ( éd. Vents d'Ouest) pour Daphné Collignon, et Le Tombeau d'Alexandre (éd. Delcourt) avec Julien Maffre aux pinceaux : le XIXe siècle, aventureux et orientalisant (toutes ses dernières séries portent sur l'Égypte !), Isabelle Dethan fait aussi dans la veine intimiste : Tante Henriette, Ingrid, ou encore Eva aux mains bleues, explorent de diverses façons les souvenirs d'enfance...
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quatrieme de couverture

205 après J.-C., Leptis Magna, grande cité impériale d'Afrique du Nord.
Un vent de panique souffle sur la ville en proie à une vague de meurtres particulièrement cruels et à la mise en scène bien étrange.
Des jeunes garçons appartenant à l'élite sont enlevés, assassinés, et leurs corps exposés sous formes de momies sur la place publique...
Marcus Seïus Dento, l'enquêteur spécial de l'empereur Septime Sévère, est dépêché sur place.

Son acharnement et son intelligence vont faire tomber les masques...

avis personnel

Marcus Seïus Dento arrive à Leptis Magna au moment où un troisième corps d'enfant est retrouvé.
Il découvre au fil de son enquête que le tueur en série agit selon le même mode opératoire : tous les mois, un garçon de notable âgé entre 10 et 12 ans est enlevé, séquestré pendant 2 ou 3 jours, puis violé et étranglé avant d'être abandonné dans un lieu public, emmailloté selon les rituels d'embaumement égyptiens.

Dento, dans un 1er temps, va donc suivre la piste qui mène vers les prêtres d'Isis. Mais il va également devoir faire face à la montée de la colère des familles des victimes, qui décident de se faire justice elles-mêmes.
Les esprits s'échauffent, la tension monte tandis que les pistes se brouillent et que le tueur lui-même remet en cause l'intervalle établi entre chaque enlèvement...

La ville se retrouve au bord de l'émeute, Dento n'a plus que deux jours pour retrouver la future victime alors que l'arrogant et asocial Terentius Aquila apparaît désormais comme le coupable idéal !

Isabelle Dethan nous offre une plongée captivante dans cette partie et cette époque de l'empire romain peu abordées d'ordinaire dans la littérature. L'auteure possède de solides connaissances sur les mentalités et les moeurs romaines (les esclaves sont considérés comme des objets animés ou sexuels dont la vie ne vaut rien, les nourrissons mal-formés sont abandonnés à la naissance, les superstitions sont tenaces...).
Les décors sont détaillés et très réalistes, le travail sur les couleurs remarquable. Seul bémol : les traits des visages qui semblent inachevés et qui m'ont gênée dans ma lecture. Malgré ce défaut, le lecteur est complètement happé par cette enquête prenante et des personnages très différents de caractère et à la psychologie intéressante, voire intrigante pour l'antipathique Terentius Aquila.
D'ailleurs, le second tome tournera essentiellement autour de lui...

Appréciation :

note : 3 sur 5

Mes autres avis sur la série : tome 2

extrait

Le maître de l'éternité d'Isabelle Dethan - Les ombres du Styx, tome 1   Le maître de l'éternité d'Isabelle Dethan - Les ombres du Styx, tome 1

divers

La pourpre et l'or - Murena T1 - de Dufaux et Delaby

Ce billet est ma 10è participation au challenge de Soukee.

Challenge "Polar historique" organisé par Samlor

Ma 1ère participation au challenge de Samlor.

 

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mercredi 5 juin 2013

Lecture commune : Les Enfants de la Terre, tome 2

Lecture commune

 

Alors les Homo Sapiens Sapiens, mâles et femelles, vous voulez m'aider à rechercher les Autres en compagnie d'Ayla et lui trouver un compagnon ?
Cette LC est donc faite pour vous !!
Munissez-vous de votre fronde et de votre bâton à fouir, et recherchons une piste !

