Philippe II (v. 382-v. 336), créateur de la phalange macédonienne, vainquit les Grecs à Chéronée (338) et soumit pour deux siècles la Grèce à la tutelle macédonienne, malgré les efforts de Démosthène. Il se préparait à marcher contre Darius III lorsqu'il fut assassiné. Son fils Alexandre réalisa cette ambition en conquérant l'Empire perse... Derrière cette définition de dictionnaire se cache un destin hors norme.
En un quart de siècle, Philippe II, qui s'était imposé dans une Macédoine en pleine dissolution, fit de son royaume un Etat puissant. Il en doubla la superficie, le dota d'un grand pouvoir militaire, diplomatique, économique. Il parvint, ce qui paraissait presque impossible, à réaliser l'union de la Grèce. La Macédoine joua alors un rôle majeur, au carrefour entre le monde grec traditionnel, le Sud-Balkan et le monde asiatique. C'est Philippe II qui créa les conditions permettant le fulgurant destin d'Alexandre et ouvrant la voie à la conquête romaine, forgeant pour des millénaires l'avenir de l'Europe.
Derrière son oeuvre, il faut également percevoir l'homme. Le roi poursuivit-il ses buts sans relâche, pendant un quart de siècle ? Sut-il mettre une vie privée, quelque peu agitée, au service de son idéal ? Par une synthèse particulièrement complexe, sachant à la fois utiliser ses qualités et ses défauts, ses forces et ses faiblesses, il parvint en tout cas à être l'homme d'un grand dessein, même prématurément interrompu.
En un quart de siècle, Philippe II, qui s'était imposé dans une Macédoine en pleine dissolution, fit de son royaume un Etat puissant. Il en doubla la superficie, le dota d'un grand pouvoir militaire, diplomatique, économique. Il parvint, ce qui paraissait presque impossible, à réaliser l'union de la Grèce. La Macédoine joua alors un rôle majeur, au carrefour entre le monde grec traditionnel, le Sud-Balkan et le monde asiatique. C'est Philippe II qui créa les conditions permettant le fulgurant destin d'Alexandre et ouvrant la voie à la conquête romaine, forgeant pour des millénaires l'avenir de l'Europe.
Derrière son oeuvre, il faut également percevoir l'homme. Le roi poursuivit-il ses buts sans relâche, pendant un quart de siècle ? Sut-il mettre une vie privée, quelque peu agitée, au service de son idéal ? Par une synthèse particulièrement complexe, sachant à la fois utiliser ses qualités et ses défauts, ses forces et ses faiblesses, il parvint en tout cas à être l'homme d'un grand dessein, même prématurément interrompu.
J'ai toujours préféré le père au fils (trop colérique, trop emporté, trop blond !!!^^) même si le premier souffre d'une légende noire. En effet, Philippe a été calomnié par ses contemporains (Démosthène en particulier) et les sources (à noter que ces sources étaient essentiellement à caractère athéno-centriste). Le roi de Macédoine a souvent été présenté comme un incapable, un débauché et un ivrogne - rien que cela - alors qu'il a régné durant 25 ans, doublé la superficie de son royaume, et réalisé l'unité de la Grèce (ce que ne lui ont pas pardonné les Grecs, et surtout les Athéniens, davantage sensibles à la perte de leur indépendance), mais le règne de son fils Alexandre a ensuite totalement éclipsé le sien...
On ne sait pas si Philippe a suivi un plan préconçu depuis des années pour atteindre son objectif (il avait besoin d'unifier la Grèce pour se concentrer ensuite sur la Perse), toujours est-il qu'il a su saisir les opportunités qui s'offraient à lui pour consolider ses alliances et imposer la présence macédonienne. Il a souvent préféré la diplomatie et les intimidations aux batailles, n'hésitant pas à utiliser la trahison ou la corruption.
Dans un royaume en pleine déliquescence, il a su tisser des liens personnels avec les nobles pour éviter les révoltes, s'attirer la loyauté de ses soldats en ne se ménageant pas lui-même et en imposant une discipline stricte. Il a sorti son royaume des crises régulières qui le secouaient en instituant des réformes tant militaires (la création de la fameuse phalange macédonienne) qu'économiques.
