dimanche 9 juillet 2017

Vie des douze Césars de Suétone


"Caïus Julius César avait seize ans lorsqu'il perdit son père."
Avalon organisant sur Livraddict des lectures communes sur la littérature antique grecque et romaine, je ne pouvais passer à côté d'une telle promesse de douce félicité, moi qui suis passionnée par tout ce qui touche à l'histoire ancienne ! ^^
La lecture de la 3è session portait sur la Vie des douze Césars et bien que j'aie déjà lu cette commère de Suétone, je n'ai pas résisté au plaisir de replonger dans sa Vie des 12.

Avant toute chose, il faut replacer cet ouvrage dans son contexte : Suétone écrit sur la dynastie des Julio-Claudiens puis des Flaviens à destination de l'empereur Hadrien, de la dynastie des Antonins. C'est donc une œuvre de propagande, destinée à louer la sagesse et la tempérance des membres de cette nouvelle dynastie, par contraste avec ceux qui les ont précédés, présentés comme un ramassis de fous, d'assassins, de névrosés morbides, de crétins congénitaux, d'êtres titillés par l'envie d'inceste, de fratricide, de matricide, de parricide, bref des gens fort peu fréquentables et fort cruels ! ^^ Ces caricatures outrées servent également de repoussoir afin de prévenir Hadrien des dangers de la tyrannie.
Même si de nos jours, les historiens ont tendance à réhabiliter certains de ces premiers empereurs, Suétone a contribué à associer à leur image cette légende noire et sulfureuse qui a traversé les siècles. A la lecture, on sent combien Suétone se complaît, bien qu'il s'en défende, à rapporter tous ces ragots sur leurs mœurs scandaleuses («Il [Tibère] poussa la turpitude encore plus loin, et jusqu'à des excès qu'il est aussi difficile de croire que de rapporter», page 149 ; et pourtant, ce bon vieux Suétone ne peut s'empêcher d'en dresser la liste !^^). Et quand il ne s'étale pas sur leurs débauches, il ne nous épargne aucun détail sur leurs soucis de santé, même très intimes (ainsi, on apprend qu'Auguste rendait «de petits cailloux en urinant», page 112). Suétone atteint le sommet du mauvais goût en faisant allusion à la relation incestueuse de Néron avec sa mère : «toutes les fois qu'il se promenait en litière avec sa mère, il satisfaisait sa passion incestueuse ; ce que prouvaient assez les taches de ses vêtements», page 245 (seriously Susu, était-ce bien nécessaire ?!? C'est grave dégueu !).
Bien que l'accès de Suétone aux archives impériales  est censé donner de la crédibilité à ses propos, on sent que ses biographies sont truquées, car, d'une part, les faits sont éparpillés, et d'autre part, certains passages d'une même biographie, voire d'une biographie à une autre, sont contradictoires entre eux ! D'ailleurs, les faits scandaleux qu'il rapporte sont parfois tellement outranciers que l'on ne peut s'empêcher de s'interroger sur la véracité de telles scènes !
Parfois, une touche d'humour (involontaire ?) vient alléger la noirceur du récit : telle cette anecdote sur Claude qui faillit émettre un édit permettant de «lâcher des vents à sa table parce qu'il avait appris qu'un de ses convives avait pensé mourir pour s'être  retenu devant lui», page 222. Et moi j'ai failli mourir de rire en lisant ce passage, même si après coup, cette touche d'humour n'en est pas une mais la volonté affichée de ridiculiser toujours un peu plus ces empereurs.

Néanmoins l'ouvrage fourmille d'informations extrêmement intéressantes sur les différentes pratiques sociales, politiques, cultuelles... On se rend compte par exemple à quel point les Romains accordaient  une très grande importance aux signes, annonciateurs de bonnes ou mauvaises nouvelles ; en effet, ces signes prennent une grand place dans chaque biographie, pour annoncer la naissance puis la mort de chaque empereur.
D'ailleurs, les biographies sont construites exactement sur le même schéma : Suétone ne suit pas une trame chronologique mais une succession de thématiques écrites toujours dans le même ordre : description des origines familiales, carrière avant l'ascension au pouvoir, actions publiques, vie privée, apparence physique, mort, divers prodiges.