Lecture commune : Les Enfants de la Terre, tome 2

Rendez-vous le 30 juin pour la cueillette des billets...

mardi 4 juin 2013

La 99ème page... du mardi 4 juin 2013

 

La 99ème page du mardi 11 décembre...

"J'avais trouvé une prostituée de mon âge, à peu près quinze ans à l'époque, dont le visage s'était ouvert quand je l'avais approchée, puis refermé quand j'avais expliqué la situation. Elle m'avait dit que la pièce n'était pas suffisante. j'avais fait volte-face pour m'en aller.
"Pas suffisante pour ce vieux sac de sang, je veux dire. Pour toi, ça suffira."

La 99ème page... du mardi 4 juin 2013

Ma chronique

 

Pompéi, les visages de l'amour d'Eva Cantarella

 Pompéi, les visages de l'amour d'Eva Cantarella

 

Fiche détaillée

 Auteur > Eva Cantarella
Photographie > Alfredo & Pio Foglia
Editeur > Albin Michel
Collection > Beaux Livres
Genre > essai historique
Date de parution > 1998 pour l'édition originale , 2000 pour la présente édition
Titre original > Pompei, I volti dell'Amore
Nombre de pages > 159
Traduction > de l'italien par Daniel Blanchard

auteur
(sources : Acte Sud)

 Eva Cantarella   Eva Cantarella spécialiste du droit de l’Antiquité grecque et romaine est professeur à l’université de Milan. Elle a également enseigné le droit antique à l’université de New York et à l’université d’Austin, Texas. Ses livres, traduits en plusieurs langues, sont consacrés à l’histoire de la sexualité, à celle de la famille et de la condition féminine ainsi qu’au droit criminel : Selon la nature, l’usage et la loi. La bisexualité dans le monde antique (1991) ; Passato prossimo. Donne romane da Tacita a Sulpicia (1998) ; Ithaque. De la vengeance d’Ulysse à la naissance du droit (2002) ; L’ambiguo malanno. Condizione e immagine della donna nell’antichità greca e romana (2010) ; “Sopporta, cuore…”. La scelta di Ulisse (2010).

quatrieme de couverture

"Tu me demandes, Lesbie, combien de tes baisers suffiraient à me rassasier.
Aussi nombreux sont les grains de sable de la Lybie..."

Si Catulle écrivait de merveilleux poèmes à Lesbie, c'est de Pompéi, figée à jamais dans le quotidien d'une journée de l'an 79, que nous parvient la voix simple des gens de la rue. Là, chacun peut visiter des maisons, des ruelles, des chambres, des temples qui nous parlent, dans la langue de leurs habitants, des visages si divers de l'amour. Amour conjugal, amours vénales, amours libres... Eva Cantarella dévoile ici, avec érudition mais simplicité, les aspects les plus intimes, touchants ou étonnants, de la vie de nos semblables il y a dix-neuf siècles.
Les photographies, inédites pour la plupart, parcourent tous les thèmes amoureux qui ont inspiré des fresques et tableautins, statues et figurines, luminaires, tintinnabula et amulettes phalliques, graffiti et terres cuites, et nous donnent à voir dans son détail le monde de l'amour antique.

avis personnel

 Pompéi, suite à l'éruption du Vésuve, est devenu un document exceptionnel pour la connaissance du monde romain. L'auteure s'appuie sur les sources iconographiques et épigraphiques pour nous brosser un tableau particulièrement vivant sur la vie amoureuse et sexuelle des Pompéiens.
Graffiti, fresques, mosaïques, statues, jusqu'aux objets les plus courants de la vie quotidienne, témoignent des comportements, des aspirations, des motivations des Romains en matière amoureuse. Les graffiti surtout, qui ornent les murs des rues de Pompéi, offrent un témoignage irremplaçable pour comprendre les sentimenst, les moeurs et l'humour des gens du peuple.

Eva Cantarella découpe son livre en trois parties : l'amour conjugal, l'amour vénal et l'amour libre.

