Auteur > Mika Waltari
Editeur > G.P.
Collection > Rouge & Or
Genre > Roman historique, classique
Date de parution > 1945 pour l'édition originale , 1984 pour la présente édition
Titre original > Sinuhe egyptiläinen
Nombre de pages > 636
Traduction > du finnois par Jean-Louis Perret
(sources : Wikipédia & L'Europe des cultures)
Mika Toimi Waltari, né en 1908 à Helsinki et mort en 1979, est un écrivain finlandais, célèbre pour ses romans historiques traduits dans de nombreuses langues.
Il est le fils de Toimi Armas Waltari, un pasteur luthérien, aumônier de prison né en 1881 et de son épouse Olga Maria Johansson. À cinq ans, Waltari perd son père. Tout jeune, il assiste à la guerre civile finlandaise à Helsinki.
Plus tard, il s'inscrit à l'université d'Helsinki comme étudiant en théologie, selon les vœux de sa mère. Mais rapidement il abandonne la théologie en faveur de la philosophie, l'esthétique et la littérature, et il obtient son diplôme de maître en 1929. Pendant ses études, il contribue à divers magazines et écrit des poèmes et des histoires.
Pendant ses études universitaires Waltari part à Paris en 1927. Il y écrit son premier grand roman Suuri illusioni (La Grande illusion), très apprécié par la jeunesse finlandaise. En termes de style, le roman est considéré comme l'équivalent finlandais des œuvres des écrivains américains de la Lost Generation. Le livre de Waltari est un roman historique, qui a lieu au XXe siècle, le héros est un Finlandais qui se rend à Paris à vingt ans et y vit une vie plutôt bohème.
Très prolifique (il est critique littéraire dans un journal, écrit des scenarios de bande dessinée, des romans pour la jeunesse et des romans policiers), il continue à écrire, marqué ensuite très profondément par la Seconde Guerre mondiale. Cette expérience l'oriente résolument vers les romans historiques. Sinouhé l'Egyptien, paru en 1945, sera son plus grand succès, en Finlande comme à l'étranger.
Suivront Jean le Pérégrin (1951), qui évoque le passage du Moyen-Âge à la Renaissance et sa suite Les Amants de Byzance. Waltari a publié également des romans intimistes, tels que Jamais de lendemain (1942), une réflexion sur la violence du mensonge, ou Boucle d'Or (1948), la descente aux enfers d'une femme qui se prostitue. De nombreuses adaptations cinématographiques ont permis de mieux faire connaître les ouvrages de l'auteur, notamment L'Egyptien de Michael Curtiz (1954).
Les mémoires d'un médecin égyptien vers l'an 1350 avant J.C.
Un éblouissant voyage au temps des Pharaons.
"Un des rares livres qui, avec les Mémoires d'Hadrien fassent revivre le monde antique avec une troublante magie divinatoire. Un admirable roman puissant et poétique.", Le Monde
"Comment oublier désormais le corps voluptueux de Nefernefer, celui virginal de la crétoise Minea, ou celui capiteux de Merit." , Les Nouvelles littéraires
"Un étonnant chef-d'œuvre...Une reconstitution exemplaire qui passionne comme un roman policier. Une lecture à ne pas manquer." , Le Progrès de Lyon
"Moi, Sinouhé, fils de Senmout et de sa femme Kipa, j'ai écrit ce livre."
A travers les confessions de Sinouhé l'Egyptien, Mika Waltari nous brosse une fresque absolument somptueuse sur l'Egypte ancienne, nous entraînant à la suite des aventures de son héros sous le règne chaotique d'Akhénaton, le pharaon hérétique.
L'histoire débute la 6ème année du règne d'Horemheb qui a banni Sinouhé d'Egypte. Le médecin égrène sa plainte d'exilé soupirant après la douceur de sa patrie entre les pages de ses mémoires, qu'il écrit pour oublier sa douleur morale. Homme désabusé et amer, il n'a plus foi ni dans les dieux ni dans les hommes.
Sinouhé nous apprend qu'il est un enfant abandonné, recueilli par un vieux couple stérile, Senmout, médecin des pauvres, et Kipa, qui lui donne ce prénom tiré d'une de ses légendes préférées.
A l'adolescence, il entre dans la Maison de la Vie du temple d'Amon pour y apprendre la médecine ordinaire et suivre la voie de son père adoptif. Il y découvre les supercheries des prêtres et l'incurie des médecins.
