vendredi 23 juin 2017

Dans l'Ombre de la Guillotine d'Eve Terrellon



"Depuis le matin, une pluie fine et pénétrante tombait sur la ville."
  
À l'aube de la Révolution française, Adrien de Sarnas se voit renvoyé du collège où son frère espérait le soustraire à la cruauté de leur père. Le jeune homme vient également de se découvrir atteint par un mal incurable dont la progression insidieuse le terrifie, et qui à terme le laissera infirme. Obligé de rentrer dans son château d'Auvergne, il décide de cacher son état au vicomte de Sarnas.

S'engage alors une partie où les non-dits et les faux semblants vont justifier les pires dérives entre un père et ses deux fils. Mais les apparences sont parfois trompeuses, et la révélation des secrets pas toujours bonne à entendre. Tandis que l'Histoire en marche le rattrape, Adrien est plongé contre son gré au sein de la révolte populaire. La colère gronde parmi les paysans et elle emporte les châtelains vers un destin aléatoire où jalousies, vengeances et opportunismes s'entrecroisent.
Vu mon goût pour les ouvrages ayant trait à la Révolution française et vu la beauté de la couverture, je n'ai pas pu m'empêcher de pré-commander le roman il y a quelques semaines. D'autant que j'avais beaucoup apprécié les deux premiers tomes de la saga Les Dames de Riprole de l'auteure et que j'avais hâte de retrouver sa plume. Donc, aussitôt tombé dans ma liseuse, aussitôt commencé, et lu en quelques heures !

Nous suivons ici la destinée d'Adrien de Sarnas, jeune provincial de dix-sept ans,  à Paris, au collège où l'a envoyé son frère aîné, Henri, pour, comme l'indique la quatrième de couverture, le soustraire à la cruauté de leur père. Arrogant et solitaire, le jeune noble est isolé par ses camarades de classe, mais il ne semble pas souffrir outre mesure de cet ostracisme, d'autant qu'un souci de santé le mine et l'angoisse, et que rien ne pourra, comme il l'apprend lui-même au début du roman, entraver l'avancée de sa maladie, devant le laisser à terme, complètement dépendant des autres. Cette perspective le terrifie, évidemment, mais ce sentiment est encore amplifié par la réaction qu'aura le vicomte de Sarnas à l'annonce de cette terrible nouvelle. Car le père d'Adrien et d'Henri est un père abusif, qui les maltraite aussi bien physiquement que psychologiquement.

Comme vous l'avez sans doute deviné, la romance n'a qu'une part infime dans L'Ombre de la Guillotine, qui met plutôt l'accent sur les relations conflictuelles, éminemment toxiques, entre un père tyrannique et brutal et ses enfants. D'une manière générale, cette situation de maltraitance est bien traitée, même si parfois le lecteur aurait aimé que la psychologie des protagonistes soit davantage développée, voire abordée d'une manière légèrement différente (les divers secrets familiaux ne seront dévoilés que tardivement et parcellairement si bien que les réactions du vicomte apparaissent parfois outrées voire incompréhensibles) car le père va vraiment très loin dans sa violence !

Il y a quelques scènes invraisemblables /!\Attention spoiler/!\ (celle où Henri laisse Adrien dans son cachot juste après l'avoir retrouvé et alors qu'il se trouve dans un état pitoyable, celle où Elisabeth l'appelle sous son vrai nom mettant sa vie en danger)/!\Fin du spoiler/!\, sûrement motivées par l'auteure pour donner à son histoire une direction bien précise, mais ces facilités narratives donnent un sentiment artificiel.

Adrien de Sarnas est un personnage à la fois attachant et agaçant. Attachant car on compatit à son handicap et aux violences qu'il subit de la part de ce père complètement dénaturé. Par contre, son inconséquence est tout bonnement stupéfiante. Adrien n'apprend jamais de ses erreurs, il les répète même ! On comprend qu'il tienne à son indépendance et que sa fierté le pousse à se comporter comme s'il n'était pas devenu infirme, mais ce qui ressort davantage, c'est son côté égoïste qui n'hésite pas à mettre en danger son frère aîné ! Malgré tout, Adrien reste touchant, et sa farouche volonté n'en est que plus admirable, surtout au vu des nombreux sévices qu'il a subis et qui auraient pu le briser à jamais... J'ai également apprécié qu'il n'apparaisse pas comme le gentil petit noble éclairé, mais qu'il conserve cette morgue de caste, aussi bien vis-à-vis de sa nourrice, à laquelle il est pourtant très attaché, que des "manants"vivant sur les terres de son père. Cela n'en rend sa personnalité que plus complexe et intéressante.

Concernant l'édition, il y a plusieurs fautes d'orthographe, et parfois il manque même des mots.

En bref :

Les + : des thèmes intéressants et poignants ; un contexte historique bien reconstitué ; un personnage principal échappant à tout manichéisme
Les - : quelques facilités narratives ; la complexité psychologique du père pas assez développée
Installée depuis de nombreuses années dans le Berry, Eve Terrellon a d'abord exercé dans le cadre de l'insertion professionnelle avant de créer sa petite entreprise de gardiennage d'animaux. Elle se consacre aujourd'hui pleinement à l'écriture.
En 2013, La Colline de l’oubli, romance traitant de la transsexualité dans un contexte de western historique, et La Petite Fée de Noël, romance plus légère mâtinée de paranormal et de fantasy voient le jour.
Défi Le siècle des Lumières 
Défi Le siècle des Lumières (8/36)

http://www.livraddict.com/biblio/livre/l-enchanteur-1.html

 babelio

https://booknode.com/l_enchanteur_015479

2 commentaires:

  1. il file direct dans ma wish list :) hihi

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    1. Je suis ravie que ma chronique t'ait donné envie de lire ce roman ! Je lirai ton avis avec beaucoup de plaisir !! :D

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