Auteur > Clara Dupont-Monod
Editeur > Grasset
Genre > roman historique, biographie romancée
Date de parution > 2014
Nombre de pages > 237
(sources : Wikipédia)
Clara Dupont-Monod, née le 7 octobre 1973 à Paris, est un écrivain et une journaliste française.
Après des études littéraires et une maîtrise d'ancien français à la Sorbonne, elle débute une carrière de journaliste au magazine Cosmopolitan puis entre en tant que grand reporter à Marianne à 24 ans . En 2007, elle devient rédactrice en chef des pages culture de Marianne. Parallèlement, elle intervient régulièrement à la radio dans l'émission « On refait le monde » diffusée sur RTL et présentée par Nicolas Poincaré.
Le 31 août 2009, elle fait son entrée dans l'équipe de La Matinale, sur Canal+. À la rentrée 2011, elle fait partie des chroniqueurs de l'émission de radio Les Affranchis sur France Inter. À la rentrée 2012, elle présente l'émission littéraire Clara et les chics livres, le samedi sur France Inter, accompagnée de deux chroniqueurs. Durant l'année 2013-2014, elle mène l'interview politique de 7 h 50 de la matinale de France Inter présentée par Patrick Cohen, en remplacement de Pascale Clark . Elle est à son tour remplacée à la rentrée 2014 par Léa Salamé .
Elle anime depuis septembre 2014 une chronique littéraire dans l'émission d'actualité Si tu écoutes, j'annule tout sur France Inter.
Elle publie son premier texte, Eova Luciole, en 1998. La Folie du roi Marc met en scène le mari oublié d'Yseut, dans le mythe de Tristan et Yseut. Histoire d'une prostituée raconte le quotidien et la psyché d'une prostituée, que l'écrivain a rencontrée et suivie pendant un an. Son quatrième roman, La Passion selon Juette, décrit le combat d'une femme du XIIe siècle qui refuse les diktats d'un monde où les femmes n'ont pas leur mot à dire face à une Église toute-puissante, s'appuyant sur la biographie de la jeune rédigée en latin médiéval par le religieux contemporain et ami de Juette, Hugues de Floreffe. Ce roman obtient le prix Laurent-Bonelli Virgin-Lire qui est décerné pour la première fois. Il est retenu dans la liste du Femina et reste jusqu'à la dernière liste du prix Goncourt 2007. En 2011, elle publie Nestor rend les armes, un texte sur un homme obèse. Ce roman est retenu sur la première liste du prix Fémina 2011 .
Depuis le XIIe siècle, Aliénor d’Aquitaine a sa légende. On l’a décrite libre, sorcière, conquérante : « le roi disait que j’étais diable », selon la formule de l’évêque de Tournai…
Clara Dupont-Monod reprend cette figure mythique et invente ses premières années comme reine de France, aux côtés de Louis VII.
Leurs voix alternent pour dessiner le portrait poignant d’une Aliénor ambitieuse, fragile, et le roman d’un amour impossible.
Des noces royales à la seconde croisade, du chant des troubadours au fracas des armes, émerge un Moyen Age lumineux, qui prépare sa mue.
" La joie est stupide."
J'ai eu la chance d'être retenue lors des Matchs de la rentrée littéraire 2014 organisés par PriceMinister pour recevoir ce roman sur Aliénor d'Aquitaine, personnage à la réputation sulfureuse ayant vécu au XIIè siècle, et qui fut successivement reine de France puis d'Angleterre, épouse de Louis VII le Jeune qu'elle quitte pour Henri Plantagenêt de onze ans son cadet !!! Alors qu'à l'époque, une femme de 30 ans est considérée comme vieille, c'est peu de dire qu'elle devait dégager un puissant charisme...
Je la connaissais déjà à travers la biographie que m'avait offerte ma mère quand j'étais adolescente, La dame d'Aquitaine de Chaban-Delmas (eh oui, je soupçonne ma maman d'avoir un petit faible pour l'auteur !!^^), et j'avais envie de me replonger dans la vie tumultueuse qu'elle a menée, même si ici, seules les années de son mariage avec Louis sont abordées.
L'auteure nous offre tout au long du livre l'alternance des voix d'Aliénor et de Louis, procédé qui souligne cruellement l'incompatibilité entre les époux et l'amour désespéré parce qu'à sens unique que lui voue le roi.
Aliénor et Louis forment en effet un couple très peu assorti, aux caractères diamétralement opposés, aussi opposés que le sont leurs patries respectives :
”Chez moi, dans le Sud, ni le sang ni la chair n'ont jamais effrayé personne.
Mais Louis est un homme du Nord. C'est un pays rude et sérieux.
(page 15)
Aliénor se montre dès leur 1ère rencontre méprisante vis-à-vis de ce prince doux et effacé, et de son royaume :
”Tout en lui révèle un effort. Ses yeux larges et bleus me fixent. Subitement il me fait pitié. J'ai en face de moi un nouveau-né apeuré qui n'a jamais songé à gouverner. Ce projet-là était pou son frère aîné Philippe. Mais cet idiot mourut juste après, la tête fracassée contre les faubourgs de Paris. Un cochon s'était jeté dans les pattes de son cheval. N'est-ce pas un magnifique résumé du royaume de France ? Ce sont des porcs qui décident de son destin.