Commençons donc par le moins glamour : l'amour conjugal !
Dans le monde romain, le mariage est une institution sur laquelle reposent la reproduction et la transmission des biens, ce qui implique un contrôle strict de la sexualité féminine, ainsi qu'une différence entre les droits et les devoirs des deux époux (vous m'en direz tant ! je suis prête à parier que le déséquilibre penche en faveur des hommes....)

Pompéi, les visages de l'amour d'Eva Cantarella
Pompéi, maison VII,2,6. Portaits en buste de Terentius Neo et sa femme. Ier s. apr. JC

L'épouse étant la seule femme à pouvoir donner des héritiers légitimes, est tenue à la fidélité sous peine de mort (à ce prix-là, l'amant a intérêt à assurer un max !). Caton écrit à ce propos : "Si tu surprends ta femme en train de commettre l'adultère, tu peux la tuer impunément. Si, au contraire, c'est elle qui te surprend, elle ne peut te toucher, fût-ce du bout du doigt" (Gell.,N.A.,X,23,5). Le même châtiment est réservé aux vierges, veuves ou divorcées qui connaîtraient des relations sexuelles hors mariage. Sous Auguste, l'exil vient remplacer l'exécution.

En matière de divorce, celui-ci ne fut pendant longtemps accordé qu'au mari; de plus, jusqu'à l'Empire, les enfants étaient automatiquement confiés au père.

Les rapports conjugaux sont donc déséquilibrés non seulement dans le domaine des devoirs ou celui des divorces mais également dans les cérémonies matrimoniales elles-mêmes. Dans les 1ers siècles de Rome, il existait 2 types de cérémonie : la coemptio (la femme est achetée par le mari) et l'usus (après un an de cohabitation, le mari choisit ou pas de garder sa femme, l'acquérant comme un bien meuble).

Pompéi, les visages de l'amour d'Eva Cantarella
autel funéraire avec scène de mariage

Au III è siècle après JC fut introduit un 3è type de mariage qui permettait à la femme de rester dans sa famille d'origine au lieu de rentrer dans celle du mari, ce qui lui assurait une grande indépendance.

Personne ne sera surpris en apprenant que la sexualité matrimoniale était tournée exclusivement vers la reproduction (tiens, ça me rappelle certaines réactions récentes !).

Pour ce qui est de l'affection entre époux, deux thèses s'opposent : celle patriarcale et autoritaire reposant sur les sources juridiques, et celle nucléaire-sentimentale reposant sur les sources épigraphiques. Les sources pompéiennes semblent conforter cette dernière.

Pompéi, les visages de l'amour d'Eva Cantarella
Terre cuite. Un couple s'embrasse sur la klinè

Concernant la contraception et l'avortement, seul le mari pouvait en décider la pratique. Une femme qui en prenait l'initiative risquait la répudiation.
Comme on peut s'en douter, la contraception était inefficace. Les femmes utilisaient des tampons de laine imbibés de vinaigre appelés pessaires, et introduits quelques heures avant les rapports puis retirés juste avant pour éviter la fécondation, ou des remèdes oraux à base de racine de fougère, les hommes des préservatifs très peu fiables.

le saviez vous
Le latin possède trois mots différents pour désigner le baiser : osculumsavium et basium.
Osculum désigne le baiser sur la bouche entre membres d'une famille (et qui sert accessoirement à contrôler l'haleine de la femme mariée qui n'a pas le droit de boire du vin !^^).
Savium est le baiser de la volupté et du désir amoureux.
Quant à basium, il exprime la tendresse chaste.

Pompéi, les visages de l'amour d'Eva Cantarella     Pompéi, les visages de l'amour d'Eva Cantarella
                                                                        Amour et Psyche                    Galatée et Polyphème
                                                                                s'embrassant

L'amour vénal offre aux hommes la liberté sexuelle tout en sauvegardant la vertu des femmes destinées au mariage.
La seule contrainte pour les hommes est de faire preuve de virilité, c'est-à-dire d'assumer un rôle sexuel actif, quelque soit le sexe de son partenaire.
La prostitution masculine est, de ce fait, assez répandue.

