vendredi 19 septembre 2014

Et toujours ces ombres sur le fleuve de Nathalie de Broc

Et toujours ces ombres sur le fleuve de Nathalie de Broc

 Merci à
babelio

et aux éditions  

presses de la cité

pour ce partenariat !

Fiche détaillée

Auteur > Nathalie de Broc
Editeur > Presses de la Cité
Collection > Terres de France
Genre > Roman historique
Date de parution > 2014
Nombre de pages > 255

auteur
(sources : site de l'auteur)

Nathalie de BrocBretonne de coeur, Nathalie de Broc habite Quimper depuis une quinzaine d’années.
Journaliste indépendante, elle a collaboré à RFO, France Inter et France 3 Ouest, avant d’être depuis septembre 2012 animatrice d’une émission hebdomadaire « de Bric et de Broc », sur France Bleu Breizh Izel, où elle reçoit les confidences des grands noms bretons, écrivains, artistes, chefs d’entreprises…
Depuis Le Patriarche du Bélon, son premier roman paru en 2004, elle a publié sept autres romans aux Presse de la Cité.
Elle a également reçu le Prix de l’association des Ecrivains Bretons pour son roman « La tête en arrière » paru aux éditions Diabase.
Nathalie de Broc est lauréate de la 5e édition du Prix du roman de la SLAB (Société Littéraire et Artistique de La Baule) pour sa trilogie (Loin de la rivière - La rivière retrouvée - L'adieu à la rivière) parue entre 2008 et 2011.
site de l'auteur -

quatrieme de couverture

Lucile court. Sur les pavés de Nantes.
Elle court pour oublier ce qu'elle vient de voir. L'innommable. Jamais elle ne parviendra à effacer le souvenir des siens jetés nus dans la Loire en cette année de Terreur 1793. Pas plus qu'elle n'oubliera l'homme qui a présidé au destin funeste de ses parents et de son frère Théo. Un seul but désormais pour la petite orpheline : assouvir sa vengeance.
A quel prix...?

première phrase

"La foule semble grossie de dizaines de nouvelles têtes, toutes grimaçantes, gargouilles éructantes, riant gras."

avis personnel

 Tout d'abord, je remercie Pierre Krause de Babelio et Mathilde des éditions Presses de la cité pour l'envoi de ce roman (accompagné d'un très joli marque-page) !
Comme certains commencent à le savoir, je suis fan de la Révolution française, et ce livre, retraçant un épisode très peu connu (et surtout très peu glorieux) de cette période troublée, à savoir les noyades de Nantes, ne pouvait qu'attiser mon intérêt.

Le livre s'ouvre donc sur un matin de décembre 1793, sur la grève de Chantenay, où une foule vociférante est venue assister à l'exécution par noyade de centaines de prisonniers, femmes et enfants compris, parmi lesquels se trouvent le comte de Neyrac, sa femme Clotilde et son jeune fils Théo. Noyée dans la bousculade (sans jeu de mot douteux), Lucile, la fille aînée âgée de 12 ans, est le témoin impuissant et horrifié de cette exécution.
Mais un visage s'est imprimé opiniâtrement dans sa mémoire : celui du bourreau, le chevalier de Préville, qu'elle se jure de tuer pour apaiser les mânes de ses disparus, désormais "ombres sur le fleuve"...
Croyant trouver assistance auprès des anciens métayers du comte, et surtout de leur fils Petit Jean qui a été le compagnon privilégié de ses jeux d'enfant, elle se heurte à un refus qui l'oblige à se réfugier dans la demeure familiale saccagée, jusqu'à ce qu'une fouille en règle du chevalier de Préville et de ses sbires l'en déloge.
Sans appui, sans argent, Lucile ne voit d'autre recours pour survivre que s'acoquiner, déguisé en garçon, à une bande de tire-goussets du même âge qu'elle, sévissant dans le quartier du port.
Quatre années passent sans qu'elle n'ait réussi à retrouver la trace du chevalier... jusqu'à ce qu'une rencontre fortuite, et inquiétante, ne lui offre une nouvelle perspective...

Et toujours ces ombres sur le fleuve de Nathalie de Broc
Les noyades de Nantes en 1793, peinture de Joseph Aubert, 1882.