(page 25)
... tandis que Louis apparaît comme un amoureux transi, tout empli à son égard d'une tendresse énamourée :
”Tu es pleine de cette ignorance qui me foudroie de tendresse. (...) Aliénor, tu es ma sauvage et je voudrais t'apprendre la foi plutôt que les croyances. Te laisseras-tu faire ? Tu dors. (...) Mon visage s'approche, prêt à traverser la mince surface frémissante, comme on plonge dans un lac. Tu te retournes. Je recule, pris d'effroi. Mais non ; tout est douceur. (...) Mais à cet instant, il est enfin détendu, ce merveilleux corps qui ne doute pas. Dans le creux de la nuit, il m'appartient. Je suis si heureux que j'en ai honte.
(page 52-53)
On a l'impression que les rôles sont inversés au sein de ce couple, que c'est Aliénor l'homme et Louis la femme.
A Aliénor, la violence, le goût du sang et des combats, l'orgueil démesuré, la rébellion et la rage vindicative.
Et à Louis la douceur, le goût de l'encens et des prières, la simplicité, la soumission et la résignation.
Concernant le style, l'auteure a une plume délicieuse dont on savoure certaines phrases ciselées. J'ai d'ailleurs préféré l'écriture à l'histoire elle-même, car, d'une part ce n'est pas l'aspect historique qui prévaut dans ce roman mais plutôt l'aspect psychologique ; en effet, l'alternance des points de vue nous permet de nous approcher au plus près des sentiments et ressentis des deux protagonistes, mais ce procédé narratif en forme également la limite de par sa mécanique un peu répétitive. D'autre part, les personnages ne sont guère attachants, surtout Aliénor qui, toute reine qu'elle est, nous donne maintes fois envie de lui claquer le beignet tant elle se montre capricieuse hautaine et odieuse !
Remarquez, on a également envie de donner un coup de pied au royal postérieur de son époux qui se montre trop mollasson, et de se fendre à son égard de quelques conseils : " Mais tiens donc tête à ta femme, et bouscule-la un peu ! Offre lui une étreinte ardente pour changer, et d'ailleurs, garde ton heaume car ça va être sauvage !"
Oups, je m'égare, pardonnez-moi, mais voilà ce que m'inspirait parfois Louis le Jeune.
Donc, nous assistons, impuissants, au fossé qui se creuse inexorablement entre l'épouse insatisfaite et passionnée et l'époux se sentant de plus en plus coupable des actes condamnables qu'il commet pour lui plaire...
... Jusqu'à la rupture finale, rapportée dans la troisième partie du livre par la voix d'outre-tombe de Raimond d'Antioche, l'oncle de la jeune femme.
Leur mariage dura donc 15 ans, mais pour ceux qui connaissent les événements qui ont suivi, on peut se dire que Louis, d'un point de vue politique, commit une énorme boulette en acceptant de se séparer de sa femme, puisque ce divorce conduisit à la Guerre de Cent Ans ! Mais d'un point de vue strictement personnel, il ne fit pas une si mauvaise affaire que cela puisque Henri Plantagenêt eut par la suite à se plaindre des manigances de sa femme qui s'allia contre lui à 3 des 5 fils qu'elle lui donna ! (je dis ça je dis rien, mais à mes yeux, l'éducation des gamins Plantagenêt laisse complètement à désirer, hein !).
Pour conclure, un livre plaisant grâce à une écriture soignée et recherchée. Le choix narratif rend les différents points de vue très intéressants en soulignant l'abîme d'incompréhension et de préjugés qui sépare le couple, le contraste entre le mépris d'Aliénor pour son mari et l'amour inconditionnel qu'il lui voue n'en étant que plus saisissant. Par contre, les lecteurs qui s'attendent à un roman purement historique risquent d'être un peu déstabilisés car, si les faits historiques sont peu ou prou respectés, ils ne sont que brièvement évoqués, et le contexte manque un peu de détails et d'épaisseur.
Je remercie PriceMinister et les éditions Grasset pour cette agréable découverte !
Appréciation :
Note : 16/20
”Un parfum de menthe a fondu sur mon visage. Désormais, cette odeur est liée à toi. Où que j'aille, j'emporte toujours un brin de menthe qui me rappelle notre rencontre. Tu étais de dos, face à la fenêtre. Deux détails m'ont surpris. La couleur de ta robe et tes cheveux qui recouvraient ton dos. Chez moi, les femmes ne portent pas de couleurs vives, encore moins le cheveux lâchés. Et puis tu t'es retournée.
Sous le choc, je suis restée bouche bée. Intuitivement, l'abbé Suger s'est rapproché de moi. Mais je n'avais nul besoin de rempart à cet instant-là. C'était fini. Une main glacée a saisi mon cœur.
Je t'ai aimée aussitôt et, dans le même instant, tu m'as effrayé. C'était un mélange de perte et d'offrande. Un seul visage pouvait provoquer le ciel, attirer ses extrêmes. Mes guerres perdues, c'était toi. Et jamais je n'aurais pensé qu'une défaite pouvait être aussi belle.
(page 28/29)
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