La prostitution féminine est donc considérée comme indispensable à la sauvegarde de la morale publique. D'ailleurs, un des termes désignant les prostituées est lupa, la louve, qui fait référence au mythe de la fondation de Rome avec Rémus et Romulus, allaités par une louve puis élevés par Larentia qui aurait exercé ce métier vieux comme le monde (finalement, ils ne sont pas si snobs que cela, les Romains !!).


Les prostituées sont reconnaissables à leur tenue : elles portent la toge, vêtement masculin découvrant les genoux, et se teignent les cheveux en rouge.

Les données sociologiques offrent une source peu fiables pour estimer le nombre exacte de prostituées professionnelles car certaines femmes l'étaient occassionnellement pour arrondir leur fin de mois, comme les serveuses ou les actrices, brouillant de ce fait les chiffres réels.
De même, les données archéologiques sont trompeuses. En effet, Pompéi abonde en représentations érotiques (tableautins ou graffiti) qui ne désignent pas forcément un lieu où on se prostitue.

Pompéi, les visages de l'amour d'Eva Cantarella
Lupanar,VII,12,18.

Par contre, grâce aux graffitis, on connaît les tarifs, les spécialités, les noms et les conditions des prostituées.  Les tarifs sont très variables. Le minimum est de 2 as (avec 2 as, on peut s'offrir dans les tavernes 1 ou 2 verres de vin !). Jusqu'à 4 as, on reste au bas de l'échelle. Les plus jeunes ou les plus belles demandent entre 8 et 16 as !
Les noms qu'elles se choisissent parfois sont un programme à eux tout seuls : Panta ("tout" en grec) est une promesse de satisfaire n'importe quelle demande; Callidromè (dromos, course de chevaux, kalos, beau) est apparemment experte en l'art de chevaucher son partenaire; Nika ("victoire" en grec) se voulait victorieuse de toutes les batailles d'amour.... Mais il y a également des noms typiquement romains ou grecs n'évoquant aucune prestation exotique.
Contrairement à ce que l'on pourrait penser, les lupanars ne sont pas les seuls lieux où on se livre à la prostitution (d'ailleurs, il n'en existe qu'un ou 2 à Pompéi, et 9 cellae meretriciae) : les bâtiments publics servent au racolage comme en attestent certaines inscriptions. "Lahis fellat assibus duobus" (Lahis suce pour deux as - CIL,IV,1969) écrit sur le bâtiment d'Eumachia ou "Hic Lucilla ex corpore lucrum faciebat" (Ici lucilla faisait commerce de son corps) que l'on peut lire sur le palais de justice.

Pompéi, les visages de l'amour d'Eva Cantarella
Pompéi,I,9,5. Graffiti au nom de Fortunata
faisant allusion à ses talents de fellatrice.

Si les prostituées sont nettement séparées des femmes honnêtes, une fête en leur honneur leur était spécialement consacrée le 26 avril de chaque année.
Au contraire des femmes mariées qui sont jugées et châtiées à l'intérieur du foyer familier, les prostituées relèvent des tribunaux nationaux.
Les prostituées sont parfois taxées mais cette imposition ne devient régulière qu'au IVè siècle de notre ère.

pour aller plus loin

 

Les peintures érotiques abondent à Pompéi. L'image érotique la plus représentée est celle de la femme chevauchant l'homme, désignée sous diverses métaphores dans l'Antiquité : Venus pendulamulier equitansHectoreus equus... Or, cette position est jugée blâmable en raison de l'égalité impliquée entre l'homme et la femme (ben, voyons !)