Je dois avouer que j'ai été complètement happée par cette histoire, et que je n'ai pas réussi à lâcher le livre avant la fin. L'auteure nous restitue avec maîtrise le décor de cette époque, avec ses quartiers pauvres ou riches, ses costumes, son contexte mouvementé, l'animation du port ou des rues nantaises, ses odeurs, bref le dépaysement est au-rendez-vous.
Ajoutez à cela une très jolie plume, empreinte de l'élégance de ce XVIIIème siècle des Lettres , et vous comprendrez mon plaisir de lectrice !
Malgré tout, je ne peux m'empêcher de ressentir une certaine frustration au sortir de ma lecture.
En effet, j'aurais aimé que Nathalie de Broc développe davantage l'intrigue et la psychologie des personnages, car en 255 pages, on a parfois l'impression de survoler l'histoire, si bien que certains ressorts nous paraissent assez artificiels, voire invraisemblables. Ainsi, j'ai eu du mal à croire en la séquestration de Lucile par Madame Flavie, surtout sur une durée aussi longue, d'autant que l'auteure ne nous fournira jamais aucune information sur les motivations de cette femme interlope. D'autres clés de l'intrigue restent également floues : telles que les relations entre Mme Flavie (toujours elle !^^) et un autre personnages important...

Par moment, j'ai trouvé que l'auteure cédait à certaines facilités narratives pour expliquer certains événements, comme l'incendie du théâtre ou le rebondissement lié à la vengeance de Lucile.
D'ailleurs, Lucile qui est un personnage extrêmement attachant au demeurant, est, dans son malheur, infiniment chanceuse, car elle arrive toujours à se tirer des mauvais pas sans aucun dommage (ou presque !)... On a l'impression d'avoir déjà vu ailleurs les épreuves qui la touchent (le travestissement en garçon, l'épisode du bordel, la "cour des miracles"...), non pas que ces scènes m'aient ennuyée, bien au contraire, mais j'aurais aimé qu'elles soient plus approfondis justement !

Concernant Louis-Amédée de Préville, c'est un personnage que j'ai beaucoup aimé, mystérieux à souhait (même si j'ai deviné rapidement son implication réelle dans certains épisodes), mais comme pour les autres, ses desseins restent inexpliqués, nous laissant sur notre faim...

Pour conclure, une lecture à la fois révoltante et palpitante d'une période fort troublée de notre Histoire, mais qui a malheureusement passé trop vite ! Les mésaventures de l'héroïne sont touchantes, néanmoins j'aurais aimé que l'auteure détaille davantage certains passages pour donner plus d'épaisseur à l'intrigue et de profondeur aux personnages, et qu'elle joue davantage sur l'ambivalence des relations entre la jeune infortunée et son bourreau !

En tout cas, je remercie Babelio et les éditions Presses de la cité pour cette délicieuse découverte !

Appréciation :

note : 3 sur 5

extrait

  On bouge. Lucile ne sourit plus. Son regard s'est fixé sur une ombre que cache involontairement Madame Flavie. Une ombre que son esprit n'a pas reconnue, mais son corps s'en est chargé. Ses tremblements, le froid intérieur l'ont renseignée.
Il est là.
Chevalier de Préville est dans la salle. Celui que Lucile cherche depuis quatre années est là. Par une ironie sournoise du sort. Les souvenirs remontent aussi violents que l'était le phrasé d'Almería tout à l'heure. Lucile porte à nouveau la main à sa cuisse mais cette fois elle est près d'en extraire son arme. Régler maintenant ce qui la tient debout depuis quatre années. En finir avec lui. Pourquoi attendre, et surtout comment ? Elle a douze ans, perdue dans la foule d'autrefois. Les cris et les rires d'aujourd'hui se superposent à ceux d'hier. Il a tourné le dos, comme il le fit ce jour-là, le jour de la mort de l'autre Lucile. Madame Flavie est en grande conversation avec lui, ils se sont discrètement écartés du flot et comme ce jour-là encore, il se retourne : même catogan noué de noir, chemise plus raffinée que celle d'antan, le front s'est biffé de quelques traits plus profonds, le regard n'est plus inquiet, au contraire affiche la certitude des contents de soi, proche du mépris. Préville semble à la recherche de quelqu'un, hoche la tête. Tout recommencera donc toujours. La haine noie Lucile. Elle y englobe ces deux-là, ne doute pas un instant que, complices, ils n'oeuvrent de concert à sa perte.
(page 182-183)

divers

La pourpre et l'or - Murena T1 - de Dufaux et Delaby

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babelio

 

4 commentaires:

  1. Je te souhaite une bonne lecture alors, et je lirai ton avis avec plaisir !

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  2. Je passe mon tour pour ma part d'autant plus que ce n'est pas ma période de prédilection :)

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  3. Effectivement, Missie, si la Révolution n'est pas ta période de prédilection, il y a des risques pour que cette lecture soit décevante...

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