En bref :

Les + : une mine de renseignements sur la vie des Romains ; des détails croustillants sur les mœurs supposées des empereurs
Les - : des portraits orientés ; une certaine complaisance pour des détails d'un goût douteux ; quelques longueurs

 "Domitien lui-même rêva, dit-on, qu'il lui poussait derrière le cou une bosse d'or, et il en conclut que l'empire serait après lui dans un état plus heureux et plus florissant ; ce qui ne tarda pas à se vérifier, grâce au désintéressement et à la modération des princes qui lui succédèrent."

(source : Wikipédia)
      
Suétone (en latin Caius Suetonius Tranquillus) est un polygraphe et un érudit romain ayant vécu entre le Ier et le IIe siècle. Il est principalement connu pour sa Vie des douze Césars, qui comprend les biographies de Jules César à Domitien.
Nous savons très peu de choses de la vie de Suétone. Il naît probablement à Rome vers 69-70 après notre ère, d'une famille appartenant à l'ordre équestre. Son père, Suetonius Laetus, était tribun angusticlave de la treizième légion et combattit dans l'armée d'Othon à la bataille de Bedriacum en 69 après notre ère, où Vitellius triompha. Il semble que Suétone réussit à se faire dispenser du service militaire. Par ailleurs, son ami Pline le Jeune lui fit obtenir de l'empereur Trajan en 112 le privilège accordé aux pères de trois enfants, bien qu'il n'en eût aucun.
À la mort de Pline le Jeune, en 113, Suétone s'attache à un nouveau protecteur, Caius Septicius Clarus, qui lui obtient sous Hadrien l'importante fonction de secrétaire ab epistulis latinis (c'est-à-dire responsable de la correspondance de l'empereur en langue latine). Cette charge permit notamment à Suétone d'avoir accès aux archives impériales. Il rédige alors son premier livre, le De viris illustribus (paru vers 113). Entre 119 et 122, paraît la Vie des douze Césars, point culminant de sa carrière.
Un passage du pseudo-Spartien nous apprend que Suétone, malgré les relations amicales qu'il avait toujours entretenues avec Hadrien, subit en 121-122 une disgrâce brutale et définitive en même temps que son protecteur le préfet du prétoire Caius Septicius Clarus. Selon Spartien, cette disgrâce serait due à un manquement à l'étiquette de la cour vis-à-vis de l'impératrice Sabine. Toujours est-il que nous ne savons plus rien de Suétone après cette date ; sans doute a-t-il vécu dès lors dans la retraite, en se consacrant tout entier à ses travaux de grammaire, de littérature et d'histoire. Il meurt après 122, sans que l'on sache l'année, vraisemblablement autour de 130, mais peut-être jusqu'à 160.
Il est à sa manière un historien, même s'il n'affirme aucune ambition morale, mais dans sa volonté de procéder à l'inventaire le plus complet de tout ce qui touche à l'empereur, de ses vertus comme de ses vices, il procède à une certaine démystification des Césars.
LC organisée par Avalon - 3è session


 
Ma 81ème participation au challenge de Lynnae - biographie des empereurs de César à Domitien

Challenge "Un classique par mois"
Challenge organisé par Pr Platypus (4/12)



https://parthenia27.blogspot.fr/2017/01/challenge-un-genre-par-mois-2017_8.html
Challenge Un genre par mois organisé par Iluze (5/12)
 
http://www.livraddict.com/biblio/livre/l-enchanteur-1.html

http://www.babelio.com/livres/Barjavel-LEnchanteur/6684

https://booknode.com/l_enchanteur_015479

4 commentaires:

  1. Super chronique ! J'ai aussi beaucoup ri en lisant la Vie des 12 Césars, il y a plusieurs années maintenant. Suétone, c'est la presse people de l'époque, mais on apprend malgré tout beaucoup sur ces sacrés Romains ;)

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    1. Merci beaucoup Bibliblogueuse ! J'avais déjà lu ce livre durant mon adolescence mais je ne me rappelais à quel point on en apprenait sur la vie à l'époque ! j'avoue que je n'avais retenu que le côté cancans... Bref, de toutes manières, ils sont fous ces Romains !!! ;)

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  2. Le côté "détails d'un goût douteux" me donne pas très envie

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    1. En fait, il n'y en a pas tant que cela... mais ils dénotent dans un ouvrage censé sérieux !! Ils servent d'une manière ou d'une autre au véritable jeu de massacres auquel se livre Suétone ! C'est un ouvrage surprenant, qui mêle informations pointues et ragots outranciers... Cette lecture m'a passionnée, mais c'est tout personnel... ;)

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