 

 

Selon les sources juridiques et littéraires, les prostitués mâles pratiquent des tarifs exorbitants et constituent un objet de consommation de luxe.
Cependant, les sources pompéiennes révèlent une réalité différente et la majorité des prostitués connaîtraient la même misère que leurs consoeurs.

Ils ont également une fête spéciale qui se tient le 25 avril.
A noter que la prostitution d'adultes mâles est frappée d'infâmie. A partir de la période impériale, une répression s'exerce à leur égard, de plus en plus féroce au fil des siècles.

Les prostitués pompéiens offriraient leurs services aussi bien aux hommes qu'aux femmes selon certaines inscriptions : "Fronto plani lingit cunnum" (Fronton lèche la chatte - CIL,IV,2257), mais l'absence d'indication de tarif laisse penser qu'il s'agirait plutôt d'insultes destinées à humilier publiquement son ennemi.

le saviez vousLes lampes. Leur partie supérieure était normalement décorée d'un personnage isolé ou de scènes mythologiques ou relevant de la vie quotidienne. Mais les scènes érotiques étaient également représentées, mettant en scène des couples hétérosexuels, voire homosexuels, et même zoophiles. A noter que l'image n'était pas liée à la fonction de la lampe. La lampe joue un rôle important dans la littérature érotique romaine. La règle voulait que l'on fasse l'amour dans le noir: seuls les prostituées et les libertins transgressaient cette règle. D'où l'importance de la stimulation visuelle dans les rapports amoureux...

 

Pompéi, les visages de l'amour d'Eva Cantarella                                                                                                                           Lampes à bec en terre cuite.                 

Pompéi, les visages de l'amour d'Eva Cantarella

 

 Pompéi, les visages de l'amour d'Eva Cantarella
Maison du Centenaire,IX,8,3. Tableautin figurant
dans un 
cubiculum retiré de la maison. Il peut s'agir
d'un couple légitime ou d'amours extra-conjugales.

Le Romain est un homme sexuellement insatiable. En dehors des prostitué(e)s, d'autres choix lui sont offerts. Mais pour comprendre sa sexualité, il faut garder en mémoire que le citoyen reçoit une éducation de conquérant. Il doit s'imposer aux non-Romains par la violence des armes et la force des lois. "Parcere subiectis et debellare superbos" (Epargner les soumis et vaincre les orgueilleux - Enéide,VI,851-853).
Dans sa vie quotidienne, le Romain use de même sur ses esclaves, sa femme, ses enfants, ainsi que dans le domaine sexuel. Comme l'écrit Veyne, sa virilité  est "une virilité de viol".
Il impose donc son désir sexuel à son partenaire, mâle ou femelle. Pour cette raison, il ne saurait s'adonner à la fellation ou au cunnilingus, pratiques dégradantes pour un homme viril ! Même durant sa jeunesse, il ne peut se retrouver dans le rôle de soumis (contrairement aux Grecs).

Pompéi, les visages de l'amour d'Eva Cantarella
New York, Metopolitan Museum.
Coupe d'argent représentant un rapport entre un homme mûr et un jeune homme.

D'où l'utilité des esclaves.
A part ses esclaves, le Romain peut jouir sexuellement de ses affranchis, puis sous l'influence des Grecs, certains citoyens se mettent à courtiser des garçons libres malgré l'interdiction morale.

Mais les hommes pouvaient également brûler de passions pour des femmes libres, divorcées ou mariées qui défiaient les conventions. A elles étaient réservées les déclarations d'amour enflammées.
Mais en cas de rupture ou de trahison, elles payaient le prix fort de leur liberté en faisant l'objet de libelles humiliants.

Pompéi, les visages de l'amour d'Eva Cantarella
Maison du Bel Impluvium,I,9,1. Un homme
attire à lui une femme en train de s'étendre
sur le lit.