L'auteur dresse un portrait de la Grèce et de la Macédoine avant l'avènement de Philippe, décrit le caractère du roi, liste ses interventions successives, aussi bien militaires que diplomatiques, en Grèce ou aux frontières de la Macédoine pour imposer son pouvoir ou pacifier ces régions. D'ailleurs, j'ai trouvé que les parties sur la diplomatie et les batailles comportaient parfois des redites.
Je trouve Philippe de Macédoine fascinant... complexe mais fascinant... Cette fascination se ressent jusque dans les écrits de ses détracteurs qui se complaisent par ailleurs à condamner les vices du roi, innombrables selon eux. Personnellement, je trouve que le monarque se démarque remarquablement de ses prédécesseurs en ne faisant pas assassiner son neveu Amyntas après l'avoir écarté de la couronne qui lui revenait de droit, alors que c'était une "tradition" de sa dynastie (son fils Alexandre puis les diadoques n'auront pas par la suite les mêmes scrupules que lui, loin de là !!).
Pour les défauts évoqués en début de chronique, la débauche que lui reprochent ses contemporains fait sûrement référence à la polygamie du roi, qui voyait le mariage comme un moyen diplomatique de régler certains problèmes militaires, et l'ivrognerie au fait que les Macédoniens, contrairement aux Grecs, buvaient leur vin pur, non coupé d'eau et que les banquets étaient un moyen de consolider les liens du roi avec l'aristocratie. Evidemment, l'image de Philippe, titubant pour faire taire son fils aux prises avec Attale, l'oncle de la nouvelle femme du roi, est restée dans la mémoire, et surtout l'insulte d'Alexandre saluant la chute du roi : "Macédoniens, s'écria-t-il, voilà cet homme qui se préparait à passer d'Europe en Asie, et qui, en passant d'une table à une autre, se laisse tomber" (Plutarque)...
Pour les défauts évoqués en début de chronique, la débauche que lui reprochent ses contemporains fait sûrement référence à la polygamie du roi, qui voyait le mariage comme un moyen diplomatique de régler certains problèmes militaires, et l'ivrognerie au fait que les Macédoniens, contrairement aux Grecs, buvaient leur vin pur, non coupé d'eau et que les banquets étaient un moyen de consolider les liens du roi avec l'aristocratie. Evidemment, l'image de Philippe, titubant pour faire taire son fils aux prises avec Attale, l'oncle de la nouvelle femme du roi, est restée dans la mémoire, et surtout l'insulte d'Alexandre saluant la chute du roi : "Macédoniens, s'écria-t-il, voilà cet homme qui se préparait à passer d'Europe en Asie, et qui, en passant d'une table à une autre, se laisse tomber" (Plutarque)...
J'avais découvert Philippe grâce à mes cours à l'Université, et depuis, il fait parti de mes personnages historiques préférés, et ce fut un plaisir de se plonger dans sa biographie...
(sources : Babelio)
Jean-Nicolas Corvisier,
né en 1952, est professeur des universités Agrégé d'histoire, docteur
ès lettres. Il a été Maître de conférences à l'Université Paul Valéry,
Montpellier III (en 1993) puis professeur d'histoire ancienne à
l'Université d'Artois. Il est directeur du CRUSUDMA (cercle de
recherches urbanisation, sociétés urbaines et démographies dans les
mondes anciens). Il a notamment publié Philippe II de Macédoine (2002), et Guerre et démographie dans le monde antique (2006).
Challenge "L'Odyssée grecque" : 19/100
Ma 69ème participation au challenge de Lynnae -
Challenge organisé par Iluze (11/12)
j'ai une biographie du fils, qu'il faudra que je lise d'ailleurs mais ton avis sur le père m'intrigue énormément ;)
RépondreSupprimerAh ben écoute, je suis plus que ravie de t'avoir intriguée... Et pour tout t'avouer, je ne sais pas comment j'ai réussi à canaliser mon engouement et à ne pas ressembler à une fan hystérique, car en fait,je craque complètement sur Philippe !!
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