Après ses études, il a le malheur de recroiser le chemin de NeferNeferNefer (qui signifie belle trois fois, rien que cela ! ^^), une courtisane avide qui a provoqué la mort de Metoufer, ancien étudiant en médecine accusé d'avoir détourné des fonds pour s'offrir ses dispendieux services. Négligeant ses avertissements, fou de désir pour cette femme vénale et sans scrupule, il dilapide progressivement pour elle sa fortune, allant même jusqu'à dépouiller ses propres parents ! Persuadé d'encourir le mépris de ses amis, il s'exile alors avec son fidèle esclave Kaptah à Simyra, ville de Syrie où il s'enrichit grâce à ses talents de médecin. Au bout de deux ans, il part à la rencontre de l'armée égyptienne en expédition contre les pillards Khabiri, et se rend après la bataille sous la tente de son ami Horemheb, promu au rang de général. Il se voit alors confier la mission d'espion. A partir de là, le lecteur le suit dans ses différents voyages, du pays de Mitanni à la cour de Babylone, en passant par la Crète ou Jérusalem...
Tout à la fois roman historique, picaresque, d'aventures, initiatique, Sinouhé l'Egyptien est également écrit à la manière d'un conte où certaines phrases sont répétées, créant parfois un effet comique. «Tes paroles sont comme un bourdonnement de mouches à mes oreilles.», est une phrase qui revenait souvent dans la bouche des protagonistes, provoquant immanquablement mon sourire.
Le naïf Sinouhé et son effronté d'esclave forment un duo extrêmement drôle et irrésistible, faisant penser à celui des romans picaresques. Les interventions du rusé et geignard Kaptah, entre les coups de bâton qu'il reçoit de son maître excédé, et les invectives qu'il lance à l'encontre de ceux qui osent négliger la dignité dudit maître, me faisaient littéralement hurler de rire !
L'effronterie de Kaptah ne connaît aucune limite et il se montre d'une franchise désarmante :
” Ô mon maître, dit-il en se tournant humblement vers moi, c'est arrivé trop vite, car je voulais te préparer insensiblement et demander ton consentement, puisque tu es encore mon maître. Il est exact que j'ai déjà acheté ce cabaret au patron (...). Comme tu le sais, pendant ces années , je t'ai volé de mon mieux et habilement...
(page 330)
Mais Sinouhé l'Egyptien est également un roman qui fait réfléchir le lecteur sur la destinée de chaque homme, confronté à ses choix. Sinouhé, homme à la fois sage et naïf, déchiré entre ses idéaux et la brutale réalité, en fait la cruelle expérience jusqu'à perdre ses dernières illusions. Doit-on renier ses convictions profondes face au pouvoir, ou prendre le risque de froisser justement les hommes de pouvoir, quitte à subir leurs foudres ?
Et quand on est roi, peut-on mener à bien une réforme religieuse et culturelle destinée à abolir les injustices et à rendre les hommes égaux entre eux, quand ce rêve humaniste se heurte à la résistance des privilégiés ? Ainsi, les prêtres d'Amon, pour contrer l'influence d'Aton, le dieu monothéiste, n'hésitent pas à inspirer la peur aux couches sociales les plus défavorisées, quitte à provoquer misère et famine pour déstabiliser l'autorité royale, ni à mener le pays au bord de la guerre civile.
D'ailleurs, lors de ses pérégrinations, Sinouhé découvre les pauvres plus compatissants que les riches.
Pour conclure, Mika Waltari nous convie à une odyssée inoubliable et envoûtante à travers l'Egypte ancienne. Son écriture extrêmement évocatrice et immersive est d'une très grande qualité littéraire, à la puissance presque hypnotique. A l'instar de Sinouhé, le lecteur s'initie à la politique, à la religion, à la médecine, à l'amour... Dense et fouillé, le livre aborde à peu près tous les aspects de la vie de ces Egyptiens de l'Antiquité, allant même jusqu'à évoquer les problèmes de bornes avec les cruels Hittites ou les pratiques de trépanations des médecins égyptiens. C'est enlevé, palpitant, drôle, émouvant, profond. Bref, un véritable coup de coeur !
Appréciation :
” Il faisait sombre entre les gigantesques colonnes du temple. Ses yeux luisaient dans le crépuscule tombant des lointaines fenêtres, et personne ne nous voyait.
- Tu n'as peut-être pas besoin d'aller le chercher, me dit-elle avec un sourire. Cela me suffira, si tu me réjouis et te divertis avec moi, car je n'ai personne avec qui m'amuser.
Je me rappelai alors les paroles de Kipa sur les femmes qui invitent de beaux garçons à se divertir avec elles. ce fut si brusque que je reculai d'un pas.
- N'ai-je pas deviné que Sinouhé prend peur, dit-elle en s'avançant vers moi.
Mais je levai la main et lui dis rapidement :
- Je sais déjà qui tu es. Ton mari est en voyage et ton coeur est un piège perfide et ton sein brûle plus fort que le feu.