Je pourrais écrire encore des lignes et des lignes sur ce livre passionnant illustré par de magnifiques photos : fresques, statues, maisons, lampes,... qui rendent tellement vivants les pratiques ou les fantasmes des Pompéiens disparus il y a 1900 ans ! Si certains tabous ou certaines contraintes sexuelles nous éloignent d'eux, les peines ou les joies d'amour nous en rapprochent ! Les graffitis sont d'ailleurs une source inestimable et surprenante pour mieux appréhender les Romains :  écrits par des gens simples, souvent de manière très crues, ou avec humour voire même tendresse ou passion, ils abordent un peu tous les aspects de la vie amoureuse ou sexuelle, avec spontanéité...
Par exemple, les graffiti nous apprennent que l'homme de Pompéi aime à se vanter de ses exploits sexuels (remarquez, ce penchant s'est apparemment transmis de générations en générations...^^) : "Hic futui cum sodalibus" (ici j'ai foutu avec les copains - CIL,IV,suppl.3935); parfois ces fanfaronnades sont teintées de scrupules : "Hic ego cum domina resduto clune peregi, tales sed versus scribere turpe fuit" (Ici j'ai embroché ma femme avec le postérieur à l'air, mais c'est une honte d'avoir écrit ces lignes -CIL,IV,9246); ou se veulent menaçantes : "Pedicare volo" (Je veux lui mettre dans le cul -CIL,IV,2210).
La femme pompéienne n'est pas en reste : elle s'est émancipée, participe comme les hommes à l'activité financière et commerciale de la cité, se fait évergète comme Eumachia. Et dans le domaine amoureux ? Ce sont encore les graffiti qui y font allusion. Apparemment, les femmes n'étaient pas insensibles aux charmes des gladiateurs : "Suspicium puellarum thrax Celadus" (Le thrace Celadus fait soupirer les filles - CIL,IV,4397). Quelques graffitis sont écrits de la main même des femmes. Certains sont raffinés : "Methe Cominiaes Atellana amat Chrestum corde" (Methe, actrice d'Atellana, aime Chrestus de tout son coeur) quand d'autres sont crus et sûrement écrits par une prostituée : "Fututa hic sum" (Ici, je me suis fait foutre)...

 Appréciation :

note : coup de coeur

Petit florilège de positions sexuelles sous l'Antiquité (finalement, nous n'avons rien inventé !^^):

Pompéi, les visages de l'amour d'Eva Cantarella    Pompéi, les visages de l'amour d'Eva Cantarella   Pompéi, les visages de l'amour d'Eva Cantarella   Pompéi, les visages de l'amour d'Eva Cantarella   Pompéi, les visages de l'amour d'Eva Cantarella  

Pompéi, les visages de l'amour d'Eva Cantarella

De gauche à droite : Maison du Restaurant,IX,5,14. Homme agenouillé sur un lit soulevant légèrement les jambes de sa partenaire | Maison des Vettii,VI,15,1. Tableautin dans une petite pièce adjacente à la cuisine : Chambre à coucher du cuisinier ? Cabinet où le maître venait jouir de son droit sur ses esclaves ? cella meretria ? | Lupanar,VII,12,18. coitus a tergo| Thermes suburbains. Représentation d'un cunnilingus | L'homme debout soutient de ses épaules les jambes de la femme à demi étendue sur le lit; Ovide fait allusion à cette position dans son Art d'aimer.| Couvercle de miroir en bronze avec couple.

divers

 

Rendez-vous : le premier mardi chez Stephie c'est permis...

Ma 2ème participation au RV de Stephie.
D'autres billets : Stephie ♦ Canel ♦ Hibana ♦ L'Irrégulière ♦ Cess ♦ Jérôme ♦ Leiloona ♦ Sarah ♦ Noukette ♦ Martine ♦

La pourpre et l'or - Murena T1 - de Dufaux et Delaby

Ce billet est ma 11è participation au challenge de Soukee.

La pourpre et l'or - Murena T1 - de Dufaux et Delaby

Ma 11ème participation au challenge de Lynnae -

 

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