Mais je n'eus pas la force de fuir.
Elle montra un peu de confusion, puis elle sourit de nouveau et me dit :
- Tu crois ? Mais ce n'est pas vrai. Mon sein ne brûle pas comme le feu, au contraire on dit qu'il est délicieux. Sens-le toi-même !
Elle me saisit la main et la plaça sur sa pitrine dont je sentis la beauté à travers l'étoffe mince, si bien que je me mis à trembler et que mes joues rougirent.
- Tu ne crois pas encore, dit-elle avec une déception affectée. L'étoffe te gêne, mais attends un peu, je vais l'écarter.
Elle ouvrit sa tunique et mit ma main sur son sein nu, et je sentis battre son coeur, mais sa poitrine était tendre et fraîche sous ma main.
- Viens, Sinouhé, dit-elle tout bas. Viens avec moi, nous boirons du vin et nous nous divertirons ensemble.
- Je ne dois pas quitter le temple, dis-je avec angoisse, tout en ayant honte de ma lâcheté, car je la convointais et la redoutais comme la mort. Je dois rester pur jusqu'à l'ordination, sinon on me chassera du temple et je n'entrerai jamais dans la Maison de la vie. Aie pitié de moi !
(page 41-42)
Le classique du mois de septembre pour le challenge organisé par Stephie.
Ma 34ème participation au challenge de Lynnae - évocation du règne de 6 pharaons : Amenhotep III, Akhenaton, Smenkhkarê, Toutânkhamon, Aÿ, Horemheb ainsi que de la réforme religieuse monothéiste
Ma 10ème participation au challenge de Soukee -
Ma 25ème participation au challenge de Myrtille - quelques références à des contes égyptiens voire crétois
Ma 4è participation au challenge de BouQuiNeTTe - séjour en Finlande
D'autres billets sur la Finlande : ♦ Salhuna ♦ Ichmagbücher ♦ Sharon ♦ mistigris ♦
Ce billet est ma 13è participation au challenge d'Helran - cette escale compte pour la Finlande
Je pense qu'il pourrait me plaire ;)
RépondreSupprimer@Cassie,
RépondreSupprimers'il te plaît moitié qu'à moi, ce sera déjà une excellente lecture, j'en suis sûre ! mais prévois beaucoup de tasses de thé, car le livre est vraiment très dense !
Tu as le don de vouloir me faire lire des livres dont je n'aurai même pas pris la peine de regarder ni de m'intéresser. Très belle chronique :)
RépondreSupprimerOups, j'ai publié le commentaire avec le nom du blog de ma maman (la reinette) Désolé :s
RépondreSupprimerJ'ai découvert ce roman il y a 20 ans puis l'ai relu il y a 4 ans à l'occasion d'un Book Club sur Livraddict et à chaque fois il m'a emporté. Il fait vraiment partie de mes livres préférés et je suis ravie quand il plaît car il ne fait pas partie de ces livres à la mode sur lesquels tout le monde se jette.
RépondreSupprimerJ'aime bien la comparaison avec les Mémoires d'Hadrien que j'ai lues il y a longtemps. C'est un roman qui a l'air de mériter le détour, d'autant plus que je participe moi aussi au challenge de Soukee ! Merci :)
RépondreSupprimer@Salhuna,
RépondreSupprimerC'est ça qui est bien avec les challenges et les lectures communes, c'est que l'on découvre des livres auxquels on n'aurait pas naturellement penser... c'est d'ailleurs grâce au challenge de BouQuiNeTTe que j'ai déniché plusieurs auteurs de talent ! Merci pour ton passage ici en tout cas !
@Frankie,
merci pour ton gentil message ! en tout cas, j'espère que Sinouhé avait plu aux lectrices du Book Club car c'est effectivement un livre somptueux et tellement bien écrit ! Je me méfie un peu des livres à la mode car je suis généralement déçue ; parfois, je préfère laisser redescendre tout ce battage médiatique...
@Myrtille,
Cela fait trèèèèès longtemps que j'ai les Mémoires d'Hadrien dans ma PAL, et Sinouhé m'a donné envie de l'en déloger ! J'espère que tu apprécieras Sinouhé si un jour tu le lis...
Tu me fais toujours découvrir des histoires venant d'autres contrées et qui ont l'air vraiment intéressantes ^^, surtout que ça a été un énorme coup de cœur pour toi :)
RépondreSupprimerEffectivement, ça fait tellement longtemps que je n'avais pas eu de coup de coeur (rends-toi compte, presque 1 an !!! ) que malgré le début plus que prometteur, j'avais peur que ça ne se dégrade en cours de lecture... mais non ! J'ai adoré du début à la fin !! Je crois même que je vais acheter le bouquin...
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